On l’attendait avec appréhension depuis quelques temps, voici enfin le retour de Swallow the Sun sur le devant de la scène avec leur septième album. Retour compliqué pour plusieurs raisons. En premier lieu, la difficulté à succéder au triple album Songs From the North, pièce épique de plus de deux heures trente qui ressemblait fortement à l’apogée d’une carrière… Ensuite parce que de nombreux coups durs ont frappé le groupe : décès de la compagne de Juha Raivio et collaboratrice de longue date Aleah Stanbridge, départ du claviériste Aleksi Munter suite à un burn-out… Pas facile de retrouver la lumière du jour après un tel enchaînement.
En ce qui concerne les émotions négatives, on en a un bon concentré dans « Lumina Aurae », chanson de quinze minutes sortie à part et qui nous emmène au plus profond du désespoir. Sur une base entre ambiant, neofolk et funeral doom, les voix d’Einar Selvik et Marco Benevento se répondent pour former un titre encore jamais vu dans l’histoire de StS. On comprend la volonté du groupe de l’écarter de l’album et de la sortir à part.
Pour le reste, c’est le côté lumineux qui semble triompher dans les huit chansons composant l’album. Le morceau titre introduit bien cet aspect avec sa guitare acoustique et son ambiance très dépouillée. Sur pas mal d’éléments et notamment la batterie, on sent que le groupe s’aventure vers des sonorités post-rock/shoegaze à la Alcest. Ce n’est pas la seule influence nouvelle que l’on repère, Swallow the Sun semble avoir élargi encore davantage sa palette musicale à tous les niveaux, ne serait-ce que dans les guitares presque djent par moment.
Dans son chant également, Mikko Kotamäki se surpasse et nous offre une palette vocale encore plus grande que par le passé. On passe toujours par les habituels chants clairs, screams black metal et growls mais le frontman rajoute encore de la diversité dans son timbre par-ci par-là. Il y a vraiment de quoi séduire tout le monde dans cet album, que ce soit « Stone Wings », ultra-accessible titre de moins cinq minutes ou « Clouds on Your Side », beaucoup plus expérimental. Dans cette dernière, on retrouve à la fois une intro aux beats trip-hop et une outro avec un texte parlé en français (!) tout en gardant la forte identité death-doom de Swallow the Sun. Un vrai petit exploit. Puis pour conclure il y a « Never Left » et son riff magnifique et triste, comme seuls les Finlandais savent en créer depuis presque vingt ans maintenant.
Beaucoup ont dit que les Finlandais sortaient là leur disque le plus accessible. C’est vrai mais cette accessibilité n’est qu’une façade. Il faut plusieurs écoutes pour révéler la face cachée rendant les certains titres bien plus intéressants qu’à la première impression. Il en va de même pour l’ambiance générale du disque. En apparence, on est face à un album plutôt lumineux mais au fil des écoutes on sent percer le profond désespoir de son créateur. Le deuil auquel fait face Juha Raivio est cruel et terrible et rend finalement les huit titres encore plus beaux.
Avec ce nouveau disque, Swallow the Sun n’atteint pas les sommets qu’il avait atteint avec Songs From the North mais nous livre une nouvelle fois un album plus personnel et varié que jamais. On a hâte de retrouver le groupe en France pour reprendre une bonne dose de death/doom en live.
Photo by Jussi Ratilainen