Powerwolf était en tournée européenne en ce début d'année. Fait assez rare pour le souligner, cette section du Sacrament of Sin Tour comptait dix dates françaises (sur un total de 17), preuve que le power metal du groupe d'outre-Rhin s'est bien établi dans l'Hexagone. Ils étaient accompagnés des Suédois d'Amaranthe et de leurs compatriotes de Kissin' Dynamite, chargés d'ouvrir les hostilités. Et c'est dans une Cartonnerie copieusement remplie que la messe du heavy metal a eu lieu.
Kissin' Dynamite
Le premier concert doit démarrer à 18h40. C'est un horaire assez avancé mais il permettra aux trois groupes d'avoir des temps de set généreux pour permettre au public de profiter au maximum. Un public qui d'ailleurs s'est déjà bien amassé dans la salle pour le premier groupe. La musique de Kissin' Dynamite lorgne avant tout vers le glam mais il n'est pas un choix incohérent sur cette affiche. Bien au contraire...
Si l'énergie des Allemands et leur professionnalisme était déjà palpables lors de leurs premières tournées, et notamment au Hellfest en 2012, force est de constater que Kissin' Dynamite a encore pris du galon. Les musiciens ouvrent avec un nouveau morceau "I've Got the Fire" qui réveille instantanément l'assistance et le public rémois, réputé si froid, participe pleinement dès les premières mesures. Avec un son très bon et le public dans sa poche en quelques minutes, Kissin' Dynamite peut dérouler son set millimétré avec Hannes Braun (chant) à la baguette.
C'est avec un très grand professionnalisme que les Allemands s'exécutent. Leur performance bourrée d'énergie fait mouche et ils n'oublient pas de communiquer avec le public. Ils sont contents d'être là et ça se voit sur leurs visages. Certes, il faut avouer que le traditionnel : "vous êtes le meilleur public pour lequel nous ayons joué" est un peu surfait, surtout en début de set... mais cela fait aussi partie du show !
Malgré leur statut de première partie, ils ne lésinent pas sur la production avec une scène débordante d'effets (ndlr: le matériel des trois groupes occupe beaucoup de place sur scène), machines à fumée, un riche jeu de lumières et quelques apparats pour certains passages.
La musique de Kissin' Dynamite s'inscrit dans la pure tradition du heavy metal classique et des refrains qui invitent l'auditoire à pousser la chansonnette, et le public s'en donne à cœur joie tout au long du set. La musique entraînante incite à s'égosiller de temps à autre que ce soit sur "Waging War" ou encore "I Will Be King".
En à peine 40 minutes Kissin' Dynamite aura marqué les esprits, conquis de nouveaux fans avec une prestation de haute volée et les bruits de couloir au moment de la pause le confirmeront : "impressionant", "quelle énergie", "ultra pro". Voilà qui place la barre très haut pour ce début de soirée...
Setlist Kissin’ Dynamite:
1. I’ve Got the Fire
2. Somebody’s Gotta Do It
3. Sex Is War
4. Love Me, Hate Me
5. Waging War
6. You’re Not Alone
7. I Will Be King
8. Flying Colours
Amaranthe
Place maintenant aux Suédois d'Amaranthe et à leur power metal teinté de sons électros. Le groupe a trois chanteurs (une voix féminine, un chanteur pour les voix claires et un autre pour le chant saturé) et tous ont leur rôle à jouer. Nous qui nous attendions à voir Elize Ryd (chant) mise en avant, il n'en est rien. Les jeux de scènes et musicaux sont très intéressants dans ce contexte live.
Le son se veut plus moderne dans l'esprit mais est beaucoup plus froid dans le ressenti. Malgré une batterie plus percutante, les nappes de clavier ont tendance à noyer un peu l'ensemble et le son des guitares n'est pas des plus optimaux : les nuances se distinguent mal. Le public se prend donc un mur de son, certes compact, mais peu défini et peu percutant...
De plus, quelque chose ne prend pas et ce dès le début du concert. Même si le set de Kissin' Dynamite était (ultra) calculé, il avait quelque chose de vivant et de très communicatif. Amaranthe délivre un set tout aussi professionnel certes mais celui-ci reste très froid, comme si cela manquait de naturel. Le public réagit mais beaucoup moins que pour le groupe précédent. Le son et la nature des compositions n'aident pas car les choses semblent tourner en rond à partir de la deuxième moitié du set.
Malgré une prestation propre et pro, il a été difficile ce soir là pour Amaranthe d'être du même calibre que Kissin' Dynamite. Musicalement les styles styles ne sont clairement pas les mêmes, mais il manquait quelque chose aux Suédois pour marquer davantage les esprits. La prestation était loin d'être mauvaise mais nous avons eu du mal à aller vers là où les Suédois voulaient nous emmener. Un soir sans peut-être ?
Setlist Amaranthe:
1. Maximize
2. Digital World
3. Helix
4. 1.000.000 Lightyears
5. Hunger
6. Amaranthine
7. GG6
8. 365
9. Drop Dead Cynical
10. Call Out My Name
11. The Nexus
Powerwolf
Place maintenant à la tête d'affiche. Powerwolf c'est du power metal deutsche qualität mélangé à l'imagerie solennelle mais c'est avant tout un excellent groupe live. Cette réputation n'est en rien volée. Powerwolf maitrise son sujet et sait profiter d'un public acquis à sa cause. Et il ne faudra pas longtemps pour que ce dernier se déchaîne.
"Fire and Forgive" suivi par "Army of The Night" vont réveiller un public déjà très attentif. Les langues se délient et le public de la Cartonnerie se fait entendre pour le grand plaisir des Allemands. Le son est tout simplement excellent : puissant et clair sans être agressif. Bien qu'il nous ait fallu plusieurs chansons pour réaliser qu'il n'y avait pas de bassiste sur scène, le son est très bien équilibré. Attila Dorn (chant) s'exprime dans un très bon français (tout comme le chanteur de Kissin' Dynamite plus tôt) et n'hésite pas à s'adresser au public dès qu'il en a l'occasion.
Le visuel global de la scène est très convaincant et les spectaters sont immédiatement plongés dans l'univers de Powerwolf. Un groupe où la production et le show sont millimétrés et dont chaque musicien donne de sa personne pour impliquer chaque membre du public à cette messe du heavy metal : le claviériste qui n'hésite pas à venir au plus plus près du bord de scène pour haranguer les premiers rangs ou encore les guitaristes qui interagissent directement avec le public. Contrairement à Amaranthe, le concert est très vivant.
Powerwolf est aussi un groupe qui tient sur la longueur. Son power metal, quelque fois redondant, ne lasse pas car l'énergie qu'il communique n'est jamais loin, et cela vaut même pour ceux qui ne connaissent pas complètement le répertoire du groupe, tout au long des 1h30 de concert.
Mais dans l'ensemble, le public rémois connaît les paroles sur le bout des doigts. Est-ce réellement surprenant ? Non, quand on connaît la réputation de Powerwolf, mais à ce point ? Que ce soit sur des nouveautés (comme "Killers With the Cross" ou "Demons Are A Girl's Best Friend") ou sur les classiques du groupe ("Armata Strigoi", "Resurrection by Erection" ou encore "We Drink Your Blood" pour ne citer qu'eux), le public va pleinement se donner. Powerwolf donne beaucoup, et Reims le lui rend bien.
La messe a été dite ce soir là à la Cartonnerie de Reims. Attila Dorn, en maître de céréomnie irréprochable, a parfaitement tenu le public du début à la fin de ce concert de grande qualité. Qu'on aime ou pas ce style de metal, il n'est pas possible d'enlever à Powerwolf cette qualité scénique qui fait leur principale force. A voir ce qu'il pourra proposer de plus dans les années à venir.
Setlist Powerwolf:
1. Fire and Forgive
2. Army of the Night
3. Incense & Iron
4. Amen & Attack
5. Let There Be Night
6. Demons Are a Girl’s Best Friend
7. Killers With the Cross
8. Armata Strigoi
9. Blessed & Possessed
10. Where the Wild Wolves Have Gone
11. Resurrection by Erection
12. Stossgebet
13. All We Need is Blood
14. We Drink Your Blood
15. Lupus Dei
Encore:
16. Sanctified With Dynamite
17. Coleus Sanctus
18. Werewolves of Armenia
Crédits photo : Victor Boura