Avantasia – Moonglow

Le petit génie allemand Tobias Sammet a encore frappé ! Trois ans après Ghostlights et une petite pause bien méritée, le trublion du metal allemand est de retour avec le projet Avantasia et une huitième galette intitulée Moonglow.

Le concept derrière Avantasia est simple : Tobias Sammet rédige une histoire et invite une pléiade d'artistes en tous genres pour interpréter et incarner chacun des personnages de son récit. Pourtant, Moonglow fait cette fois exception à la règle. En cause : une période de doutes par laquelle le jeune artiste est passé ces deux dernières années, n'ayant plus goût à la musique et ne sachant plus quelle direction adopter dans son univers musical. Une prise de recul plus tard : l'album conceptuel Moonglow est né, narrant le pèlerinage, l'itinérance d'une créature inconnue dans un univers étranger, à la recherche d'elle-même et de ce qu'elle souhaite être dans l'objectif de vivre au mieux. Une sorte de voyage initiatique et presque autobiographique, si l'on écoute Tobias Sammet.

A la première écoute, on découvre un album cathartique, aux ambiances presque instables. Le premier morceau, "Ghost in the moon", débute très différemment de ce à quoi l'on pourrait s'attendre. Un piano/voix tout en sobriété, qui ne dure pas car très vite, le côté spectaculaire d'Avantasia revient à la charge : chassez le naturel, il revient au galop ! Les presque dix minutes de ce titre sont suffisantes pour nous montrer que Tobias Sammet n'a pas encore exploré tout ce qu'il souhaitait. Le ton est donné.

Nous accueillons sur cet album encore de nouveaux artistes aux côtés de Tobias Sammet et de ses musiciens, Sascha Paeth aux guitares et à la basse, Michael Rodenberg aux claviers et orchestrations et Felix Bohnke à la batterie. Aux anciens que l'on retrouve d'albums en albums, à savoir Bob Catley (Magnum), Jørn Lande (ex-Masterplan), Michael Kiske (Helloween), Ronnie Atkins (Pretty Maids), Eric Martin (Mr. Big) et Geoff Tate (ex-Queensrÿche) s'ajoutent Hansi Kürsch (Blind Guardian), Mille Petrozza (Kreator) et Candice Night (Blackmore's Night).

Dès le second morceau, "Book of Shallows", nous découvrons l'immense talent de Hansi Kürsch et Mille Petrozza, qui nous ravissent les tympans. Le premier est également présent sur le premier single extrait de Moonglow, "The Raven Child", aux influences plus fantastiques, presque médiévales. La harpe apporte un côté très celtique.

Comme tout album d'Avantasia qui se respecte, il fallait une ballade mièvre avec une voix féminine, c'est la petite nouvelle de la tribu Candice Night qui la porte. Le morceau éponyme est un concentré de douceur et de tendresse mielleuse, suffisamment entêtante pour rester coincée en tête toute la journée, à notre plus grand désarroi.

A sa suite, les deux morceaux "Starlight" et "Invincible" restent dans la même tonalité, douce et émotionnelle, tandis que "Alchemy" nous dévoile une double facette de Geoff Tate. Tour à tour dans le registre suave sur "Invincible" puis plus heavy et théâtral dans "Alchemy", Geoff Tate nous montre grâce à cet album qu'il peut jouer sur deux tableaux vocalement et c'est très agréable.

"The Piper at the gates of dawn" est le morceau nous proposant une richesse vocale des plus intéressantes, notamment par le fait que l'on retrouve six artistes au chant. Et c'est ce que l'on attendait ! Ce qui nous manquait ! Un morceau orchestral, théâtral, riche et instrumentalement excellent. Nous regretterons pour autant de ne pas entendre la sublime voix d'Eric Martin plus longtemps. Mais ce huitième titre est définitivement ce que l'on attendait de ce nouvel album d'Avantasia : des choeurs, une partie instrumentale aux riffs enivrants, un casting de grande qualité. Probablement un des meilleurs morceaux de ce Moonglow, aux côtés de la bonne surprise "Lavender", sur laquelle c'est toujours un immense plaisir d'entendre Bob Catley. Les harmonies et les choeurs sont très beaux et agrémentés d'une partie instrumentale simple mais efficace, avec une mention spéciale pour l'harmonisation aux violons inattendue mais extrêmement plaisante.

Enfin, la version simple de l'album se termine en apothéose avec le bienvenu "Requiem for a dream", sur lequel figure ENFIN Michael Kiske. C'est qu'il nous aurait presque manqué celui-là ! Et que dire de ce merveilleux titre ? On pourrait s'attendre, à l'écoute des premières secondes, à un morceau encore un peu mielleux mais que nenni. C'est un morceau d'Avantasia, auquel nous avons été habitué, avec une superbe instrumentalisation progressive. Mais la mention particulière sur ce morceau va pour le bassiste et son solo de basse slappée, clôturant un album avec ses hauts et ses bas mais globalement positif !

Après un petit passage à vide, Tobias Sammet nous démontre avec Moonglow qu'il est parfaitement capable de se réinventer. Quelques morceaux ne sont pas exceptionnels, mais les autres morceaux, quelle audace, quelle perfection ! Une mention toute particulière au travail formidable des musiciens pour toujours proposer des instrumentalisations parfaitement calées, des orchestrations arrangées incroyablement bien, et pour toujours réussir à nous entraîner dans l'univers complètement fou qu'est le projet Avantasia

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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