VƆID- Jettatura

Commencer par un album aussi intense nous permet d'envisager un avenir radieux à cette formation si jeune et déjà si mature… Les Acteurs de l’Ombre ont donc intégrés dans leur catalogue déjà magnifiquement fourni leur premier groupe de black n’roll (mais pas que !), VƆID (prononcer VOID si vous voulez être compris par vos amis à qui vous n'allez en dire que du bien), fondé du côté de Nantes en 2011 après avoir seulement sorti une démo et un split.
 


En gueulant « Jettatura 666 », C. au chant nous ouvre les portes d’un black metal assez crade nous faisant penser à celle de E. (Erik de Watain) dans ses intonations extrêmes… Il y a de l’urgence dans leur musique, tout comme  dans le track-listing : 36 minutes d’intensité qui nous prennent à la gorge. Les Français maîtrisent parfaitement les ficelles d’un certain black metal avec un batteur (J.) qui gère accélérations et breaks déstructurés aussi facilement qu’un grand chef passerait d’un risotto aux truffes à une tête de veau sauce gribiche…
 

VOID


C. crie comme un possédé, balançant ses paroles avec haine et en postillonnant son texte d’une façon mesurée pendant que les guitares de O. et C. jouent sur la corde - que dis-je - sur les cordes sensibles et obscures…

« Theory Of Hail » propose quant à lui un black metal tel un tunnel de sons sans concession, seulement ralenti par un break qui donne envie, après vérification, de savoir où l’on doit mettre nos pieds. L'ensemble sonne, comme suintant de haine et de stress avec des charges de riffs à la sauce Watain. « Woven Woods » nous sort une intro « true black metal début 90’s » assortie d’un rythme effréné avec des cris venant de la forêt la plus profonde de Norvège. Il s'agit d'un titre à l’ancienne avec des guitares dissonantes sur des arpèges malodorants qui atteignent le sublime dans sa quintessence. Les Nantais maîtrisent parfaitement leur affaire.

« We Come We Breed We Live » est sombre (sans blague). Il cache sous une épaisse couche de riffs qui évoque à la fois la Norvège au travers d’un Satyricon période Volcano ; mais aussi de la Suède dans l’accroche et l’attaque vocale tel un Niklas de Shining dégoulinant de “gentillesse dévorante” période III - Angst - Självdestruktivitetens emissarie ou IV - The Eerie Cold… VƆID joue sur ce registre malsain, inquiétant dans un brouillard occulte avec ses riffs et ses interventions vocales ciselés pour la scène dégoulinantes de sang…
 

VƆID


Les musiciens de VƆID ont su ingurgiter et digérer ce que cette scène a fait de mieux, pour en ressortir de leur colons de jolis petits diamants noirs. L’urgence est toujours palpable par l’enchaînement direct avec la déflagration appelée « Omen », inquiétante et jouant sur de nombreux passages tous plus passionnants les uns que les autres, et permettant d’offrir une palette d’ambiances différentes. Ce titre est fait de ruptures, de cassures pour mieux se reconstruire à coup de parpaing dans la tronche au fil du temps. L'ensemble prouve une maîtrise de rythmiques toujours dans la finesse sur certains passages plus calmes et survoltés, comme une météorite perdue dans une forêt sibérienne dévastant tout sur son passage.

Avec « Red Cardinals » on se promène dans les congères nantaises qui devaient dépasser les trois mètres de haut il y a des milliers d’années. Le froid glacial nous anéantit par cette déferlante sonore et sonique, sans oublier cette finesse dans l’arrivée des guitares qui savent donner du relief quand il le faut.

Si on devait expliquer ce que pourrait représenter un certain black metal dans sa diversité à un novice on lui balancerait Jettatura…ensuite il aime ou il n’aime pas. Nous on adore !

 

Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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