Witherfall – A Prelude To Sorrow

Formé en 2013, Witherfall, ce groupe californien présenté comme du dark metal mélodique, propose 1 an et demi après Nocturnes et Requiems, A Prelude To Sorrow en cette fin d’année 2018, publié sous le label Century Media.

Faisons un rapide tour d’horizon des membres ; commençons par Joseph Michael et Jake Dreyer, respectivement au chant, clavier et à la guitare acoustique et rythmique. Michael et Dreyer sont à l’écriture de chaque morceau, leur alchimie est presque parfaite. Nous savourons également Steve Bolognese à la batterie, Anthony Crawford à la basse et Fili Bibiano à la guitare.


Posons le décor : Le groupe a subi une réalité extrêmement sombre qui a été le décès de leur batteur et meilleur ami, Adam Sagan, des suites d’une leucémie en 2016. Cela a été deux années d’écriture aux heures les plus tardives accompagnée de vin et de souffrance. Voilà l’émotion qui règne à l’écoute de ce bijou. Les titres enchaînent des hauts et des bas, de moments de puissance atteignant les sommets du Heavy pour descendre au plus bas des plaines de la tristesse. L’ambiance générale sombre reflète cette volonté de combattre la douleur, la maladie, avec une envie féroce face à la réalité extrêmement difficile et cruelle, voilà le parfait mélange de violence et de beauté.

La combinaison parfaite réalisée par Dreyer et Michael des différents talents au sein du groupe va au-delà de l’écoute et s’étend au visuel du cover étrange et sombre dessiné par Kristian Wahlin.


Comment peut-on alors prendre autant de plaisir à écouter un prélude à la tristesse ? Tout simplement car l’ensemble des émotions humaines du deuil y est transmis. La peur, la douleur, la force et la volonté d’avancer, la colère.. C’est beau, c’est simplement beau et cruel.

L’histoire de cet album se conte titre après titre, il n’y a pas de chapitre, les compositions s’entendent et doivent s’écouter l’une après l’autre pour suivre ce chemin tracé au travers de cette tristesse infinie. De l’introduction à la conclusion, Witherfall ne vous montre pas la fin mais vous exprime le chemin qui y mène.

L’album commence par le titre de ce dernier « A Prelude to Sorrow », quelques murmures, des chuchotements accompagnés de quelques notes. C’est calme et presque reposant.

Mais n’ayez aucune crainte amis fans du genre, car « We are nothing » vous en envoie plein votre face dès les premiers riffs, lourds, sur une batterie puissante, tout cela crescendo à la limite du Heavy vers des tendances Death et surtout Black Metal. Nous ne sommes rien, rien face à la douleur, rien face au monde ? Puis la descente, aux abîmes, ces murmures qui reviennent, une guitare acoustique majestueuse, une reverb au maximum sur le solo, presque dans l’excès. Déjà 4 :40 d’écoute, alors, un nouveau départ ? Et là, un solo de guitare des plus agressif dans le genre pour conclure sur ces notes oscillants entre le black metal et le death, semblable à Arch Enemy. Puis un dernier solo qui se maintient sur une minute et l’on s’aperçoit que 11 minutes et 12 secondes ont passé, trop vite.

S’en suivent « Moment of silence » et « Communion of the wicked », qui reflètent respectivement, l’attente, l’impuissance, le désespoir avec des sons lourds et une certaine brutalité pour l’une, et, la sérénité, la quiétude pour l’autre. Sur cette dernière c’est une impression de réunion, de rassemblement face aux douleurs partagées, traduit par l’acoustique de Jake Dreyer. L’on traverse des étapes dans la souffrance, l’on se prépare au combat et l’on affronte la réalité avec ses propres armes, ici, solo acoustique et solo électrique, c’est ultra jouissif !

«Maridian’s visitation » en peu de mots, une acoustique calme, un chant posé, un refrain de groupe ; comme une regard vers l’avenir. Et l’on enchaîne avec un bijou, « Shadows » ; un départ lourd représentatif du genre avec une voix agressive, puis quelques murmures, ces ombres peut-être ? Le solo relance la machine pour s’atténuer et se poser sur une seule note de clavier. « Shadows » est une réelle recherche, un déchaînement du batteur, des solos endiablés ; une réussite !


Puis, « Ode to despair » et « The call », extensions naturelles des premières compositions de l’album. De la guitare acoustique, du chant calme, parsemés de riffs lourds, de sons inquiétants et dépourvus de mélodies, reflet d’une incertitude quant aux évènements à venir. Quelques bruits sourds venant de « the call » comme des voix étouffées cherchant à se faire entendre. Le tout sur une maîtrise technique parfaite et des arrangements convaincants.

Evidemment, et vous l’aurez peut-être saisi, le meilleur pour la fin, venant de « Vintage ».  Ce titre impose plusieurs changements de rythmes, cette composition mélange l’ensemble des effets et émotions établis alors depuis le tout premier titre.  L’on reste sur une mélodie calme à la guitare acoustique, sur un refrain puissant, des transitions surprenantes. Ainsi l’on se surprend à reconnaître des notes de head bang sur fond de lead mélodieux. C’est 11:05 minutes de changements brutaux et de surprises saisissantes pour conclure en beauté dans un déchaînement global des instruments, toute la rage et la vigueur du groupe est lâchée.

Enfin, cet « Epilogue » conclu sans surprise un album largement travaillé et très bien exécuté. La ligne de conduite est respectée et parfaitement retranscrite, à savoir la tristesse. Cette émotion est dominante bien qu’elle soit ébranlée par des moments d’espoir et de volonté exprimés de manière artistique, ce qui rend la chose tellement belle. 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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