This Could Be Heartbreak signait la fin d'une ère pour The Amity Affliction qui avait besoin de se renouveller. Misery est un nouveau départ en trio vers un nouvelle identité sonore, la question est de savoir maintenant si cela est réussi et si le public adhère. Avec son identité visuelle forte à travers trois courts métrages, l'ajout de nombreux éléments électroniques au son et la mainmise de Ahren Stringer sur le chant, Misery ne manque pas de sujets de conversation !
Dans le monde du metalcore actuel (peut-être plus encore que dans les autres styles d'ailleurs), le son d'un groupe doit évoluer au bout de deux-trois albums sous peine de lasser son audience et donc de stagner. On a pu le voir avec les deux derniers albums de Parkway Drive et Architects va devoir s'y mettre avec son prochain effort ; au final il semblerait que seul August Burns Red soit épargné par le mouvement. Après quatre albums presque tous dans la même veine et dont Let The Ocean Take Me restera à jamais la quintessence, The Amity Affliction a du complétement se réinventer et effectuer un virage à près de 180% pour nous offrir Misery.
Le premier changement important se situe au niveau de la production puisque après deux albums avec le mastodonte Will Putney, c'est avec Matt Squire que le groupe s'est posé. Plus connu pour son travail avec Panic! at the Disco, All Time Low ou Simple Plan, on comprend aisément le choix du groupe pour la direction souhaitée. Difficile de savoir quel impact le producteur a pu avoir sur l'écriture et donc sur la ligne directrice d'écriture de l'album mais il est impossible à l'écoute de l'album de ne pas voir son influence sur les titres avec une présence "électronique" plus importante ("Feels Like I'm Dying", "Holier Than Heaven").
Le changement n'est pas toujours une bonne chose, en revanche quand c'est pour nous produire enfin des clips de qualité (même si c'était déjà mieux sur TCBH) qui sont d'ailleurs plutôt des courts-métrages avec une histoire qui se suit, chapeau bas. "Ivy (Doomsday", "Feels Like I'm Dying" et "D.I.E" forment un trio et un court-métrage de près de vingt-cinq minutes qu'il est recommandé de regarder. Ecrits et mis en scène par Joel Birch (chant), cela compense aisément la prise de pouvoir de Ahren Stringer sur le chant au global.
Au travers des douze titres de Misery, The Amity Affliction nous offre un nouveau voyage à travers l'esprit de son frontman. Un voyage qui ne laisse pas indemne et cela dès le premier titre, "Ivy (Doomsday)", où Joel Birch expose la patience de sa femme face à ses problèmes de drogue ainsi que les moments de doutes qui en sont ressortis. Comme toujours, rien de très joyeux, ni de véritable espoir dans les messages délivrés par le combo. Entre les paroles explicites de "D.I.E.", le sentiment de désespoir profond de "Feels Like I'm Dying" ou celui de "Beltsville Blues", on sent que les démons du frontman ne sont définitivement pas exorcisés. On notera cependant un certain positivisme qui ressort des paroles de "Set Me Free" par exemple, le début d'une nouvelle ère ?
Un peu plus tôt dans cet article, nous évoquions le changement profond de son orchestré par le groupe et l'apparition de plus d'éléments électroniques dans les compositions. Le raccourci facile serait de dire que le groupe a abandonné ses bases pour un son plus accessible et nous ne nous engagerons pas sur cette route. Ces ajouts rendent les mélodies certes plus catchy mais ajoutent surtout de la profondeur sur les moments plus calmes comme sur les plus violents - écoutez par exemple le dernier couplet de "Holier Than Heaven" - faisant de Misery, un album qui se déguste sur la durée.
Si Joel Birch se fait encore plus discret sur cet album c'est bien parce que Ahren Stringer est omniprésent sur chaque morceau que ce soit sur les couplets ou les refrains. Avec son timbre de voix reconnaissable entre mille, celui qui est peut-être le vocaliste clair le plus connu de la scène, le bassiste nous gratifie de moments magiques sur cet opus comme "Drag The Lake", la pépite insoupconnée de l'album.
Misery ne fait pas l'unanimité que ce soit dans la presse spécialisée ni même parmi le fans, nous vous proposons un autre son de cloche car cet album mérite vraiment le détour. A défaut de s'enfoncer dans l'immobilisme, The Amity Affliction propose quelque chose qui a le mérite d'être neuf pour eux. La nouveauté n'est pas toujours une bonne chose mais c'est le cas de ce Misery et on tire notre chapeau bien bas au trio.