Le nouvel album du Shining norvégien a désarçonné pas mal de fans comme on le prédisait déjà dans notre report d’il y a un an. Exit le saxophone qui a fait toute la renommée de la bande à Jørgen Munkeby et bonjour un rock n’roll beaucoup plus accessible tourné vers une esthétique entre moderne et années 80. Tout un programme que les Parisiens étaient priés de découvrir au Backstage by the Mill en ce soir de novembre.
Alithia
Après une ouverture de soirée opérée par Insolvency dont nous ne pourrons voir que quelques morceaux, c’est au tour d’Alithia de monter sur scène. Le groupe vient d’Australie et est complètement inconnu au bataillon mais son prog rock inclassable va rapidement faire forte impression. La scène prog est d’une qualité folle en Australie et on se retrouve de nouveau face à un OVNI avec un claviériste s’occupant également des congas et tentant de motiver la foule avec beaucoup d’enthousiasme. Heureusement le son est assez bon pour nous permettre de profiter de toutes les petites subtilités. Si en studio, la musique peut parfois beaucoup lorgner du côté de Dream Theater, en live les six musiciens trouvent leur identité propre.
Le chanteur, John, n’est pas très en voix mais on occulte facilement ce fait pour s’étonner de la richesse instrumentale d’Alithia qui semble tirer ses influences de partout. La rythmique prend une place prédominante avec un batteur et un bassiste au top et étonnamment, la musique n’est pas du tout heavy. Le guitariste ne s’occupe que des mélodies et notes en évitant la distorsion pendant presque tout le concert, encore une fois une pratique qui sort de la norme.
Le public écoute curieusement ce qui lui est proposé et malgré un premier rang occupé par des photographes grincheux, les Australiens reçoivent un bon accueil. Ils possèdent une présence scénique que seuls les groupes qui jouent ensemble depuis des années peuvent atteindre. L’intensité est folle et le pic est atteint sur « Empress » où les membres s’échangent places, instruments et micros tout en jouant la chanson à la perfection.
Après Caligula’s Horse il y a deux ans, on peut dire que Shining sait parfaitement sélectionner ses invités australiens. Alithia n’aura certainement pas séduit tout le monde ce soir mais impossible de nier que le show donné était tout simplement exceptionnel.
Shining
Revoilà donc Shining à Paris, l’une des villes préférées des Norvégiens, l’une des villes où les concerts du groupe ont toujours un petit côté spécial. Pourtant on sent comme un petit manque d’énergie de la part du public lorsque le quintette monte sur scène pour jouer "Animal", le morceau titre du nouvel album. Jørgen Munkeby assume son nouveau look, veste rouge à l’effigie du disque et boucle de ceinture communiste, les titres s’enchaînent rapidement avec « My Church » et « Last Day ». Le son est mauvais mais au bout de quelques titres on retrouve le clavier de Eirik Tovsrud Knutsen dans nos oreilles.
Pour être honnête on ne retrouve pas l’énergie habituelle de Shining en ce début de set. Les musiciens sont plus en retrait que d’habitude et même les interventions au saxo de Jørgen ne suscitent pas le même enthousiasme. Les chansons s’enchaînent et on a un peu l’impression d’un pilotage automatique un peu décevant.
Les spectateurs ne s’y trompent pas et ne réagissent pas beaucoup aux titres pourtant classiques comme le fameux « Healter Skelter », délire bruitiste arrivant juste après « Everything Dies ». Rien à dire sur la setlist puisque malgré son nouvel album, Shining continue de faire la part belle à ses pépites comme celles de One One One (« My Dying Drive » et son clavier hypnotique).
On approche déjà de la fin du set et honnêtement il ne s’est pas passé grand-chose. Quelques chansons écrites sur la setlist papier ont même été zappées. Le concert est de très bonne facture comme d’habitude avec Shining mais il manque cette interaction, ce petit plus qui fait d’un concert des Norvégiens quelque chose d’inoubliable. Et heureusement, après une doublette « I Won’t Forget » - « The One Inside » un peu anecdotique, on arrive sur le fameux « The Madness and the Damage Done » qui va enfin donner l’occasion au groupe de passer à la vitesse supérieure.
Comme d’habitude sur ce titre, un déluge de notes et de stroboscopes nous arrive dans les oreilles et Jørgen s’offre en plus un passage dans la foule qui va réveiller le public du Backstage. On se dit que le concert va en rester là et la salle commence même à se vider doucement mais non, Shining semble avoir décidé de continuer et va revenir sur scène pour nous offrir un « Fisheye » d’anthologie. Toujours pas rassasié et alors que l’ingé-son lui indique que son temps de jeu est dépassé et que la salle ne veut pas d’un titre en plus, Jørgen bien aidé par les cris des spectateurs va faire ce qui lui plait et terminer sur « Fight Song » dans un bazar généralisé.
Ce concert de Shining avait bien mal démarré mais a finalement atteint le niveau de folie de ses prédécesseurs. On ne sait jamais à quoi s’attendre avec les Norvégiens et même avec un nouvel album inégal, leur potentiel live est toujours immense lorsqu’ils ont l’envie et ils nous l’ont de nouveau prouvé ce soir.
Setlist:
Animal
My Church
Last Day
When the Lights Go Out
Everything Dies
Healter Skelter
My Dying Drive
Hole In The Sky
Smash It Up!
I Won't Forget
The One Inside
The Madness and the Damage Done
Fisheye
Fight Song