Pour sa dixième sortie, le label Dolorem Records poursuit sa mission de découvreur de jeunes talents. Après avoir signé les premiers albums de Creeping Fear, Storm Upon the Masses ou Slave One (on ne parle pas de Nephren-Ka qui a sorti son troisième album chez eux), c'est au tour des Havrais de Kaabalh de sortir un premier opus sur ce label. Et pour une première, Kaabalh réalise un excellent opus de death old school teinté de doom.
Un long larsen suivi d'un rythme lent et puissant ouvrent ce premier album. "Cabal" est un excellent opener et met en avant tout le talent du quatuor pour composer un titre qui évoque la désolation. Majoritaire instrumental, les voix n'apparaissent qu'à une minute de la fin du morceau sous forme de spoken word. Il faut donc attendre "Acheron" pour prendre toute la mesure du growl puissant et d'outre-tombe de Damned (chant/guitare).
Les voix, mises en retrait dans le mix, apportent un sentiment d'oppression, plutôt bien illustré par la pochette de l'album, ce qui correspond à la ligne de mire de Kaabalh. Pourtant, le quatuor maîtrise aussi bien les ambiances pesantes et puissantes (le pont de basse de "Acheron" possède un son à faire tomber les murs, ou l'introduction de "Heavy Boredom Death") que les rythmes plus directs, incisifs et enlevés ("Dark Wrath of a New God", la seconde moitié de "The Complete Darkness"). Et il faut bien reconnaître que c'est là la grande force des Havrais, qui varient le propos en quarante minutes, parvenant aisément à maintenir l'attention de l'auditeur sur la durée de l'album.
Si les titres respirent le glauque et la putréfaction, la mélodie n'est pour autant pas oubliée, comme sur le final de "Death's Ovation" ou le pont de "The Complete Darkness". En effet, le groupe parsème ses compositions d'arpèges qui savent immédiatement mettre mal à l'aise, comme une visite chez le grand Cornu en personne. Dans cette optique, "Death's Ovation" fait clairement son petit effet et constitue le meilleur titre de l'album, judicieusement positionné en conclusion de l'album.
La production, brute, colle parfaitement à l'ambiance souhaitée par Kaabalh, même si un peu plus de clarté sur les cymbales de batterie n'aurait pas été de trop. Finalement, l'auditeur attentif ne relèvera que des défauts mineurs à l'album, d'une très grande qualité pour une première sortie. Kaabalh possède déjà une identité bien à lui, même si certaines influences comme Dead Congregation ne sont pas loin. A l'heure où la scène death metal est parfois trop axée sur la technique, Kaabalh revient aux fondamentaux et le fait particulièrement bien, en seulement six titres.
Comme quoi, Dolorem Records a toujours le chic pour dégotter de très bons artistes et faire vivre la scène underground. Kaabalh ravira les amateurs de death metal aux saveurs doom qui suinte l'horreur et l'occulte. Une très belle découverte, une fois de plus.
Sortie prévue le 26 octobre chez Dolorem Records et en format LP chez Epidemia Records
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