Alexi Laiho, leader de Children of Bodom


A l'occasion de la sortie de Hexed, le nouvel album de Children of Bodom, ce 8 mars, nous nous sommes entretenus avec Alexi Laiho, leader du groupe. Après la publication de trois vidéos qui accompagnent la promotion en cours, le groupe s'apprête à partir en tournée dès le 13 mars au Canada puis aux Etats-Unis et sera de retour en Europe à l'automne prochain.

Comment ça va Alexi ? La promotion de la sortie de Hexed se passe-t-elle bien ?

Tout se passe bien, oui. Comment dire...c'est le même travail bien rodé, après avoir sorti des albums depuis plus de vingt ans, on réalise un album et évidement la promotion en est la suite logique. La seule différence là, c'est que je suis en Australie en ce moment. Alors je dois juste jongler avec les décalages horaires mais tout se passe bien.

Comment as-tu composé l'album Hexed ? Est-ce que c'est le résultat d'un travail accumulé ces dernières années ou t'es-tu consacré exclusivement à cela pendant un temps ?

Absolument, oui. J'écris tout moi-même comme toujours et bien sûr, je me plonge tout entier, mon âme, ma tête et mon corps dans ce travail quand j'écris un album. A ce moment-là il n'est rien au monde qui puisse me distraire de ça. Je suis complètement investi dans la musique, je veux dire, ce n'est pas juste en apparence. Même ma personnalité change, parfois je deviens complètement maniaque. Je coupe la communication avec tout le monde quand j'écris. Oui, c'est très intense et clairement ça vaut le coup. 
 

Vous avez tourné énormément depuis quatre ans. Où trouves-tu le temps pour composer de nouveaux albums ?

Quand les tournées sont terminées, généralement on fait d’abord un break de quelques mois, à la seule différence que les autres membres du groupe prennent deux ou trois mois alors que je prends seulement un mois. J’en ai vraiment besoin pour me reposer la tête et le corps avant toute chose. Et après un mois, que ça me plaise ou non, je ressens le besoin d’y retourner, la nécessité de commencer à écrire, de m’y remettre. Quand je commence à ressentir que je suis improductif et que tout le coté médiatique devient pesant alors je me mets à l’écriture et là c’est parti.

C’est sûr que j’aime travailler dur et que parfois j’y vais à fond dans ma façon de travailler mais j’ai remarqué qu’en prenant de l’âge, j’apprécie de plus en plus tous les petits moments de repos que je peux avoir, où que ce soit et quelque moment que ce soit. Comme je te l’ai dit, je fais tout cela depuis vingt ans alors à ce stade évidemment, je me sens comme un vieux bonhomme...bien dans sa vie et bien dans son monde, ce qui est assez drôle d’une certaine manière parce que je n’y ai jamais prêté attention (rires)

Mais ne t’y trompe pas, je garderai toujours une âme d’adolescent. Simplement ce sont ces petites choses que tu notes ici ou là qui font que tu apprécies de rentrer chez toi parce que tu as juste besoin de dormir et cela devient une priorité juste après la musique.

Quand on écoute Hexed, on est saisi immédiatement, dès le premier morceau, par l’intensité et l’énergie qui s’en dégage. C’est un excellent album et on voit encore là, la progression constante de votre travail, la volonté de faire toujours mieux. Est-ce que ce désir-là, d’aller toujours plus loin, est toujours aussi important à tes yeux ? S’améliorer en permanence, est-ce aussi important que de créer ?

Oh absolument, oui. C’est clair qu'au-delà de donner la musique au public, le travail sur soi vient juste après et que cela ne s’arrêtera jamais. Peu importe si je suis fatigué, jamais je ne changerai de mentalité là-dessus. Je pense honnêtement que nous sommes suffisamment bons dans notre travail, qu’on joue plus que jamais avec la dextérité nécessaire, ok, il n’empêche. On doit toujours s’améliorer et repousser les limites,  tu sais, c’est valable en tant que musicien, auteur, artiste mais aussi en tant qu'être humain si tu prends cela au sérieux, ce qui évidement est mon cas. Je connais beaucoup de groupes qui prennent une autre direction après dix albums en prenant plus de temps. Je ne sais pas, peut-être est-ce là une démarche plus mature ou quelque chose comme ça et il n’y a absolument rien de négatif là-dedans, dans le sens où beaucoup d’albums ont vu le jour après vingt ans chez ces groupes. Mon point de vue personnel, c’est que Children of Bodom a toujours son âme d’enfant comme je te l’ai dit. Je crois toujours et plus que jamais à nous comme un collectif avec toujours notre âme des débuts parce qu'à la fin de la journée, on est et on reste Children of Bodom.

Par exemple, je peux t’assurer qu'on n’arrivera jamais à un stade où on voudrait changer de style, faire un album super lent ou très émotionnel. Tu vois ce que je veux dire n’est-ce-pas ? Et ce n’est pas non plus ce qu’on attend de nous. Si un jour on s'en lassait... Je ne sais pas comment cela se passerait, en tout cas actuellement personne ne ressent cela. Au contraire : aujourd'hui, je peux te dire qu'on est de plus en plus chauds à l'idée de prendre la route en mars. 
 

Justement, dans "This Road", tu dis “Cette route va me tuer”. Tu la connais très bien cette route, tu dis que c’est difficile d’être toujours en tournée mais aussi qu’il n’y a pas d’autre chemin. N’est-elle pas le prix à payer pour te réaliser ? Tu sembles gérer parfaitement l'équilibre entre ton âme d’enfant et ton mental solide et d'une grande maturité. 

Bien sûr, à un certain moment, ça devient une question de santé de trouver cet équilibre. Oui, je crois que je l’ai trouvé durant ces deux dernières années où j’ai pu passer du temps avec ma famille et puis elle comprend que je dois m’absenter beaucoup. Le fait qu’elle accepte ça est très important parce que je n’ai pas à me faire de souci à ce sujet. L’autre aspect de ma vie, c’est d’être sur la route ou alors de partager mon temps pour être ici en Australie avec ma famille ou bien à Helsinki en Finlande, parce que tout le travail de groupe se fait là-bas. S’il y a un festival d’été en Europe, bien entendu, je reste en Finlande, je ne prends pas un vol de retour pour l’Australie juste pour un jour. Quand je me prépare pour le prochain festival, je me mets en condition pour être au top. Alors c’est important d’avoir à côté de cela quelque chose d’autre comme ce que j’ai aujourd’hui et je l’apprécie beaucoup.

En résumé, comment classes-tu Hexed dans la discographie de COB ?

Ce serait dans un nouveau chapitre intitulé : "Putain de chance, on ne va nulle part !"

Vous êtes soudés depuis longtemps avec Janne, Henkka et Jaska et dans les derniers chats incluant Daniel Freyberg, il semble avoir trouvé sa place très naturellement. Pourtant ce n’est pas si facile de devenir un membre à part entière de Children of Bodom, si ?

En effet. C’est vraiment étrange de voir à quel point ça colle avec lui. C’est le genre de gars qui rentre dans un bar, boit des coups et se marre. Il a été un membre du groupe pendant la première année alors qu’on continuait à auditionner d’autres guitaristes avant de prendre la décision de le garder ou non et après deux ans, on a eu le sentiment qu’il avait toujours fait partie du groupe. C’est un super mec. Exactement le bon mec. Il est ce chaînon manquant dont Children of Bodom avait besoin. C’est difficile à expliquer mais, tous les quatre on est une famille, on a grandi ensemble. Alors forcément, il y a des personnalités différentes dans le groupe. Je pense que Daniel est exactement le lien qui nous manquait et maintenant c’est juste génial car, évidemment c’est un excellent guitariste, il travaille très dur. Il est vraiment génial sur scène et pour tout en fait. Vraiment, on est très chanceux de l’avoir trouvé.

La tournée mondiale 2019 aux Etats-Unis et en Europe est annoncée, avec une cinquantaine de dates de mars à octobre. Y aura-t-il d’autres dates ajoutées ? Spécialement en France où aucune date n’est prévue pour le moment et pourquoi pas les 70000 Tons of Metal.

Oh, je suppose que oui et j’espère bien en tout cas. En général, il y a une première annonce et puis, pour l’Europe par exemple, c’est toujours suivi d’autres dates, en général ça dure un an. Oui c’est certain, je peux dire qu’il y aura d’autres dates à venir. On a fait les 70000 Tons en 2016 alors oui, c’est possible pour 2020 même si rester sobre pour jouer sur un bateau qui bouge n’est pas idéal pour moi (rires)
 

En 2015, tu as initié les 100 Guitars from Hel à Helsinki. As-tu d’autres projets parallèles qui te tiennent à cœur et que tu souhaites réaliser un jour ? Notamment des collaborations avec d’autres artistes ?

C’était unique dans tous les sens du terme. C'est d’abord un projet particulier, pas seulement pour moi mais pour tout le monde. Unique aussi parce que ce type de projet n’est pas amené à se reproduire.

Quant aux collaborations, j’ai régulièrement des discussions ici ou là avec d’autres artistes à ce sujet. Le problème majeur pour nous tous, c’est que tout le monde est extrêmement pris, je suis occupé en permanence et ceux avec qui j’adorerais travailler sont plus qu’occupés eux aussi. Evidemment, la priorité ce sont les projets de chacun mais qui sait, on verra bien ce qui peut arriver. Quelque chose de complètement dingue peut toujours se produire.

Parmi ces projets annexes, il y a aussi The Local Band qui lui, perdure. On dirait que ce groupe est nécessaire pour te ressourcer et que tu y prends beaucoup de plaisir...

Oh oui ! Clairement, The Local Band est mon seul projet parallèle dans la durée et c’est vraiment génial à tout point de vue. D’abord, j’adore les gars, les morceaux qu’on joue. Là, on est un groupe de reprises et en même temps, on a fait une tournée au Japon qui affichait complet. Le truc improbable ! C’est surtout énormément de plaisir parce qu’il n’y a aucun stress. Je n’ai pas à me prendre la tête sur le fait d’être Alexi Laiho ou de faire un concert de Children of Bodom. Je peux être n’importe qui et m’éclater à être Mick Mars, tu vois, juste le guitariste en arrière-plan et avoir une autre personnalité le temps d’un morceau. 

Es-tu en train de dire que c’est beaucoup de pression d’être Alexi Laiho ?

Oui, oui, je sais mais là, j’ai la liberté d’être le gars dans les décors. Pour autant, je me donne de la même façon à cent pour cent à chaque fois. C’est juste différent, un autre état d’esprit, c’est tout.

Là tu joues dans des styles très différents de Children of Bodom. Quel est ton groupe favori de thrash ou black metal ? Et tu écoutes quoi en ce moment parmi les groupes plus récents ?

Pas si facile mais si je dois en sélectionner un seul, ce serait Impaled Nazarene, oui clairement. Il y a vraiment beaucoup de groupes que j’écoute comme Motionless in White ou Parkway Drive. Pas vraiment nouveau mais, pour moi ils sont nouveaux en quelque sorte. J’écoute beaucoup de musique et je suis toujours en quête d’un réel coup de cœur. Je trouve une certaine répétition au niveau du son en ce moment mais il faut un peu de recul car j’imagine qu’on disait exactement la même chose il y a vingt ans.

En parlant de reprises, il y en a pas mal dans la discographie de COB et pourtant vous n’en jouez jamais sur scène, ce qui parait assez normal mais votre version de "Somebody Put Something in my Drink" est l’une des meilleures reprises que je connaisse. Est-ce envisageable de la voir jouée un jour en concert ?

On l’a jouée quelques fois en Finlande alors je sais qu’on peut le faire. Je ne devrais pas faire de promesses car je vais oublier ça mais oui quand on viendra en France, je vais essayer de m’en rappeler. Désolé si j’oublie mais ça serait cool de le faire.

C’est ma dernière question Alexi et elle est pour les fans de Children of Bodom. As-tu un message pour eux ? En français peut-être ... ?

Avant toute chose, juste un message aux fans et amis, comme toujours, et je parle sincèrement, on a hâte de revenir  vous retrouver. Depuis 1998, on aime toujours jouer pour vous. Dans chaque ville où on joue en France, c’est partout et à chaque fois la même chose, on est très excités de revenir, et  on sera probablement là à l’automne. Ne me demande pas de parler français, je crois que je ne connais aucun mot. Henkka lui, parle le français. Tu sais quoi ? je vais commencer à apprendre quelques mots parce que là, je réalise que je n’en connais pas un seul.

Alexi, merci, merci beaucoup de nous avoir accordé de ton temps si précieux en ce moment. On vous souhaite le meilleur pour la sortie de Hexed et la tournée qui va commencer dans quelques jours. A bientôt.

A bientôt sur la tournée.

Interview réalisée le 15 Février 2019 par SAMM
Crédits photos : Marek Sabogal / Droits réservés Children of Bodom

 



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...