Il aura fallu un peu plus d'une trentaine d'années de carrière pour voir Les Tambours du Bronx embrasser pleinement la voie du metal. Après avoir enchaîné de nombreuses rencontres et dates aux côtés du combo mythique brésilien de Sepultura depuis six ans, les natifs de Varennes-Vauzelles ont concrétisé ce projet avec un Weapons Of Mass Percussion disponible dans les bacs via AT(h)OMe depuis le 19 octobre dernier.
C'est en 1987, dans le Bronx local de la Nièvre que débute l'aventure musicale des Tambours du Bronx. Entourés d'usines et d'ateliers, le choix des mailloches et des bidons de 225 litres monostress fut une évidence pour la reproduction rythmique des percussions industrielles de leur quartier natal. La suite de l'histoire est un véritable rêve éveillé : une trentaine de pays sillonnés, des collaborations (Young Gods, Didier Wampas, Jaz Coleman, Sepultura, etc...), mais aussi des premières parties assurées pour Metallica, Alice in Chains, Led Zeppelin, Korn, Johnny Hallyday et David Guetta. Après sept albums où les percussions se sont agrémentées de sons indus, rock et techno, c'est du côté de la puissance et de la rage du metal qu'ils se sont tournés pour ce dernier effort studio.
C'est dans un premier temps avec l'artwork pensé par Fabien Courtoux que Les Tambours du Bronx marquent les esprits. Les bombardiers militaires larguant des dizaines de fûts et les bras menaçant avec une guitare et des mailloches au premier plan nous annoncent d'ores et déjà une guerre acoustique. Après, c'est le line up de rêve qui nous promet du lourd. Nous retrouvons dix TDB aux bidons, deux sont passés à la guitare et un à la basse. Ils sont accompagnés de Francky Costanza (ex-Dagoba, Blazing War Machine) à la batterie, Stéphane Buriez (Loudblast, Sinsaenum) et Reuno Wangermez (Lofofora) au chant et d'Arco Trauma au clavier.
Côté musique, ça tiens vraiment toutes ses promesses ! A la vue de l’impressionnante tracklist, on craint un album lourd ou aux pistes courtes non abouties. Il n'en est rien car « Desert night road », « Dunes of ashes », « Wolf smile back », « Shaking heat », « The seven organs of revelation » et « Nos blessures » sont des titres laissant libre cours au talent d'Arco aux samples pour faire le liant entre toutes les pistes rendant ce WOMP ultra-homogène. « Delirium demain » nous met tout de suite dans le bain, la puissance de percussion des bidons décuple celle de Francky. Le chant de Reuno est impeccable, rocailleux mais mélodieux à la fois.
On reconnaîtra d'ailleurs la patte de ce dernier sur tous les titres en français, quant à ceux en anglais, le travail de composition a été laissé à la guise de Stéphane. Les singles « Mirage eternel » et « Jour de Colère » nous bottent les fesses magistralement avec le mariage parfait des nappes synthétiques d'Arco et des riffs de Ben, Dom et Sid avec le son tribal des bidons et de la batterie de Francky. A noter la présence de Renato Di Folco (Trepalium) et Apolline Magnet (Platic Age) sur l'excellent « Le Festin » pour le premier et sur l'exceptionnelle reprise des Prodigy « The day is my enemy » pour la seconde.
Nous ne pouvons que mettre en avant la très bonne reprise de Serge Gainsbourg en la personne de « Requiem pour un con ». Le rythme africain d'origine laisse place avec brio au son plus électrique et pulsé des Tambours du Bronx. Le seul morceau qui ressort légèrement en deçà des autres (et c'est vraiment pour chercher la petite bête...) serait « Never Dead ». Le refrain répétitif martelé à de multiple reprises comme un slogan rend cette troisième piste un peu moins aboutie que les quatorze autres beaucoup plus recherchées.
Loin de tomber dans le cliché du « supergroupe », la collaboration des Tambours du Bronx avec les protagonistes les plus emblématiques de la scène métal hexagonale ressort comme un franc succès déferlant en live depuis l'année dernière. Ils ont su mettre le metal au service des percussions et non l'inverse, gardant l'essence originel du son du groupe. Avec cette pièce maîtresse sous le bras, le projet WOMP a de beaux jours devant lui ! Nous prendrons un véritable plaisir à voir prochainement ce que cela donne en concert dans les quatre coins de France.
Line Up:
Babas, Davidzio, Flav, Juju, Luc, Nono, Romain, Romy, Thierry & Wil: Bidons
Ben & Dom: Guitares
Sid: Basse
Stéphane Buriez: Chant
Reuno Wangermez: Chant
Francky Costanza: Batterie
Arco Trauma: Clavier
Tracklist:
1 – Delirium demain [2:43]
2 – Desert night road [0:39]
3 – Never dead [2:58]
4 – Jour de colère [3:32]
5 – Le mal [3:10]
6 – Dunes of ashes [1:47]
7 – Mirage éternel [4:10]
8 – Tainted with anger [2:46]
9 – Noir [3:33]
10 – Wolf smile back [1:21]
11 – Pray [2:26]
12 – Le festin [3:34]
13 – Shaking heat [0:36]
14 – Divine desease [3:54]
15 – The day is my enemy [4:26]
16 – New day [3:56]
17 – The seven organs of revelation [1:14]
18 – Requiem pour un con [3:51]
19 – Nos blessures [2:16]
20 – L'un des notres [3:13]
Sortie: 19 octobre 2018
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