"Hexecutor et les copains d'abord"
Le Rising Fest accueillait ce samedi pour la première fois le groupe Hexecutor. La Grosse Radio a pu rencontrer, peu après leur concert, le groupe au grand-complet.
La Grosse Radio : Bonjour Hexecutor, comment ça va depuis samedi ? Ça s'est bien passé au Petit Bain avec Voivod ?
Pierre : Agréablement surpris. ça fait du bien de voir des nouvelles têtes. En jouant souvent sur Paris, ça nous arrivait de voir à peu près les mêmes têtes plus ou moins connues à chaque fois devant, là y avait un public un peu plus diversifié.
Joey : On n'a pas forcément remplacé pour les meilleurs raisons. Effectivement on a l’habitude de jouer en concert, un jour ou l’autre finalement pour nous ça ne change pas grand-chose, mais les circonstances n'étaient pas non plus les meilleures.
Jey : On n’était pas à notre place quoi, c’est Voight Kampff à la base qui était prévu (dont le guitariste Smats est décédé récemment, entraînant un avenir incertain pour le groupe NDLR). On avait déjà joué avec eux et on allait rejouer avec eux.
Vous venez de jouer votre premier concert au Rising Fest, comment vous sentez-vous là ?
Bien, un peu difficile de s'entendre sur le plateau pour régler le son de la batterie, mais pour les autres aucun problème, c'était même super bien et le son est bon. Le fest est très bien organisé et on est super bien reçus. On n'a pas faim mais on a à manger et on a tout l'alcool qu'on veut, c'est super ! On n'a pas encore vu grand-chose au-delà du concert qu'on a fait. On vient juste de voir Game Over là et c'était pas mal. Le son est vraiment bien.
Vous avez fait parler de vous dès votre premier concert, c'était au Mondo Bizarro non ?
C'était censé être le premier, mais on s'est dit qu'on voulait prendre la température, s'habituer à faire un peu de scène avant de jouer au Mondo Bizarro avec Vulcano et Manzer. Le premier concert, c'était en Avril 2012, à Beauvoir-sur-Mer en Vendée, au Skipper. Du coup, on a forcé le destin et on a joué avec nos amis de Savage Blast qui nous ont invités, hébergés, saoulés. On a joué bourrés, arrachés !
Ah bon ! Ça vous arrive ça ? Là vous êtes clean …
Ouais, en fait on se lâche à chaque fois. En fait, on n'a jamais su jouer à jeun. Là on a joué à 16h, forcément quand le petit-déjeuner n'est pas loin, on ne peut pas faire des miracles.
Vous savez que vous avez une fanbase, qu'un tas de gens vous suivent depuis ces débuts ? Vous le sentez ça ?
Nous on appelle ça des amis. En même temps, on a un relationnel qui dépasse le fait qu'on est dans un groupe avec des gens qui viennent souvent nous voir et qu'on commence à connaître, avec qui on a aussi des rapports personnels.
Pierre : Pas vraiment en tant que groupe, c’est plus qu’on a l’impression qu’on rencontre des gens nouveaux à chaque fois et ça devient un cercle de proches ou d’amis mais on ne voit pas vraiment ça comme une base de fans en fait.
Justement vos amis fidèles ont dû attendre cette année pour vous voir enfin jouer au Hellfest, racontez-nous cette aventure.
Jey : C'était extrême, un lendemain de cuite c'est un lendemain de cuite quoi. On s'est entassés dans une chambre quechua. On a créé un poste spécial, c'est l'artiste clochard qui joue le samedi ou le dimanche et qui décide de faire les trois jours. Nous on s’en fout, on est habitués et ça a été une bonne expérience pour nous.
Joey : Très extrême, c'était particulièrement violent. On a dormi dans une tente pour deux, à même le sol. Du coup, on n'a quasiment pas dormi. Le camping artiste, c'était un drôle de truc rigolo ! On a quand même fait un bon concert dans d'excellentes conditions. Ouais c'était bien.
Je vous ai vus à fond sur Sadistic Intent au Motocultor cet été. Donc même quand vous ne jouez pas, vous êtes tout le temps en concerts ?
Joey : là oui, forcément, Sadistic Intent, ce n’est pas un groupe, c'est une religion.
Jey : A titre personnel, j’ai eu une invite par mes potes de Necrowretch. C’est les copains d’abord.
Et dans le prolongement des festivals français, quelle est l’étape suivante ? Download ? Resurrection ? Bang Your Head ?
Joey : On a été contactés oui par quelques festivals européens et il n'est pas impossible que ça se fasse mais rien d'officiel pour l'instant.
Et ça fait suite à la tournée européenne ça ?
Joey : ça fait suite à plein de choses. Il y a la tournée européenne, le fait que maintenant on a un gars qui nous aide un petit peu. Parce que nous, tout ce qui est organisation, on est vraiment des branleurs, on est vraiment faits pour jouer et se bourrer la gueule !
Le premier album date de 2016, à quand le deuxième ? vous en êtes où coté compos ?
Joey : Ce que je peux dire, c’est qu'on a commencé à travailler dessus avant la sortie du premier. On ne s’est pas arrêtés, on est encore dessus et ça va prendre un peu de temps parce que c’est un projet qui est assez ambitieux. Ça sera un album concept.
Jey : Le problème c’est qu’on a commencé à travailler sur un deuxième et un troisième album en même temps.
Joey : Ce sera deux albums concepts sur la Bretagne qui parleront de légendes, de sorcellerie, de rites funéraires, de géographie, d’histoire. Du coup c'est un gros travail. J’adore notre premier album, c’est ce que je voulais faire car je prends plaisir à l’écouter et c’est un truc que j’ai toujours voulu faire, un album et me dire j’adore l’écouter parce que c’est la musique que j’aime. Mais maintenant on veut aller un peu plus loin. J’entends souvent dire "Votre album, ça va mais c’est sur scène que vous êtes bien", ça m'embête car c’est sur album que j’adore les groupes. Là on va mettre le paquet sur les albums.
Il y a une cohérence dans Hexecutor, de la musique à la scène, le look, l'attitude. Dans cette unité, quel est le plus important ? L'écriture ? Le son ? La scène ? La promo ? … c'est quoi ?
Joey : Tout compte, mais à titre personnel, je dirais quand même l'écriture de la musique. Ça transcende le son. Quand t’écoutes un album avec un bon son, des compos assez moyennes vont passer quand même pas mal mais j'ai grandi avec des albums et pour moi l’écriture de la musique c’est le summum.
Jey : En fait, tout est important. Mais un groupe qui n’a pas le son, qui n’a pas une production incroyable, on va quand même plus s’en rappeler par l’originalité de ce qu’il propose, pas forcément de leur son ou de quoi que ce soit. Le plus important c’est l’identité du groupe.
C'est pour cela que vous prenez du temps ou vous êtes feignants ?
Joey : Un peu les deux, on pourrait torcher mais on passe notre temps à se bourrer la gueule. On a plein de choses à faire dans la vie. La semaine on bosse et le week-end on est toujours en concert.
Pierre : On joue pas mal et on a du mal à laisser la scène de coté, histoire de vraiment se planter sur la composition. Il y a aussi les concerts, on fait de la route et forcément là on n'est pas en répétition.
Donc vous ne dormez pas en fait ?
Jey : Si, sinon on finit à l'hôpital et c'est déjà arrivé. Très important de dormir et de boire du vrai scotch !
Joey : Huit heures par jour minimum et il faut manger des fruits secs sans conservateurs, c'est bon pour le cerveau et l'érection, et manger des bananes. Et porter des lunettes de soleil même quand il fait nuit.
Julien : Surtout quand il fait nuit. Et sur la route du retour, faut écouter du rock sudiste, ça recharge les batteries. Très important, si on écoute du thrash metal tout le temps, on ne se repose pas. Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchett, Blackfoot, 38 Special et les Outlaws.
Il y a un texte en français, sur la "Sorcière du Marais". Vous vous laissez la liberté d'écrire dans plusieurs langues ?
Jey : On s’est autorisés un morceau en français pour voir ce que ça allait donner et on s’aperçoit que ça fonctionne et il y a énormément de personnes qui nous ont dit que c’était le morceau qui ressortait. Mais on ne compte pas faire des albums complets ou des EP complets tout en français. Moitié anglais, moitié français sur un album ça n'a aucune cohérence, par contre en rester à un morceau par album, là ça se tient. En fait, c'est une idée qu'on va essayer de garder.
Vous écrivez comment ? C’est collégial ?
Joey : On écrit à deux. Il y a deux morceaux qui ont été faits de façon collégiale : c'est "Hardrockers city" et "Visitation of a Lascivious Entity". Généralement, on bosse un peu dans notre coin en fait.
Pierre : C’est en fonction de l’inspiration en fait, des concepts. Si quelqu’un a une idée bien précise d’un morceau, d’une atmosphère, forcément le texte sera plus adapté. Quelqu'un vient avec un morceau, une idée générale, il aura une idée très précise de ce qu’il veut mettre dedans, le coté collégial ce n’est pas toujours très constructif, parfois ça pourrait enlever un certain impact.
Vous travaillez chacun chez vous et ensuite vous mettez en commun ?
Jey : Exactement, oui.
Julien : On a du mal à se retrouver vraiment en dehors du boulot, d’avoir un temps vraiment consacré au groupe, à part les répétitions. Mais pendant les répétitions, on bosse les morceaux qu’on a envie de mettre en place. Travailler sur des concepts et des idées, on n‘a pas énormément de temps pour ça. On a tous la vision du truc aussi et donc quand il y en a un qui dit quelque chose, on est tous plus ou moins d’accord à quelque chose près. On a toujours la même vision.
C'est ce que tu dis, on ressent bien que vous avez la même vision. Cette cohérence qui ressort d'Hexecutor, c'est votre force ?
Joey : Oui mais c’est humain avant d’être musical. On partage la même entreprise et les même bouteilles alors …
Julien : On était amis avant de fonder le groupe. Avant Hexecutor, avec Jey, on avait tapé 1000 bornes pour aller voir des groupes en Allemagne. Avec Joey c’était pareil, on faisait des soirées hard à Rennes. A la base, on est tous des fans de hard, donc oui on a tous la même vision de ce qu'on veut faire.
Cette identité forte, elle évolue comment ? Par exemple, vous êtes catalogués thrash old-school, ce n'est pas un peu réducteur ?
Joey : On a beaucoup évolué avec le temps. Je vais employer un mot que je n’aime pas mais j’ai l’impression qu’on est en train de prendre de la maturité ! Dans le sens où, musicalement, on commence à prendre beaucoup de recul par rapport à nos premières influences. Je te cite un exemple : Au début, et c’était à juste titre, les gens disaient "Oh, ouais, Hexecutor ça ressemble à Destruction". Franchement, le prochain album qui va arriver, il n’aura plus grand-chose en commun avec ça.
Jey : Oui, mais ce n’est pas réducteur non plus.
Joey : Ce n’est pas réducteur, le thrash avec une lecture actuelle, on est dans quelque chose qui a une vision très limitée. C’est des morceaux qui sont courts, qui sont agressifs, avec une façon de riffer particulière, avec des gimmicks vocaux. Moi, je trouve que c’est une version assez réduite du thrash. En fait, il faut plutôt penser en terme de metal des années 80, et là, trouver le point commun entre les groupes comme, Destruction et Holy Terror, entre Bathory et Accept. En fait, il n'y en a pas beaucoup. Ceux sont des groupes qui sont très différents. Mes influences, elles vont de Bon Jovi à Beherit !
Pierre : Darkthrone et 38 special !
Les cloisons sont faites pour être démolies ?
Jey : C’est ce qu’on voulait faire à ce moment-là. On s’est dit : "Il faut bien commencer par quelque chose". On ne se connaissait pas musicalement, alors on a fait plein de soirées ensemble, on a mis des bases, et ça a donné cinq morceaux.
Joey : Sur L’EP, on avait un but : c’était faire du thrash à l’allemande, agressif. On est restés un peu cloisonnés thrash, mais on avait déjà plein d’influences différentes. La plupart des morceaux que j’ai fait, étaient d'influence Deströyer 666 et, rien à voir avec Destruction, enfin, pas vraiment rien à voir mais on n’est plus vraiment là et pour la suite on va couper un peu. On s’est un peu enfermés dans un style, je ne dis pas qu’on va le quitter mais on va se laisser aller à faire ce qu’on a envie de faire. Faire la musique qu’on aime sachant qu’on aime vraiment plein de trucs. Là, on va s'ouvrir sur une vision plus complète.
Ça veut dire quoi, que vous êtes en pleine ébullition créative ?
Ouais. Non. Si, un peu en fait. Faudrait qu’on soit un peu plus disciplinés.
C'est propice à la liberté créative aussi, peut-être ?
Julien : Et puis, c’est nous aussi, mine de rien. On n’a jamais été trop disciplinés, les sorties c’est toujours un peu à l’arrache, le merch c’est toujours un peu à l’arrache aussi. C’est notre personnalité.
C'est ma dernière question, je pense qu’on vous l'a posée souvent. D’où vient le nom de Hexecutor ?
Jey : En fait, ça ne vient de rien. On voulait déjà à la base un nom de groupe en un mot pour que les gens s’en rappellent. Le problème c’est que, en un mot, tout est pris, quasiment tout est pris. Et comment trouver un nom de groupe qui sonne en un mot ? Hexecutor, il y avait déjà quatre groupes avec des orthographes différentes, Executer les brésiliens, Executor sans H
Joey : Un groupe que j’ai découvert, qui fait du black-death vachement bien. Parce que Hexe en allemand, c’est sorcière. Parfois, j’ai presque envie de dire que le nom du groupe est tellement stéréotypé que c’est presque une erreur de jeunesse. Mais en fait non. Parce que finalement tu vois, moi je vénère Deströyer 666, et on ne fait pas plus stéréotypé comme nom, et pourtant ça marche !
Merci à vous d'être venus tous les quatre et d'avoir accepté de faire les frais de ma première interview. Longue vie à Hexecutor ! Un dernier mot pour les fans ?
Jey : vous avez l’air bien accrochés. C’est incroyable quand même ! Longue vie à vous plutôt, et moi sur ce, je vais me vider la vessie.
Joey : Moi, je vais lui tenir la b***
Pierre : Moi, je pense qu’il va avoir besoin d’un coup de main pour se décoller mutuellement la cerise.
Julien : Euh, moi je ne veux pas plus de détails !
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