Le rock progressif est à l'honneur ce soir de novembre au Trabendo, qui affiche complet pour l'occasion. Les Anglais de TesseracT, de retour pour une tournée européenne très attendue afin de présenter leur quatrième album Sonder (sorti en avril dernier), emmènent avec eux Plini et Between The Buried and Me. La file d'attente, impressionnante, déborde presque sur la foule des amateurs des Black Eyed Peas (qui se produisent au Zenith, à deux pas. Attention à ne pas se tromper ! ) On peut déplorer un retard de l'ouverture des portes … dommage pour le premier artiste, Plini qui commence à l'heure alors que de nombreux spectateurs attendent encore dehors, dans le froid.
Plini
L'artiste atypique Plini, compositeur et guitariste venu d'Australie, est accompagné sur scène par trois musiciens (à la guitare, la basse et la batterie). Les quatre hommes, souriants et l'air paisible, sont alignés sur scène pour une configuration de scène originale et assez intimiste. En effet, le batteur est à droite de la scène, tourné vers ses camarades. Ils sont sur un pied d'égalité, ce qui donne une idée de l'importance que Plini donne à chacun des instruments dans ses compositions.
Dès le début du concert, le djent et les arpèges fusent, pour un premier morceau qui sent la virtuosité et la maîtrise technique. Les titres s'enchaînent, marqués par des solos impressionnants et un jeu permanent sur les sonorités variées. Le rock onirique inclassable se traduit par des compositions complexes mais très accessibles, mélodiques et groovy.
D'emblée le public du Trabendo semble séduit, comme happé par les mélodies et la virtuosité des musiciens. Plini, à la fois humble et charismatique, impose sa présence et son talent sans forcer. Les styles se mélangent pour une signature musicale unique avec chaque instrument mis en valeur, des harmonies et des expérimentations à chaque instant. Les guitares (au look original puisqu'il s'agit d'une guitare et d'une basse sans tête) se font tantôt lourdes, tantôt bluesy, on passe rapidement des années 80 à la world music, en passant même par du jamais vu en live : un solo très mélodique de basse !
Le set impeccable de Plini, servi par un son excellent dans la salle, est chaleureusement applaudi par les connaisseurs du Trabendo. Bel exploit pour une première partie expérimentale, qui plus est uniquement instrumentale !
Between The Buried And Me
Pendant la pause, de nombreux fans vêtus de tshirts à l'effigie de Between The Buried And Me prennent position dans la salle. Les Américains entrent en scène et entament sans attendre leur premier titre, marqué par des riffs puissants et une rythmique impressionnante. La voix du chanteur Tommy Rogers n'est pas toujours audible en chant clair alors que ses screams sont précis et puissants.
BTBAM assène des instrumentations complexes, très rythmées et mélodiques. Les guitares, magistrales, sont complétées par le son des claviers et la basse groovy pour des ambiances heavy rappelant Led Zeppelin par moments. Le set monte en puissance, avec des titres vraiment énergiques et un public qui répond de plus en plus. Saluons rapidement la prestation remarquée de l'unique crowdsurfer de la soirée ! Certains refrains sont repris en choeur par la foule, qui tape des mains et agite la tête, jusqu'aux pogos fiévreux sur les derniers titres, notamment sur l'excellent "Voice of Trespass".
Les lumières, psychédéliques jusqu'à l'aveuglement, renforcent l'atmosphère particulère de ce set onirique mais énergique. Les titres éclectiques sont mis en valeur par l'utilisation efficace des effets au synthé pour des sons retros se mélangeant étonamment bien avec le son heavy et prog des passages plus lourds.
On peut toutefois regretter deux choses : la prestation vocale de Tommy, en petite forme ce soir, malgré des parties heavy bien réalisées, et surtout le manque d'échange avec le public. On peut comprendre la volonté des musiciens de ne pas casser le rythme ou l'énergie du set par des transitions trop longues ou des pauses entre les titres. Cependant les six morceaux ont été enchaînés directement, sans aucune pause, et les musiciens, très concentrés, n'ont pas vraiment interagi avec les fans. Ces derniers ont d'ailleurs été un peu déçus de ne recevoir que trois mots de remerciement à la fin du set. Une belle énergie pour Between The Buried And Me ce soir, mais, comme hurle la foule à la fin du concert : We Want More !
Setlist:
The Proverbial Bellow
The Coma Machine
Dim Ignition
Millions
Sun Of Nothing
Voice Of Trespass
TesseracT
La température est sérieusement montée dans la salle, et la foule compacte attend les stars de la soirée comme le messie. Les jeux de lumières en introduction plantent le décor pour le set qui sera atmosphérique, esthétique et onirique à souhait. Avant même de voir les musiciens, c'est la voix de Daniel Tompkins que l'on entend, et quelle voix ! Le vocaliste, en plein maîtrise de ses capacités, interprète avec talent et intensité des titres qui emportent l'adhésion, dès les premières minutes du set.
On assiste à des envolées lyriques, des démonstrations de djent de folie des guitaristes Acle Kahney et James Monteith, dans des titres prog très groovy grâce à la section rythmique de Jay Postones à la batterie et des lignes de basse d'Amos Williams, exceptionnel sur "Dystopia". Ce dernier, très décontracté (c'est à dire pieds nus), assure également avec brio les parties en growl.
Le public parisien est clairement séduit par la beauté du set, le son excellent comme depuis le début de la soirée, les sourires des musiciens et la voix omniprésente de Daniel, qui s'impose comme frontman avec un charisme fou, interagissant régulièrement avec les fans, allant même jusqu'à slammer quelques temps tout en chantant, dès le troisième titre ! La foule, comme en transe, danse et communie avec le groupe, en entonnant des refrains voire des morceaux entiers, comme sur "Survival" ou "Smile". Les musiciens semblent apprécier la soirée et la réactivité du public, acquis à leur cause. C'est que les membres de TesseracT ont pu faire entendre le son vraiment particulier, soigné et reconnaissable entre tous, qui les caractérise.
À coups de djent et riffs, d'envolées vocales avec un falsetto impressionnant, ils ont trouvé ce soir la façon parfaite d'emporter l'auditeur avec eux dans une narration onirique, puissante et inspirée. Comme Daniel Tompkins l'a souligné avec des mots rassembleurs, c'est plus qu'une communauté de fans qui est venue : ce sont les membres de la « TesseracT Family » qui ont partagé un moment intense ce soir.
Setlist:
Luminary
Of Mind – Nocturne
Concealing Fate, Part 2 : Deception
Concealing Fate, Part 3 : The Impossible
Survival
Dystopia
Hexes
Phoenix
Juno
Smile
Of Matter – Proxy
Of Matter – Retrospect
King
Concealing Fate, Part 1 : Acceptance
Photographies: Justinator
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