Le 19 janvier 2019, un nouveau rendez-vous metal avait lieu au Lembarzique café, à Lembras, petite commune proche de Bergerac. L'association organisatrice Unanswered Society, menée par Martin, guitariste de Unanswered et Gilles, leur chanteur, continue à se mobiliser envers la scène émergente. C'est dans ce lieu isolé de la population que le public se masse. Une structure qui allie qualité sonore & bonne ambiance. Une soirée sous le signe du death et du thrash metal, avec une affiche toulousaine.
Metal Troopers
Le coverband mêle des titres incontournables des groupes Slayer et Sepultura. Un set qui ne jouit d'aucune création musicale originale mais où le groupe met un point d'honneur à la prestation. On ne retrouve pas l'énergie légendaire des deux formations mais les Metal Troopers donnent de leur personne pour captiver le public. Une montée sur scène dynamique, un groupe actif, dans la communication, leur attitude présage un passage intéressant sur l'aspect scénique.
L'expérience de la scène se fait ressentir dès les premières minutes. Un quatuor rôdé qui sait prendre possession de la scène. Un public divertit par l'énergie débordante des guitaristes sur le devant de la scène et d'un bassiste qui ne reste pas non plus statique, sans oublier la place béante de la batterie frappée par celui qui ne perd pas en endurance. Sur le plan musical, peu de différence entre l'original et la reprise. Des titres qu'ils connaissent clairement sur le bout des doigts. Ce que le public attend le plus au tournant, les solos, qui sont excécutés sans fausses notes. La partie vocale se tient, peut-être trop calquée. Il est possible de déplorer le fait de ne pas apporter sa touche personnelle et ses propres capacités vocales pour démarquer le coverband d'autres. Le groupe reste un bon élément pour ouvrir une soirée death thrash metal.
Setlist :
Slayer
Hell awaits
Chemical warfare
Post mortem
Raining blood
Necrophiliac
War ensemble
Angel of death
Sepultura
Arise
Desperate cry
Troops of doom
Tempt Fate
Des sonorités horrifiques résonnent depuis la scène, l'introduction à la presta du quintette de death Toulousain est lancée. Une entrée en la matière qui fait écho à leur premier opus Human Trap sorti fin septembre dernier, album qui fait l'objet de leur tournée.
La formation marie dans son set titres issus de son dernier opus et nouvelles compositions. Ils mettent en relief l'importance de la nouveauté en plaçant comme titre d'ouverture "Gender identity disphoria", aux abonnés absents sur l'album. Arrivent ensuite les titres plaçés sur la galette. Human trap album aux forts traits psychologiques, traitent principalement de "l'enfermement psychique que l'on retrouve dans la névrose obsessionnelle". Les cinq artistes composent sur des thématiques liées à la psychologie, au fantasme ou encore à la question du passage à l'acte.
Tempt fate puisent ses influences dans le death, le brutal death avec des touches de hardcore à travers lesquelles naissent des lignes musicales et vocales qui ne laissent aucun répit. S'entremêlent des sons de guitare massif, une basse qui ressort du mix et qui a une véritable identité, des tempos qui ne laissent pas le temps de décrocher. Impossible d'omettre aussi la qualité des solos. Les instrus et la voix se mêlent à la perfection, laissant dans chaque titre place à des émotions : Tantôt plus apaisantes, tantôt plus enragées au rythme des thématiques aposées sur le papier.
Ce passage bénéficie aussi d'une setlist rôdée qui fait de leur prestation un crescendo quasi parfait. Plaçant les deux titres les plus attendus de l'album "human trap" et "sewn shut" dans les titres finaux. On retrouvera aussi au long du set deux nouveaux titres "holy deformity" et "mind peeler", deux titres toujours dignes du death aux traits brutaux du groupe, le premier titre bénéficiant de teintes vocales death plus ou moins caverneuses aux touches cores gracieusement menées.
Aux premières sonorités de "human trap" le public est en totale connexion avec les cinq artistes, titre qui a donné son nom à l'album et au clip vidéo, il est l'un des plus violent de l'album. Pogo et autre circle-pit sont lancés, le bar-concert s'agite. Un set qui se clôturera sur le titre "Petrified commitment", ce dernier en chapitre final est également placé à la fin du disque. Un passage décrit comme "une délicieuse dose de brutalité", Tempt fate s'ancre comme un des groupes émergents à aller voir dès que possible.
Setlist :
Gender identity disphoria
Hand to hand
Cephalic fragment
Holy deformity
Mind peeler
No absence
Human trap
Sewn shut
Petrified commitment
Evilness
Le dernier passage a fait l'effet d'un ouragan au sein du bar-concert, une partie du public prend possession des canapés et de la terrasse, Evilness aura pour premier challenge de faire revenir la masse sur les devants de la scène. Ainsi, ils ne perdent pas de temps. Une remontée sur scène qui se veut rapide, un concert qui commencera in force. Pas de place pour du crescendo, on attaque fort dès les premiers instants avec le titre "lies, cries, died".
Les multiples scènes effectuées par la formation parlent d'elles-même, les musiciens sont en symbiose, en raccord tant dans l'instrumental que dans les mouvements scéniques. Un front-man débordant d'énergie maîtrise la scène et ne tardera pas à faire revenir plusieurs partisans. C'est petit à petit qu'un public se reforme autour des sonorités thrash et death aux riffs très accrocheurs, passages mélodiques, effectuant quelques breaks en mid-tempo. Un chanteur qui s'oriente vocalement vers le thrash, passant parfois par le hurlé digne du hardcore, ce qui ne fait pas toujours l'unanimité dans l'auditoire.
La setlist défend majoritairement le nouvel album du groupe new perspective, no evolution. Nouvel album dont les textes dépeignent la réalité stagnante dans laquelle nous vivons: face à des problématiques, des questions politiques, sociales, économiques, nous avons toujours de nouvelles perspectives mais aucune véritable évolution ne naît. Acteur de notre vie mais victime de notre destin. Une nuance est notable entre l'album et le live, la basse qui se veut artificielle sur l'enregistrement reprend tout son sens en live avec l'ajout d'un bassiste au line-up qui est venu revisiter les lignes de basse de l'album pour donner de la chaleur. L'instrumental se veut plus massif sur scène, la basse à arme égale de la guitare.
Le set s'accélère avec le titre "missing one piece", bien plus endurant que les précédents. Une batterie qui reprend le dessus avec des tempos rapides. Une prestation au rythme soutenu où certains peuvent lâcher rapidement prise. Malgré des titres bien maîtrisés, la présence du chanteur peut parfois être redondante, calquant toujours les même mouvements, des interactions avec le public qui en plein titre peuvent briser la dynamique. A cela peut aussi s'ajouter des discours un peu trop long entre chaque morceau. On appuiera l'envie du front-man de maintenir la communication tout le long du set mais certaines volontés ne gagnent pas à être assouvies. Des titres intéressants mais une prestation qui ne permet pas à tous de rester connectés jusqu'à la fin.
Quelques bémols qui n'enlèvent pas les grandes capacités de Evilness à s'implanter dans le paysage metal français et à véritablement y faire son nid.
Setlist :
Lies, cries, died
Dreams
21 Reasons to bleed
Ginx
Missing one piece
Despised decline
New perspectives
Basically defleshed
Power Trip
Burn
Ginx (rappel)
Photographies © Guillaume Delbos (Photograal)
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.