On a l’habitude de voir les Islandais de Sólstafir à Paris mais cette soirée revêtait un cadre inhabituel. Le groupe a investi une salle atypique, le Café de la Danse avec pas mal de places assises et a emmené dans ses valises un quatuor à cordes ainsi que Ragnar Olafson au clavier. Ils sont donc neuf musiciens à jouer ce soir, sans première partie. On se demande légitimement quelle setlist Sólstafir va nous offrir, les cordes constituant une partie importante de sa musique.
Première surprise, c’est « Náttmál », la dernière piste d’Ótta, qui ouvre le set. Nous n’aurons donc pas droit à Berdreyminn joué dans son intégralité comme l’affiche de la tournée nous le promettait à demi-mot. Le son est mieux calé que le dernier concert des Islandais dans la capitale mais toujours pas parfait, dommage lorsqu’on se donne la peine d’amener neuf musiciens sur scène.
On retrouve avec plaisir le jeu de basse atypique de Svavar Austmann, les grands gestes désarticulés de Aðalbjörn Tryggvason et la nonchalance de Sæþór Maríus Sæþórsson à la guitare et au banjo. Sur « Ótta », le second morceau, le quatuor à cordes peut nous livrer tout son potentiel et nous procurer les premiers frissons de la soirée. On comprend vite que c’est l’album Ótta qui sera le plus mis à l’honneur ce soir sur ce format un peu particulier de soirée 100% Sólstafir. En même temps, c’est l’album qui contient le plus d’instruments à cordes.
Au bout de cinq chansons et 40 petites minutes de set, on arrive déjà à l’entracte après un somptueux « Miðaftann ». Le dernier passage des Islandais dans cette configuration avait duré deux heures trente, visiblement ils ne renouvelleront pas l’expérience. La plupart du public reste sagement à sa place pendant qu’est projeté sur scène un extrait de film qui n’intéresse pas grand monde. Vingt minutes de pause puis le groupe revient sur scène et repart avec « Lágnætti ».
Comme souvent, Addi plutôt timide en début de set, finit par parler beaucoup plus à la fin. Si l'on doit retenir un morceau pour rendre cette soirée spéciale, c’est « Necrologue », rare dans les setlists et où la sublime ligne de basse de Svavar fait des merveilles. Rare morceau chanté en anglais, il traite de la douleur de voir un ami prendre sa propre vie et Addi le dédie avec beaucoup d’émotion à Marianne Séjourné amie parisienne du groupe qui a choisi cette voie en 2013.
Evidemment, le « Highway to Hell » de Sólstafir, « Fjara » finit par être joué avec les cordes pour ajouter au sublime et avec les chœurs de Ragnar, imitant à la perfection le timbre féminin de l’album. Le public en redemande en scandant le refrain bien après la fin de la chanson et Sólstafir semble apprécier, reprenant par deux fois le morceau en jam.
Pour finir, après un « Kukl » surprenant et là aussi plein d’émotion, c’est parti pour le sempiternel show d’Addi sur « Goddess Of the Ages ». Un des plus beaux titres écrits par les Islandais sur lequel le frontman descend dans la fosse et sa balade, marchant en équilibre sur une barrière et saluant au hasard les spectateurs qu’il croise. Un moment cathartique qui fait figure de grande tradition dans les concerts de Sólstafir. Sur le crescendo final qui semble ne jamais vouloir finir, on voit Ragnar se lâcher et venir au milieu de ses camarades clavier en main pour finir le concert en apothéose.
Onze chansons, cela peut paraitre un peu faible pour une soirée à un seul groupe mais tout le monde a été conquis par la configuration atypique de la salle et du concert. Il ne manque plus qu’un petit effort sur la mise en son pour rendre ces shows définitivement inoubliables…
Setlist:
Náttmál
Ótta
Dýrafjörður
Hula
Miðaftann
Lágnætti
Hvít sæng
Necrologue
Fjara
Kukl
Goddess of the Ages
Photos : Clara Griot 2019
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