Comme chaque mois de février, Damage Done Productions propose de nous réchauffer un peu avec le désormais classique Haunting The Chapel Festival. Comme d’habitude, deux soirées, deux ambiances avec une soirée plutôt progressive et une soirée metal extrême. En tête de l’affiche cette année : Otep et Decapitated. De quoi passer un bon weekend.
Jour 1
Stubora
En guise d’amuse bouche, nous assistons au concert de Stubora, groupe de hard rock de Toul. La configuration est minimale : guitare, batterie/chant, basse/chant. Le stress est palpable au début du set mais il est rapidement effacé tant les Lorrains vivent leur musique. A mi-chemin entre rock et metal, les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas. C’est à la fois puissant et mélodique, avec des riffs et des breaks efficaces.
Le chant est en français mais le mix ne laisse pas assez de place au micro pour comprendre réellement les paroles. Les trois compères enchaînent les morceaux d’un set bien construit qui monte en puissance. Le public est clairsemé mais Stubora joue parfaitement son rôle de chauffeur de salle. Avec un final sur "Ace of Spades", le groupe assoit sa détermination et finit de faire adhérer la foule. Une belle découverte avec une énergie sincère et contagieuse.
Insolvency
Pour l’entrée, vous prendrez bien un peu de metalcore ? C’est parfait car c’est Insolvency qui monte sur scène pour venir défendre son premier album Antagonism Of The Soul , sorti en janvier 2018. Insolvency reprend tous les codes du metalcore, en y insufflant juste assez de violence et de sentiments pour pouvoir se démarquer. Nous avons donc deux chants, un clair et un décrié, sur fond de guitare technique et de jeu sur les tempos.
Là où Insolvency se démarque, c’est sur les passages lancinants, presque émotifs, jouant sur les samples de piano et les mélodies douces. Les breaks et les riffs n’en sont que renforcés et le chant se mêle dans le tout comme des voix dans vos têtes. De plus, l’énergie déployée est assez impressionnante. Le public adhère aussitôt malgré le pit encore clairsemé. Le set a l’air court, mais c’est parce que les morceaux sont assez longs et varient avec les thèmes. On ne peut pas s’ennuyer, car la structure des morceaux saura résonner en nous pour nous rappeler ce que l’on préfère dans le metal. En cela, la musique proposée par Insolvency est intelligente et sincère.
Psycho Village
En guise de plat, on part sur un peu de Psycho Village, groupe de metal electro d‘Autriche. Un peu étonnant de voir ce genre de groupe dans une soirée metal car c’est beaucoup plus pop que le reste avec beaucoup de samples. Cependant, les instruments sont très bons, la guitare est parfois bien énervée. Il y a deux écrans projetés pour accompagner la musique en image, plutot bien pensé selon les thèmes, on a même une lyrics video pour pouvoir accompagner le chant et les choeurs.
La structure des morceaux est assez similaire et la voix est très lisse. Les soli sont de bon augure et redonnent un peu de technicité et de vigueur à l’ensemble. C’est finalement un genre assez grunge si l'on enlève les samples qui sont carrément électro et qu’on ne peut pas louper. Les morceaux plus récents sont un peu plus travaillés mais bizarrement aussi plus cheesy. Bon esprit et super envie, on sent qu’ils sont proches de leur public, qui le leur rend bien. Le chanteur guitariste finira au milieu de la fosse pour le dernier morceau, au plus grand plaisir du public.
Otep
Le dessert de la soirée se fait attendre : les fans commencent à s’impatienter après 40 minutes de retard, mais ne sont que plus excités à la venue de leur groupe sur scène. En jouant la majorité des titres de Kult 45, leur dernier album, Otep réaffirme son côté engagé pour l’égalité, avec des thèmes autour de l’injustice, des guerres, des conflits, de la maltraitance, la folie tout cela sur fond de sirène hurlante. L’emblématique chanteuse déploie une énergie monumentale et prend tout le charisme du groupe pour le renvoyer à la face des fans qui sont venus en nombre pour cela.
Mélangeant nu metal, rap, et hardcore, Otep est un groupe taillé pour le live : l’énergie déployée est indissociable de la musique, même sur les morceaux les plus stoner. Les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas. Le groupe a envie de faire adhérer son public au maximum en ayant pensé le jeu de scène avec des costumes, des discours très engagé et en faisant participer son public à chaque morceau. On assiste presque à une pièce de théâtre, de plus en plus violente et puissante. Otep est clairement attendu ce soir, le public et le groupe ne feront plus qu’un à la fin du concert.
Jour 2
Warkunt
On commence ce deuxième jour avec un peu de violence. Warkunt est un groupe de death metal originaire de Strasbourg. Ce qui marque dès le début du set, outre les riffs rapides et maitrisés, c’est la voix. Il faut dire que le chanteur n’a pas la carrure d’un haltérophile mais envoie un grunt sortant des bas fond, très maitrisé et très impressionnant. Les structures des morceaux sont brutales et lourdes, sans se ressembler, jouant sur les tempos et les atmosphère pour rendre le set harmonieux.
Le chanteur joue avec le public en faisant des slam et en demandant leur participation, ce à quoi le public répond volontiers. D’abord peu nombreux dans le pit, les gens se pressent peu à peu devant Warkunt, battant la mesure du pied ou de la tête. Venu présenter leur premier album Of Ruine And Agony, le groupe se donne à fond pour conquérir le public lorrain. Pari réussi.
Sphaera
C’est au tour de Sphaera de monter sur scène. Originaire de Nancy, le groupe est conceptuel, alternatif, expériemental, savant mélange de nu metal à la System of a Down ou Korn, de metal et de progressif. Le chanteur habillé façon freak show nous dévoile une palette de nuances assez impressionnante. Oscillant entre chant clair, growl puissant, chant parlé et voix lyrique, il fait varier les ambiances au simple son de sa voix.
Le guitariste est très technique, alternant riffs et mélodies, jouant sur les tempos à l’aide d’une batterie très précise et technique. L’ensemble est agréable mais sort un peu trop du lot par rapport au reste de la soirée, les morceaux sont longs mais pas du tout ennuyeux car on nous présente beaucoup de thèmes et de tempos différents dans un même morceau. On a l’impression d’écouter la BO d’un film à la Tim Burton. On passe un très bon moment, sûrement que le groupe aura marqué les esprits.
Heart Attack
Un peu de violence dans ce monde de brutes, avec Heart Attack. Ce groupe de thrash metal plutôt groovy nous propose beaucoup de riffs et peu de chant ce qui semble convenir, puisque tout le monde bat la mesure et répond aux appel du chanteur à coup de circle pit, wall of death ou autre pogo. La musique proposée par Heart Attack est très entraînante, avec des riffs communs mais efficaces, jouant sur les breaks et les tempos.
Les riffs composés en majeur sont bizarrement fédérateurs, et les riffs puissants qui suivent viennent renforcer et donner de la prestance aux morceaux. Le dernier album de Heart Attack est majoritairement proposé ce soir, mais avec deux albums à leur actif, difficile de passer à côté. On aurait peut être espéré quelques nouveautés, mais l’ambiance est à la hauteur de la soirée : brutale.
Decapitated
Dans le milieu du death metal, inutile de présenter Decapitated, véritable tornade du genre. Avec sept albums à leur actif, le groupe est attendu et nul doute que le show sera à la hauteur des espérances de tous.tes. On ne fait pas dans la dentelle ici, mais plutôt dans l’ultra volent, rapide, précis, technique et brutal. Le chanteur développe à lui seul une énergie assez impressionnante, il est de ceux qui en impose rien qu’en étant début devant nous. Le groupe déroule un set mesuré et huilé comme un moteur.
Le show est conforme à ce qu’on attend d’eux, mais avec une justesse et une énergie assez impressionnante. Le son est un peu fort donc un peu compact, mais on discerne très bien les différentes notes et chaque coup donné sur les fûts. Le groupe est clairement attendu et le public leur donne un bonne grosse réponse. Tout se joue sur les riffs, qui différencient les morceaux les uns des autres, plus le set avance, plus c’est brutal. Malgré des dates rapprochées du groupe dans la région, les fans sont venus en masse ce soir pour prendre leur dose de death.
Encore une fois, Damage Done Prod aura su nous concocter une édition du Hautning The Chapel qui aura su convenir au plus grand nombre. L’ambiance et l’organisation est toujours au beau fixe, un festival où il fait bon aller pour les accros des festivals en manque lors de la période hivernale. Sans nul doute que la production nous gâtera en 2020 !
Merci à Damage Done Productions pour l'invitation.
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