Du gruik, du gruik, du gruik et encore du gruik ! C'était ce que nous avions au programme ce dimanche 11 novembre au CCO Pierre Lachaize de Villeurbanne. Quatre combos majeurs de la scène brutal death en la personne de Cytotoxin, Benighted, Crytopsy et Aborted étaient donc présents pour cette dernière date française du Hell Over Europe Tour II. Une soirée sold-out où la poésie et la tendresse étaient, bien entendu, au menu avec une organisation Mediatone toujours au top niveau dans la région lyonnaise.
Cytotoxin
En cette journée commémorative de l'armistice de la première guerre mondiale, les metalheads les plus friands de la frange la plus extrême du metal se donnaient rendez-vous au CCO pour mettre fin à la paix et sortir la machine à baffes dans la fosse. A l'instar du Female Metal Voices Tour, c'est encore de bonne heure que nous sommes conviés pour une ouverture des portes à 18h. La scène est un véritable melting pot des quatre combos de la soirée. Deux batteries sont sur scène, l'une d'elle est couverte d'une bâche arborant le logo d'Aborted, le drapé de fond est celui de Benighted et enfin, deux portiques reprenant le logo de Cytotoxin viennent compléter le tableau.
18H30, les lumières s’éteignent, les choses sérieuses peuvent maintenant commencer. Connu et reconnu pour son univers et son jeu de scène tout particulier sur fond délirant radioactif tchernobilien, Cytotoxin ne va pas nous faire mentir la-dessus et est le premier à fouler la scène. Après que Jason nous exhibe un masque à gaz, véritable symbole du combo, Grimo fait son entrée à son tour, portant un masque à cartouche sur le visage, se plaçant en plein centre de la scène, un fût radiactif entre les mains. Les néons positionnés de part et d'autre de Stocki finissent de nous plonger dans le délire des Allemands. Le frontman enlève son masque et c'est un magistral pig squeal, le premier d'une longue série de ces cris caractéristiques du metal extrême semblable à des hurlements de cochon, qui ouvre les hostilités sur « Sector Zero » et l'incontournable « Radiophobia ».
Le show est total! Lors de « Frontier Of Perception » le fût fait son retour pendant le break où la totalité de la fosse headbangue à la limite de se dévisser le cou, avec des néons vert fluo semblables à deux barres de plutonium. Les growls gras et les gruiks sont de sortie, Grimo se mettant même à deux reprises (« Frontier Of Perception » et « Chernopolis ») le micro dans la bouche pour nous sortir un son saturé venant d'un autre monde. La fosse est bien garnie mais surtout très réceptive, pour preuve pas un seul ne résiste à l'appel du circle pit demandé par le frontman avec un panneau de signalisation sur « Radiatus Generis » et « Chernopolis ». Au niveau du son, la double de Stocki est dévastatrice, les solos de Fonzo et Jason sont remarquables ainsi que les lignes de VT en fin de « Radiatus Generis ».
« Chernopolis » issue de leur dernier opus Gammagedon vient clôturer les trente petites minutes de ce set avec Grimo qui fait le show en mimant une sulfateuse pendant les nombreux breaks ravageurs. C'est torse nu et remettant son masque à gaz qu'il reprend sont fût radioactif avant de quitter la scène en titubant sous les ovations et les signes de cornes générales du public. Ils seront ensuite tous facilement abordables à la table de leur merch, avant que Grimo ne refasse son apparition sur scène un peu plus tard dans la soirée.
Line Up:
Grimo: Chant
Fonzo: Guitare
Jason: Guitare
V.T: basse
Stocki: Batterie
Tracklist:
1 – Sector Zero
2 – Radiophobia
3 – Frontier Of Perception
4 – Radiatus Generis
5 – Plutonium Heaven
6 - Chernopolis
Benighted
A peine Cytotoxin parti, Les quatre membres de Benighted leur emboitent le pas pour les balances. Pendant que Kévin réajuste la batterie utilisée précédemment par Stocki, Julien nous fait tater des ses growls gutturaux et bien sûr de ses mythiques pig squeals. Les lignes de basse de Pierre font résonner les murs de la salle, Emmanuel et Fabien nous balancent des riffs de malades en pleine face et Kévin nous fait admirer toute sa technique à la double pédale. Avant que le show ne commence tout ce joli petit monde joue une dernière fois ensemble pour un passage qui s'annonce d'ores et déjà mémorable.
La salle est plongée dans la pénombre et c'est sans retard sur le running order que les Stéphanois commencent leur set par « Jekyll » issue de leur opus de 2014, Carnivore Sublime. Pas le temps de rêvasser dans le pit, les contacts sont rugeux et c'est avec un énorme circle pit que le public lyonnais accueille chaleureusement le groupe pour la seconde fois de l'année. Après que « Let The Blood » a vu les premiers stage diving de la soirée mais surtout les magistraux solos d'Emmanuel côté gauche de la scène, c'est moins de deux minutes non stop de violence totale qui attend l'auditoire avec « Necrobreed » (titre éponyme de leur dernier album studio). Ce morceau donne également l'occasion de rendre hommage de la plus belle des manières au backdrop aux couleurs de ce dernier opus.
« Martyr » et « Teeth And Hatred » qui « parle d'amour et de fleurs comme d'hab ! » selon les dires ironiques de Julien sont les deux pistes de leur exceptionnel dernier EP Dogs Always Bite Harder Than Their Master qui ont été choisies par le combo ligérien. Dans la lignée de ses prédécesseurs, ces deux titres sont vraiment taillés pour le live. Le public lyonnais ne s'y trompe pas et ce sont les pogos appuyés ainsi que les nombreux circle pit qui viennent accueillir ces deux nouveaux venus à la set-list de Benighted. Au milieu de ce champ de bataille, Julien prend même le temps de plaisanter à la fin de « Cum With Disgust » en lançant qu'il est « désolé qu'il n'y ai pas de barières a casser ce soir... ». Les personnes étant présentent à la dernière édition du Sylak sauront de quoi il en retourne...
L'Intro si familière à tous les fans du groupe résonne entre les quatre murs du CCO, qui savent déjà que le pire va arriver. Effectivement, après que tout le monde a repris un peu de son souffle, c'est « Reptilian » qui vient tout faucher sur son passage. Avant la der des der en la personne de « Experience Your Flesh » qui verra Pierre et Fabien faire littéralement hurler la totalité de la salle sur les refrains en écho de Julien, ce dernier annonce en exclusivité leur présence lors de la troisième édition du Lions Metal Fest le 1er Juin prochain. Kévin, la tête dans l'air frais de ses ventilos, en profite pour prendre une photo de la foule avec son téléphone. Quel show exceptionnel des Stéphanois ! Ils ont retourné littéralement la fosse, ne laissant que des restes pour les Québécois qui vont prochainement les suivre.
Line Up:
Julien Truchan : Chant
Emmanuel Dalle : Guitare
Fabien Desgardins : Guitare
Pierre Arnoux : Basse
Kévin Paradis : Batterie
Tracklist:
1 – Jekyll
2 – Let The Blood
3 – Necrobreed
4 – Martyr
5 – Cum With Disgust
6 – Teeth And Hatred
7 – Collapse
8 – Reptilian
9 – Experience Your Flesh
Crytopsy
La scène installée par les roadies de Crytopsy est simple mais terriblement efficace. Un énorme drapé recouvrant la totalité de l'arrière de la scène reprend le logo agressif blanc du combo sur fond noir et deux portiques à l'artwork de leur dernier EP The Book Of Suffering Tome II viennent compléter la scénographie, de part et d'autre des fûts et cybales de Flo. Les balances sont rapidement expédiées et c'est encore sans aucun retard sur l'horaire que le groupe entre dans le vif du sujet avec « Detritus ». Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne font pas dans la dentelle ! Les riffs de Chris sont rapides et techniques et que dire de la double de Flo... Impressionnant.
Après le passage tonitruant des Benighted, l'ambiance est malheureusement redescendue d'un cran. Mais qu'à cela ne tienne, ça n'empêchera pas les plus acharnés resté dans la fosse de faire quelques circle pit sur « Sit Your Guts », « Two Punds Torch » et « Graves Of The Fathers » qui vire littéralement au pugilat, sous les coups violents portés à nos pauvres clavicules. Le travail de Flo à la batterie est énorme, ses blasts et coups de double pulsent vraiment le set. Preuve de son engagement plus que total, une paire de baguettes vole en éclat sous ses coups brutaux répétés lors de « Sit Your Guts ».
« Fear His Displeasure » et « Sire Of Sin » seront les deux seules pistes de leur dernier EP en date The Book Of Suffering : tome II à être jouées ce soir. Mais qu'ils se rassurent, au vu de l'accueil réservé par le public, elles n'ont pas a rougir par rapport à celles qui les précèdent. Tout au long de leur passage, Matt nous dévoile toute l'étendue de sa palette vocale du growl tenu lors de « Sit Your Guts » au scream déchirant sur « Fear His Displeasure » en passant par ceux qui durent en début de « Two Pound Torch ». Souvent relayée au second plan, le son de la basse est relativement mis en avant avec Crytopsy et on ne peut que s'en réjouir en entendant le son pulsé et les bonnes lignes distillées avec brio par Olivier sur « Cold Hate Warm Blood » et « Phobophile ».
Malgré deux intros harmoniques et symphoniques pour « Grave Of The Fathers » et « Phobophile », le son brutal et direct de Crytotopsy reprend vite tous ses droits avec un Matt au chant qui n'hésite pas à faire tournoyer sa chevelure en headbang dès qu'un break lui en donne l'occasion. Situé dans le running order entre deux géants du brutal death, ce soir, les Québécois n'emporteront pas la majorité des suffrage malgré un set de qualité et quelques furieux dans le pit s'en donnant à cœur joie dans de nombreux pogos. Après avoir invité tout le monde à boire une bière avec eux à leur merch, le quatuor clôt les débats avec « OrgiasticDisembowelment » d'une violence à toute épreuve.
Line Up:
Matt McGachy: Chant
Chris Donaldson: Guitare
Olivier Pinard: Basse
Flo Mounier: Batterie, Choeurs
Tracklist:
1 – Detritus
2 – Sit Your Guts
3 – Cold Hate Warm Blood
4 – Two Pound Torch
5 – Graves Of The Fathers
6 – Fear His Dipleasure
7 – Phobophile
8 – Sire Of Sin
9 - OrgiasticDisembowelment
Aborted
Ça y est, le moment tant attendu est presque arrivé ! Tous les roadies des bouchers belges sont sur le pont pour monter les nombreux éléments qui composent leur scène. La pièce maîtresse est enfin dévoilée, la bâche est retirée et c'est la batterie de Ken aux deux impressionnantes grosses caisses (floquées du logo blanc « A » du combo sur fond noir) qui trône en plein centre de la scène. De chaque côté sont disposés deux têtes empalées sur des piques ainsi que deux cadavres dans des cercueils et enfin deux portiques reprenant l'artwork de leur dernier opus TerrorVision, tout comme l'immense drapé qui orne le fond de scène. La double et les blasts font résonner les murs du CCO pendant les courtes balances. Les lumières s’éteignent, nous sommes bientôt aux portes de l'Enfer.
Les musiciens entrent chacun à leur tour sur l'intro « Lasciate Ogni Speranza » issue de leur dernier album studio. Sven demande à l'assemblée si tout va bien, le son se tait et c'est le déferlement de violence de « TerrorVision » qui nous est balancé en pleine face. Il n'y a rien a redire, ces deux pistes de leur dernier né sont parfaites pour une ouverture de bal. Sven navigue comme un mort de faim sur toute la longueur de la scène, faisant profiter au maximum de sa présence tous les metalheads du premier rang. Sur le breakdown les canons de fumée sont de sortie, ce sera le aussi le cas pour « Deep Red », « Divine Impediment », « Cadaverous Banquet », « Termination Redux », « Squalor Opera » et enfin« Sanguine Verses ».
Leur dernier opus est mis sur un relatif piédestal, seul « Vespertine Decay », « Visceral Despondency », « Altro Inferno » et « The Final Absolution » manquent à l'appel, mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'elles s'imbriquent parfaitement au reste de la setlist. La communion de Sven avec son public est totale. Il n'hésite pas un seul instant à frapper dans les mains du premier rang et à rattraper en vol les quelques slammeurs furieux qui partiront par la suite dans le pit en stage diving. Comme pour remercier le frontman belge, les nombreux fans le lui rendent bien en animant constamment la fosse par de violents pogos et autres circle pit plus ou moins importants.
Les deux moments les plus marquants de cette soirée restent sans nul doute les duos avec Julien (Benighted) sur « Termination Redux » et Grimo (Cytotoxin) avec « A Whore D'Oeuvre Macccabre ». Pour le premier, son entrée dans l’hilarité générale sur « Tous Ensemble » de Johnny Halliday laisse rapidement place à la brutalité vocale et scénique la plus totale. Il en est de même pour le second qui du haut d'une des deux plateformes situées autour de la batterie met au service des screams de Sven ses growls les plus puissants et gutturaux.C'est l'occasion de mettre en avant le break de « Exquisite Covinous Drama » durant lequel la fosse a été séparée en deux par Sven avant de ne faire brutalement plus qu'une dans un gigantesque wall of death (le seul de la soirée).
Pour la der des der, Aborted nous offre en guise d'ultime rappel « The Holocaust Incarnate » sur un plateau d'argent. Pour ce dernier assaut, un retournement total de la salle est demandé et c'est dans une bataille générale animée de deux circle pits géants que Sven est entendu par l'assemblée. Pas de repos pour les braves durant ce passage d'une petite heure pour les Belges. Comme à l’accoutumée, ils n'auront laissé que des lambeaux de chair humaine derrière eux, bien aidés dans cette tache par les trois groupes précédents. C'est avec des bleus sur tout le corps mais le sentiment d'avoir passé LA soirée death brutal de l'année que nous quittons le CCO Pierre Lachaize en remerciant Mediatone et les bénévoles pour leur accueil et leur disponibilité.
Line Up:
Sven De Caluwe : Chant
Mendel Bij De Leij : Guitare
Ian Jekelis : Guitare
Stefano Franceschini : Basse
Ken Bedene : Batterie
Tracklist:
1 – Lasciate Ogne Speranza
2 – TerrorVision
3 – Deep Red
4 – Hecatomb
5 – Retrogore
6 – Farewell To The Flesh
7 – Divine Impediment
8 – Cadaverous Banquet
9 – Termination Redux (feat Julien Truchan / Benighted)
10 – Squalor Opera
11 – A Whore D'Oeuvre Macabre (feat Grimo / Cytotoxin)
12 – Exquisite Covinous Drama
13 – Sanguine Verses (...Of Extirpasion)
14 – Threding On Vermillion Deception / The Saw And The Carnage Done
Rappel:
15 – The Holocaust Incarnate
Photographies : © Lukas Guidet
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe