On peut dire que les Nordistes de W.I.L.D n'ont pas chômé ! A peine deux ans après la sortie du remarqué Purgatorius, le quintette est déjà de retour avec un nouvel album soigné et encore plus diversifié que son prédécesseur. Pas d'inquiétude, W.I.L.D. officie toujours dans un death / thrash puissant, mais les douze pistes de The Domination Chronicles permettent de lorgner vers d'autres horizons et d'apporter une dose de fraîcheur bienvenue à l'ensemble.
Et pourtant les premiers riffs de "Wrong Time Wrong Place" ou "This is Now" s'inscrivent dans le registre habituel du groupe, à grands coups de double pédale, rehaussée d'une rythmique thrashisante ("This is Now"). Le thrash se retrouve encore sur le solo de "Inmate", ou le mid-tempo du titre "I Am Destroyer". Mais la mélodie n'est jamais loin, comme sur ces passages où Jérôme (chant) lorgne vers un chant clair (le refrain de "Wrong Time Wrong Place", "Waiting for the Savior", "Until I Bleed"), ou dans ces apports acoustiques discrets (les arpèges finaux de "This is Now", l'intro et le pont de "Until I Bleed"). Tous ces éléments mélodiques renforcent le contraste avec la violence rythmique au sein des titres pour un résultat que n'attend pas toujours l'auditeur. On pense notamment à ce pont atmosphérique sur "Waiting for the Savior" et ce solo de basse sur ce même titre, qui ravira tous les amoureux de l'instrument – et les autres aussi, à n'en pas douter !
Tout en rendant toujours hommage à son style de prédilection, le quintette cherche à surprendre l'auditeur avec de nombreux petits passages déstabilisants pour qui s'attend à entendre du riff pendant cinquante minutes. Chaque élément est soigné (ce travail sur les toms de batterie presque tribal sur l'introduction de "Knock Him Down", ou encore le riff en tapping sur celle de "Jeff Warden") et l'on sent que W.I.L.D a atteint une certaine maturité dans son style musical, lui permettant d'ajouter un peu de folie à son arc.
Côté production, le groupe a choisi de proposer une mise en son moderne mais très équilibrée, avec beaucoup de dynamique, évitant l'écueil trop courant de nos jours de la surcompression. De même, on apprécie ces petits détails tels que le mix qui varie régulièrement sur les canaux gauche et droit, ou le solo de guitare à 0:32 sur "Inmate" qui est également doublé par la basse. La pause offerte par l'interlude "The Fifth Key", où le stoner n'est pas loin, est également appréciable et fait respirer l'œuvre , tout comme "A Matter of Perspective", conclusion cinématographique parfaite pour refermer le livre conté par W.I.L.D.
Si l'on cherchait la petite bête, on pourrait dire que "Dignity Lost" et "Skin and the Bones" sont peut-être plus classiques, en dépit d'une introduction en son clair particulièrement accrocheuse, ainsi que d'un solo slayerien pour ce dernier. Mais ce "Skin and the Bones" fait encore une fois preuve de diversité, notamment sur sa partie finale down-tempo écrite pour casser des nuques en live.
Plus long que Purgatorius, mais plus travaillé, plus abouti et plus diversifié, ce Domination Chronicles est un excellent opus, bien plus qu'un simple album de death lambda. On ne s'ennuie pas à l'écoute des douze titres variés, qui trouvent un bon équilibre entre brutalité du death, efficacité du thrash et qui lorgnent vers le prog par l'ajout de petites touches dispersées ça et là pour surprendre. Un très bon cru que l'on a désormais hâte de découvrir sur scène, à commencer par le show que donnera le combo au Metal Corner au Hellfest en juin prochain.
Note : 8,5/10
Photos promo : © DR WILD / Overpowered Records
Sortie prévue le 1er mars chez Overpowered Records