Les 20 ans de Garmonbozia à  l’Etage Jour 1 – 26/10/2018

Vingt ans. Cela fait déjà 20 ans que Garmonbozia nous régale en organisant des dates metal de malade dans l'Ouest et en région parisienne. Pour fêter ça, l'équipe organise en plein coeur de Rennes un festival sur deux jours avec des groupes de renom ! Et à l'instar d'il y a 5 ans, les passionnés de metal avaient rendez-vous à l'Étage : récit du premier jour.

 

Hexecutor :

L'évènement débute assez tôt (dès 16h30) en ce vendredi maussade gris et humide, annonçant la fin d'un été bien long et chaud. Trop tôt pour que le public soit présent en nombre devant les deux premiers groupes. C'est en effet devant une salle encore loin d'être pleine que Somali Yacht Club ouvre les festivités, venu tout droit d'Ukraine avec leurs compatriotes de Stoned Jesus, qui investiront la scène un peu plus tard. C'est ensuite au tour du thrash énervé des locaux Hexecutor de venir pousser au mouvement le public. La formation que l'on a déjà pu apprécier en première partie de Voivod à Paris (où les Rennais remplaçaient Voight-Kampff suite au décès de Smats) confirme ici être capable de secouer le public. Les vocaux de Deflagratör et les riffs de Demönömaniac poussent au secouage de nuque en règle, sur le martelage de fûts en règle de Putrid Vön Rötten.


2018, Festival, Hexecutor

2018, Festival, Hexecutor

2018, Festival, Hexecutor

 

Stoned Jesus :

Alors que le soleil à l'extérieur commence déjà à s'éclipser, libérant les lieux de la présence réconfortante de l'astre pour mieux accueillir les ténèbres à venir, le trio Stoned Jesus arrive avec ses lourdes guitares assommer une bonne partie du public. Le son est nickel, et la fosse se laisse emporter par les riffs gras et lourds. On en profite pour se ravitailler à la buvette de la salle, prise d'assaut par les festivaliers désirant se remplir le gosier avant de reprendre une dose.


2018, Festival, Stoned Jesus

2018, Festival, Stoned Jesus

2018, Festival, Stoned Jesus

2018, Festival, Stoned Jesus

 

Entombed A.D. :

On commence à accueillir les poids lourds avec Entombed A.D. et leur death super efficace, toujours avec un son impeccable. On peut le dire : Lars-Göran Petrov est en forme et en voix ce soir, le show est assuré. Les riffs sont énergiques et violents, la section rythmique assène ses coups sans relâche et les interventions en soliste de Nico Elgstrand pimentent le tout d'envolées bien senties. Carton plein pour la formation suédoise, qui démontre ici la pertinence de la formule et l'adage parlant de soupe et de vieux pots. Le public, encore un peu clairsemé au début du set et franchement concentré à l'avant de la fosse, arrive enfin en nombre remplit la salle pour le concert suivant.


2018, Festival, Entombed A.D.

2018, Festival, Entombed A.D.

2018, Festival, Entombed A.D.

2018, Festival, Entombed A.D.

 

Vader :

On aime le death chez Garmonbozia, alors après les Suédois, c'est au tour des Polonais (à l'exception du batteur) de Vader de se présenter au public rennais. Une nouvelle fois, le travail des ingénieurs du son est remarquable ce soir, offrant un son toujours précis et percutant, en restant encore à confortable distance de la limite imposée de 102 dB, même durant les passages les plus bourrins du set. On verra que cet aspect finira malheureusement par toucher à sa fin. Côté musique, la rythmique du combo revient toujours à la charge comme des assauts incessants, entrecoupés de solos rapides et mélodiques, souvent en question-réponse, dans le plus pur style heavy-thrash.


2018, Festival, Vader

2018, Festival, Vader

Le set est de qualité mais peut-être un peu trop longuet, la faute à un jeu de scène un peu trop light. Juste après Entombed, il faut avouer que la comparaison est sans équivoque : même s'il se permet quelques vannes entre les morceaux qui rendent hilare une partie du public et de ses comparses, Piotr Wiwczarek reste très statique et ne fait pas spécialement le show. En conséquence, l'ensemble est largement moins communicatif et l'énergie du set transpire beaucoup moins. Dommage, mais pas de raison de bouder son plaisir pour autant.


2018, Festival, Vader

2018, Festival, Vader
 

 

 

Master's Hammer :

Avec Master's Hammer, on se rapproche d'un coup pas mal de la tête d'affiche du soir. Fini le death, place au black metal d'une des plus grosses pointures à venir de République Tchèque, sinon la plus grosse pointure du genre. Immédiatement, l'ambiance change, le ton s'assombrit et le son se charge lourdement dans les graves : on gagne en puissance ce que l'on perd en précision et en clarté, y compris et même surtout au niveau du mix sonore. Pour la première fois du festival, l'équilibre du son décidé par les ingénieurs du son est clairement en défaut. Et c'est dommage, tant les titres de Master's Hammer font preuve d'une vraie richesse et mériteraient une configuration qui ne noie pas l'ensemble des instruments dans les basses. Seuls les coups répétés et aggressifs qu'assène Silenthell sur ses timbales parviennent l'essentiel du temps à suffisamment s'extirper du mix pour imposer leurs rythmes martiaux sur les tympans de la foule. Tout le reste se fait bien trop discret et le ressenti global est tellement assourdi que même les mélodies et nappes de claviers, pourtant si proéminentes en album, restent ici en retrait. C'est vraiment dommage, surtout que la formation emmenée par  František Štorm et son chapeau reconnaissable réalise ici son tout premier concert sur le sol français, près de 28 ans après la sortie de leur premier album !


2018, Festival, Master's Hammer

2018, Festival, Master's Hammer

La setlist est riche de classiques issus de Ritual et dans une moindre mesure Jilemnický Okultista comme des plus récents extraits de Fascinator : on peut dire que pour leur première représentation en France, Master's Hammer s'adresse à ses fans, tous déchaînés sur "Estetika Dábla" et  "Jáma pekel". La reconnaissance dont jouit le groupe dans le milieu (Fenriz de Darthrone les a notamment considérés comme "le premier groupe de black metal norvégien, même s'ils viennent de Tchécoslovaquie") semble évidente à l'écoute des compositions, alternant souvent entre agressions rythmiques et mélodies alambiquées, et on se dit que cette formation aurait largement pu toucher dès ses débuts un public beaucoup plus étendu et faire parti des plus grandes références du genre au côté d'Emperor ou Enslaved. Mais dans les faits, si la langue Tchèque est parfaitement adaptée au style et apporte une dose d'âpreté bienvenue, elle a aussi probablement eu un rôle dans la portée limitée du groupe, hier comme aujourd'hui. Superbe découverte en tout cas.


2018, Festival, Master's Hammer

2018, Festival, Master's Hammer

2018, Festival, Master's Hammer

 

 

Amenra :

Amenra commence son show avec une intro en crescendo, faisant lentement monter la pression avec ses coups de cloche et sa basse hypnotique. La scène est plongée dans le noir et on distingue Colin van Eeckout immobile de dos, comme absent, pour ne surtout pas interférer avec la montée  en intensité en cours. Et puis l’explosion arrive, dans un déferlement intense de rage saisie par la voix écorchée de Colin : le contraste est violent ! L'occasion de constater que le son a encore gagné en lourdeur et en épaisseur par rapport au concert précédent, mais cette fois ça colle particulièrement bien au style : le son est puissant et très englobant, mais pas au point d’être assourdissant.


2018, Festival, Amenra

2018, Festival, Amenra

Les titres se construisent sur des alternances de moments calmes, propices à de lentes montées en puissance façon post-metal, et de passages sludge très lourds et intenses, où les guitares vomissent leurs riffs sous une couche énorme de distorsion entraînant tout le public pour une grosse session de headbang. Les hurlements de Colin se marient parfaitement à ces passages : féroces, perçants et d’une violence qui sonne terriblement authentique, à travers des déchaînements de violence dignes du punk hardcore. La majorité du public se laisse transporter par les tourments du groupe du début à la dernière note du set malgré l’aspect répétitif de la formule, qui aura raison de quelques récalcitrants en fond de salle.


2018, Festival, Amenra

2018, Festival, Amenra

 

 

Enslaved :

1h du matin. Alors que le public est de plus en plus fatigué et que les jambes se font déjà lourdes, on arrive enfin au dernier set de la journée, celui que tout le monde attend : place à  Enslaved ! La formation d’Ivar Bjørnson est déjà bien connue dans la capitale bretonne et on peut même pratiquement dire qu’ils y ont leurs quartiers, quelque part entre l’Antipode et l’Ubu. Pour autant, ce soir est un soir spécial, car pour fêter les 20 ans de Garmonbozia comme il se doit, les Norvégiens ont concocté un set spécial “Back To The North” qui promet une grosse emphase sur les débuts de carrière du groupe. Si l’intro avec “Frost” dans les enceintes est des plus classiques et s’occupe de faire magnifiquement monter la pression avant l’arrivée sur scène de Grutle Kjellson, la continuation sur “Fenris” l’est nettement moins. Les amateurs du groupe de la première heure sont ravis et le resteront jusqu’à la fin, car largement plus de la moitié du set est répartie entre Hordanes Land, Vikingligr Veldi, Frost, et Eld.


2018, Festival, Enslaved

2018, Festival, Enslaved

C’est clair : le set spécial d’Enslaved est un set de classiques, et si les albums récents ont bien sûr eux aussi accouché de pépites en live (en atteste les deux extraits ce soir du dernier en date, E, qui trouvent facilement du répondant dans la foule), l’annonce de “Isöders Dronning” ou “Jotunblod” ont enflammé le public. L’incontournable et iconique “Ruun” se charge de faire le pont entre les époques : là aussi, succès garanti dans la salle. Le groupe revient en rappel et “AllfÇ«ðr Oðinn” résonne : on s’imagine alors terminer le set par ce titre, pourtant Ivar et Grutle sont bien là pour se faire plaisir et fêter l’événement avec toute la salle. Fred (de Garmonbozia) est invité à monter sur scène et le groupe commence alors un chant d’anniversaire, rapidement accompagné par toute la salle. Timide, Fred remercie tout le monde, et Enslaved annonce un dernier brûlot de derrière les fagots : ce sera le très nerveux “Alfablot” qui terminera cette première journée, défonçant une dernière fois les nuques encore en place avec ses riffs acérés et sa rythmique implacable. Quel concert !


2018, Festival, Enslaved

2018, Festival, Enslaved

2018, Festival, Enslaved

La lumière se rallume pour une dernière fois dans la salle et tout le monde se retrouve dans les embouteillages pour sortir retrouver à l’extérieur le froid mordant cette nuit. Il est pratiquement 2h30 et la fatigue se lit maintenant sur toutes les têtes, mêlée au sentiment d'avoir vu plein de bons concerts ce soir. On pense déjà à la deuxième journée qui s’annonce : il est temps d'aller se reposer pour remettre ça.

 

Écrit : Félix Darricau
Photos : Arnaud Dionisio / © 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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