Alcest (+Vampillia) à  La Laiterie – Strasbourg (26/09/18)

S’il y avait un rendez-vous à ne pas rater à La Laiterie de Strasbourg fin septembre, c’était clairement le passage du Kodama Tour d’Alcest. Après un concert très réussi dans le cadre de la tournée européenne d’Anathema en octobre 2017, on attendait de revoir Alcest fouler les planches de la salle strasbourgeoise afin de se laisser porter une fois de plus par leur shoegaze unique et magnifique. Et Alcest n’ont pas été les seuls à poser leurs valises dans l’Est puisque Vampillia, un groupe japonais des plus originaux, assurait la première partie de la soirée.
 

Vampillia

Le public est plutôt calme lorsque les lumières s’éteignent, il attend patiemment les Japonais de Vampillia qui sont chargés d’ouvrir la soirée. D’emblée, une ambiance très douce s’installe dans la salle. Les notes majestueuses jouées par la pianiste se conjuguent à merveille aux tons lumineux bleutés. Le violon entre à son tour et vient poser d’un toucher sensible un ensemble harmonique typique de l’extrême orient. Déjà, le public se laisse envahir par la beauté de la musique de Vampillia et très vite, la plupart accueille une transe à bras ouverts, aidée par les quelques rayons illuminant la scène. La quiétude règne ainsi dans La Laiterie pendant quelques minutes, on peut alors profiter pleinement de l’incroyable sensibilité musicale des deux musiciennes. Mais très vite, cette ambiance délicate se voit écarter par les accords cinglants d’”Ice Fist”.

Vampillia, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Ainsi voit on apparaitre l’autre facette de Vampillia, celle d’un groupe brassant de nombreuses influences, autant metal que classiques, voire même funk. Les autres musiciens entrent en force, blast-beats et shreds sont au rendez-vous avant de laisser place, aussi inattendu que cela puisse paraitre, à un riff très groovy. Et si la structure musicale semble décousue, elle laisse finalement transparaitre un côté avant-gardiste plutôt rafraichissant.

Vampillia font également de leurs morceaux des ascenseurs émotionnels, on passe du déchirement le plus intense à une quiétude réconfortante sans réelle transition. Et aussi barbare que cela puisse paraitre, le voyage se fait magnifique pour quiconque cherche une expérience intense. Le groupe parvient à dompter la dissonance afin d’en faire un motif récurrent et la mêler à des mélodies classiques puissantes portées par la voix de Mongo qui dévoile un spectre de techniques vocales plutôt large.

L’expérience générale est d’ailleurs largement bercée par l’attitude du chanteur qui semble pleinement habité par sa musique. Il traduit visuellement ce que chacun peut ressentir au contact de la musique de Vampillia et a le don de provoquer des réactions variées dans le public. Il faut dire que la plupart des personnes présentes n’étaient pas vraiment familières à l’univers de Vampillia, et encore moins à leur attitude scénique. Car si les musiciens sont très peu dynamiques, le chanteur, lui, ne cesse de bouger, de se taper le micro contre le crâne et de descendre dans la fosse pour aller tâter de l’auditoire.

Vampillia, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

En surface, la musique du groupe peut vite tomber dans la case du contemporain vide de sens, mais en se laissant submerger, on constate rapidement la présence d’une ingéniosité et d’une cohérence redoutable qui parviendront à tirer des émotions aux personnes les plus apathiques. Que ce soit du dégoût, de la tristesse, de la mélancolie ou de la joie, les émotions se font variées et nul ne peut rester vraiment stoïque face aux compositions de Vampillia.

Être capable d’établir autant de contrastes et de provoquer un tel panel d’émotions est un atout majeur que le groupe se fait un joie d’exploiter. La formation joue avec le spectateur, brise sa perception traditionnelle de la musique et les codes auxquels il est confronté chaque jour dans la musique occidentale pour finalement le transcender. Alors oui, certains sont restés très hermétiques à l’expérience proposée car la musique de Vampillia n’est pas des plus accessibles, mais la plupart des personnes présentes ce soir là se sont tout simplement laissées porter par leur set.

Setlist:

Fenghuang
Some Nightmares Take You Aurora Rainbow Darkness
Fedor
LOST
NIJI
FUCK YOU
HOLY SHIT, MOTHER FUCKER
NEW SONG
Von
winter Ash
ggggzzgggzzz
Endlless summer
big murder mountain

Vampillia, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Vampillia, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Vampillia, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Alcest


Il est 21h lorsque les quatre membres d’Alcest font leurs premiers pas sur scène. Sous des applaudissement généreux, Neige et ses compères s’installent avant d’entamer un set à deux faces, l’une étant la performance complète de Kodama, le dernier album du groupe, et l’autre la représentation d’un ensemble de morceaux issus des opus précédents d’Alcest. Ainsi démarre un concert fort en émotions.

Alcest, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

D’emblée, on constate que le son est parfaitement calibré. La voix de Neige se fond à merveille dans le reste de l’orchestre sans trop se distinguer, et parfait un ensemble musical très symbiotique. Tout comme dans leurs versions studio, les morceaux sont monolithiques et laissent planer un sentiment de plénitude sur La Laiterie. La frappe précise de la batterie vient rythmer les mouvements de tête tandis que les mélodies de guitare se chargent de porter les corps. La transe déjà tangible pendant le concert de Vampillia se voit ainsi renforcée et laisse alors régner une atmosphère toute particulière entre les murs de La Laiterie. L’auditoire s’est très rapidement montré comblé.

Dans les moments les plus intenses, notamment marqués par les cris déchirés de Neige, les visages laissaient transparaitre une forme d’émerveillement et sur certaines lèvres, on lisait également les paroles des différents morceaux. Et si le public a autant pu se laisser porter, c’est également grâce au lightshow qui est clairement venu sublimer la musique d’Alcest et renforcer l’ambiance éthérée qui planait au-dessus des têtes présentes ce soir là. Comme sur l’album, “Onyx” est venue marquer un temps d’arrêt dans le concert. Chacun a pu se délecter des magnifiques réverbes nimbant guitares avant de reprendre un bol d’émotions durant le reste du set.

Alcest, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Après un court instant d’obscurité et sans réelle transition, la mélodie entêtante de “Percées de Lumières” est venue à résonner dans La Laiterie et de plus en plus, on a pu surprendre le public à reprendre les paroles en choeur, au bonheur de Neige qui, lui, s’est montré de plus en plus souriant sur scène. Les couleurs ont d’ailleurs changé, les tons violets et rouges se sont estompés pour laisser place au bleu et au vert, tons emblématiques des premiers albums de la formation. Aussi inattendue qu’elle soit, “Sur l’Océan Couleur de Fer” se fait une place sur la setlist et vient infliger le coup de grâce par son aspect très bouleversant.

Chaque musicien semblait pleinement habité par sa musique et force est de constater qu’en quelques années, les différents membres ont gagné aussi bien en assurance qu’en présence scénique. Cela permet à Alcest de donner un set régi à la fois par la précision et par un certain charisme. En quelques années, le groupe a su pénétrer dans le cercle fermé des groupes garantissant à la France un rayonnement international sur la scène metal, et vue la prestation donnée ce soir là, c’est amplement mérité.

Setlist:

Kodama
Eclosion
Je suis d’ailleurs
Untouched
Oiseaux de proie
Onyx
Souvenirs d’un autre monde
Percées de lumière
Autre temps
Sur l’océan couleur de fer
Là où naissent les couleurs nouvelles
Délivrance

Alcest, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Alcest, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Alcest, La Laiterie, Strasbourg, 2018,

Photos : © Valentin Laurent (Hysteria) 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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