A Pale Horse Named Death propose son troisième méfait When the World Becomes Undone après un hiatus de cinq années. Au programme : un metal toujours aussi désespéré, décliné sur des titres aux ambiances gothiques, aux riffs doom monolithiques et à la noirceur proche d’un Alice In Chains ou Type O Negative. Une fois de plus tout cela donne un résultat qui ne donne pas envie de sauter de joie mais reste tout à fait convaincant.
On se demandait ce que devenait Sal Abruscato depuis Lay My Soul to Waste, le précédent effort sorti par son cheval putréfié en 2013. Cinq ans sans donner de nouvelles alors que l’on a cofondé Type O Negative et Life Of Agony c’est déjà long. De quoi sortir de l’Histoire de la musique plombée. Mais Sal Abruscato est bel et bien de retour avec When the World Becomes Undone, troisième album de A Pale Horse Named Death donc. Et disons-le : ce fan de soccer, tout particulièrement du Manchester United, revient de loin.
En effet, le travail de composition aurait commencé dès 2014 mais la poisse s’est acharnée sur Sal, ce dernier ayant dû faire face à de graves problèmes de santé mais aussi failli perdre sa petite fille à la naissance. Tout cela l’a plongé dans un état dépressif, ralentissant toute volonté de produire de la musique. De plus, ses engagements avec un Life Of Agony pour lequel il est retourné s’asseoir sur le tabouret de batteur ne l'ont pas aidé à se concentrer sur son projet. A propos de kit, si Matt Brown, l’autre membre à l’origine de A Pale Horse, est parti, Johnny Kelly est arrivé pour tenir les baguettes, alors même qu'il avait remplacé Abruscato au sein de Type O Negative en 1994. Le monde est petit.
Entre temps, le monde en question a également changé, et pas pour le meilleur, ce qui a de même influencé la noirceur de ce nouveau disque. Nous nous retrouvons donc avec 63 minutes d’une musique évoquant le metal gothique flamboyant (la sensualité en moins) de Type O Negative mélangé à un Alice In Chains ayant quitté la névrose opiacée de Seattle pour découvrir le désespoir urbain new-yorkais.
Crédit : Sandi Ryan Golightlyphoto
L’intro « As It Begins » nous met dans le bain avec ses cloches et sa bête mugissant (le cheval mort ?) face à des pleurs féminins avant que ne déboule le poignant « When the World Becomes Undone », une power ballad « doomesque » aux textes inspirés en partie par les attaques terroristes de Paris en 2015. Ce titre est une vraie réussite avec son refrain lancinant qui reste en tête.
Sal Abruscato y fait d’ailleurs preuve d’un grand feeling au chant. Son timbre de voix est proche du regretté Layne Staley et l’ombre de la Alice Enchainée plane donc sur « Fell in My Hole », le très bon « End of Days », au groove un peu indus aussi, ou « Lay with the Wicked ».
Par ailleurs, de l’influence du Rhésus Négatif nous retiendrons certains roulements de toms ou ces fameux pick slide à la guitare typiques du jeu de Kenny Hickey. Mais il y a aussi ces quelques courtes plages entre les morceaux qui renvoient parfois aux expérimentations du Géant Vert. Citons en particulier l’interlude inquiétant « The Woods » qui avec ses incantations et cris rappelle « Fay Wray Come Out and Play » présent sur Bloody Kisses.
Avec ces intermèdes Abruscato a voulu donner un aspect cinématographique à son œuvre. Ainsi, « Succumbing to the Event Horizon » évoque un futur inquiétant, presque post-nucléaire, tandis que l’outro reprend les choses comme au début : une cloche sonne et des pleurs se font entendre sous un orgue funéraire, ce qui ne laisse pas de place au happy end. Ces courtes pistes ambiantes donnent un petit plus agréable.
Le groupe a également développé un aspect pop, proche des dernières productions de Life Of Agony comme sur le mid tempo « Love the Ones You Hate », qui possède aussi un petit côté Stone Temple Pilots, sans oublier ses discrets « ouh ha » renvoyant une fois de plus à Peter Steele. Parfois, on est pleinement dans le doom comme avec « Vultures » et son gros riff sabbathien donnant l’impression d’une mort menaçante et rampant vers nous.
De même, cette couleur doom se retrouve sur le dépressif « We All Break Down » qui évoque aussi les injustement oubliés Pist.On (groupe d’ailleurs produit par Josh Silver de Type O Negative), tandis que le Cheval Pâle innove en mêlant une ligne de violoncelle à l'un de ses riffs sur le franchement convaincant et accrocheur « Lay with the Wicked ». Finalement seul « Splinters » est un peu en dessous du reste et traine en lourdeurs et en longueurs.
Cette balade à dos de monture mortuaire s’achève sur « Dreams of the End » (et son « Pray for us » répété en intro), chanson désespérée qui aurait pu être composée par le grand Pete, tellement le mimétisme est proche, mais qui reste tout à fait convaincante.
Il ne reste plus qu’à espérer deux choses à l’écoute de ces treize plages : que Sal Abruscato aille mieux pour se remettre à composer rapidement mais aussi qu’il trouve suffisamment de négativité pour continuer à faire courir son canasson sur la route de l’inspiration.
Liste des titres :
1. « As It Begins »
2. « When the World Becomes Undone »
3. « Love the Ones You Hate »
4. « Fell in My Hole »
5. « Succumbing to the Event Horizon »
6. « Vultures »
7. « End of Days »
8. « The Woods »
9. « We All Break Down »
10. « Lay with the Wicked »
11. « Splinters »
12. « Dreams of the End »
13. « Closure »
Sorti le 18 janvier 2019 sur Long Branch Records