Un EP plus expérimental pour les fans, c'est la démarche que propose le groupe metalcore américain Currents. Pour notre plus grand plaisir, voici une petite chronique de cinq titres ambitieux qui font suite à leur très bon album The place I feel safest, sorti en 2017.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Currents c'est du metalcore certes, mais c'est aussi des influences de metal progressif et de djent qui permettent de donner un côté assez planant à la musique. On trouvera d'ailleurs très facilement dans ce groupe des influences d'Architects. Et d'ailleurs c'est bien cette dynamique entre mélodie, et agressivité que l'on va retrouver dans I Let The Devil In.
S'il fallait décrire l'album après la première écoute, ça serait en utilisant le mot "renversant", tant les originaires du Connecticut arrivent à jouer sur les changements de rythme, de types de chant, ou de mélodie pour communiquer leurs émotions qui alternent entre désespoir, tristesse, mais aussi mélancolie et joie. Si bien qu'après avoir écouté les vingt premières minutes, on est un peu déboussolé, mais agréablement surpris par la complexité qui s'offre à nos oreilles. Si on sent bien une atmosphère d’ensemble donnée à l’album, aucune chanson ne se ressemble et on a même envie d’en redemander !
La première des forces de cet opus, c’est en effet l’apport du côté progressif grâce en particulier aux mélodies très travaillées de la guitare principale, qui utilise à souhait le tapping, mais aussi du son clair. On notera à ce titre et en passant le solo de « My Disguise ». Cela permet véritablement d’apporter un contraste très planant et plaisant alors qu’on est en même temps frappé, voire même piégé par l’agressivité et la lourdeur des riffs djents de l’autre guitare. C’est ce qui est sublimement fait dans « The Rope » et ses sons de guitares stridents ou encore « Feel the same », grâce à la complémentarité des deux guitaristes que sont Chris Wiseman et Ryan Castaldi. Cette dernière chanson est d’ailleurs la chanson phare dans l’EP, car elle résume parfaitement bien toutes les forces de ce dernier.
Mais tout ça ne saurait être sublimé sans la voix du chanteur Brian Wille dont on se demande même si elle n’est pas doublée par une autre, tant son chant clair très doux contraste avec un scream des plus agressifs. Pour bien le voir, il suffit d’écouter les versions instrumentales des morceaux, certes agréables à l’écoute, mais qui prennent littéralement vie avec le chant. Le chanteur sait d’ailleurs très bien accentuer certains mots pour transmettre encore mieux ses émotions à l’image du premier morceau « Into despair » et des premiers mots « I never saiidddid I could walk on water ». Une chanson phare de cet album qui se distingue des autres en n’utilisant aucun chant clair et en ne communiquant qu'agressivité et puissance à l’auditeur qui l’écoute.
Un point noir néanmoins, la production qui laisse un peu à désirer, avec un son parfois un peu brouillon, une guitare rythmique qui prend souvent trop de place par rapport à la guitare soliste ou encore une voix qu’on peine à entendre.
Malgré cela, I Let The Devil In est un très bon cru qui saura ravir les fans et les curieux. Les Américains nous offrent en effet une petite pépite chargée d’obscurité, de violence, mais aussi d’émotions et de technicité dont il ne faudrait pas se passer avant d’attaquer 2019. Bref, s’il y’a bien un défaut à cet EP, c’est que ce ne soit qu’un EP !
Déjà disponible chez Sharptone Records.
Note : 4/5