Pour sa seconde édition, le Brutal Campaign a de quoi être fier. Avec une très belle affiche réunissant les deux groupes cultes français que sont Mercyless et Depraved, ainsi que la présence de deux jeunes formations prometteuses avec Wintereve et Days of Crisis, l’hésitation n’a pas été longue pour se décider à venir passer un weekend en Lorraine. Pour l’occasion, l’organisation a investi la salle du Galaxie sur la base de loisir de Damelevières, en bords de Meurthe. Un endroit bucolique et charmant qui se prête finalement bien à une soirée consacrée au metal extrême…
Wintereve
Premier groupe à monter sur les planches, Wintereve est une jeune formation de doom mélancolique fondée en 2013. Le combo n’a pour l’heure qu’un album à son actif, mais s’apprête à piocher allégrement dedans pour constituer sa setlist et faire découvrir son univers au public du Galaxie. Immédiatement, on songe à des formations telles que The Gathering ou Dark Sanctuary pour les ambiances (bien que le groupe ne dispose pas de claviériste sur scène) mais on sent également quelques influences issues des premiers opus de Paradise Lost.
Mary, la chanteuse de la formation, possède un beau timbre de voix et se démarque aussi bien en chant lyrique que lors de quelques passages growlés, où elle est épaulée par Sébastien (basse) et Didier (guitare). Si le public reste globalement statique, notamment en raison du style musical pratiqué par Wintereve qui ne se prête pas aux moshpits, les applaudissements nourris à la fin de chaque titre témoignent de l’excellent accueil reçu par le quintette.
Le seul reproche que l’on pourrait effectuer concerne la sonorisation d'Armand (guitare), clairement sous-mixé sur ses parties arpégées en son clair par rapport à son compère Didier. Dommage, mais cela n’empêche pas d’apprécier le très bon « October Dies » et ses ambiances sombres à la Gathering. Si Wintereve ne réinvente pas le style, au moins le groupe le pratique avec conviction et envie. Un bon set qui donne envie de redécouvrir le combo en studio.
Setlist Wintereve :
We All Die Alone
Olima
Where Dreams are Buried
October Dies
Black As Mourning
Forever Bleeding Scars
This Winter Will Never End
Days of Crisis
Gros changement d’ambiance avec Days of Crisis. Le combo s’inscrit dans une veine death/thrash plutôt efficace, ce qui n’est pas pour déplaire à l’audience qui réserve un très bel accueil à la formation. « On est accueillis comme des papes », nous confie JB (chant) en remerciant à la fois le public et l’organisation. Musicalement, si Days of Crisis met en avant ses influences thrash (avec un chant death bien puissant de la part du vocaliste), la mélodie n’est jamais oubliée, notamment lors des passages solistes sur lesquels on décèle un goût prononcé de Mike (guitare) pour le heavy metal classique. Le musicien s’illustre également sur des parties en tapping qui ne sombrent pas dans la démonstration stérile.
Les instrumentistes sont particulièrement mobiles sur la scène et JB, pieds nus, va chercher l’audience en growlant pieds sur le retour. On sent que le groupe ne s’économise pas et qu’il prend un plaisir certain à fouler les planches du Galaxie. L’ensemble des musiciens est à l’aise sur scène, et l’on sent qu’en dépit du jeune âge des protagonistes, ils se sont tout de même forgé une belle expérience du live. Les conditions sonores se sont améliorées par rapport au set de Wintereve et tout le monde est servi par un son impeccable. On se prend d’ailleurs à admirer le jeu de Robin (basse) qui semble à l’aise à jouer sans médiator, malgré la rapidité de ses plans.
Si Days of Crisis officie dans un style très classique, on apprécie un set efficace et parfaitement exécuté, dont le seul but est de faire headbanguer l’auditoire avec vigueur. Pari réussi !
Setlist Days of Crisis :
Collateral Carnage
Curse
Mental Asylum
Former Tears
False Appearances
Bloody Mary
Dark Road
Dragon's Men
Close Your Eyes
Depraved
Au tour de Depraved de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière. Si le groupe se produit toujours très régulièrement sur scène, la formation semble prendre son temps pour donner un successeur studio à l’excellent Dive Into Psycho Terror. Et comme pour faire patienter ses nombreux fans présents ce soir, le quintette en profitera pour interpréter plusieurs nouveaux titres à paraître sur un prochain album, qui s’annonce d’ores et déjà dantesque d’après les extraits dévoilés lors de ce set.
En attendant, c’est « Psycho Torments » qui se charge de mettre un grand coup de massue aux spectateurs, à travers le chant grind chargé de colère de Kristoff, vocaliste de la formation. Depraved oscille toujours entre brutal death et grind, en alternant des titres courts (« Retaliation in Blood ») avec des compositions plus longues et travaillées (« I’m War »). Et si le groupe parait détendu (un petit problème technique ne semble pas le déstabiliser), notamment à travers son chanteur qui blague longuement avec le public (« la prochaine, on ne sait plus comment la jouer » s’amuse Kristoff), musicalement, Depraved ne plaisante pas du tout, comme en témoignent les blasts de Franck Mathieu (batterie).
Depuis son intronisation au sein du groupe il y a quelques années, Jean-Noël Verbercq, également bassiste de Mortuary, semble comme un poisson dans l’eau, et se démarque en comparaison de Gilles Poncet et Cédric Gérard (guitare) plus en retrait scéniquement. D’ailleurs, entre Depraved et Mortuary, une impression de grande famille se dégage, comme lorsque Kristoff invite Patrick Germonville, chanteur de Mortuary, à venir pousser quelques hurlements sur le très bon « I’m War ».
Finalement, devant la bonne humeur et la communication instaurée par le groupe, l’heure de jeu attribuée à Depraved passe à toute allure et l’on se sent pris dans une frénésie et une violence musicale qui ne laisse que peu de survivants. Depraved n’a décidément pas volé son statut de groupe culte de la scène death/grind underground et vient une nouvelle fois de nous le prouver ce soir.
Setlist Depraved :
Psycho Torments
Human Meat Scraps
Mental Illness
50 Shades (new song)
The Mask of Terror
I'm War (avec Patrick Germonville de Mortuary)
No Time (new Song)
See My World (New Song)
Retaliation in Blood
Mesmerize (new song)
God Forgives
Asylum
Scream!!!
Mercyless
Fort d’un Pathetic Divinity qui a recueilli les éloges de tous les amateurs du genre et du groupe, Mercyless écume les scènes de France pour porter la bonne parole du death metal. Et si Max Otero (chant/guitare) et ses compères montent sur scène à une heure relativement avancée, cela n’empêche pas le public de manifester son approbation. Il faut dire que la setlist pioche allègrement dans Abject Offerings, premier brulot du groupe, et que des titres tels que « Without Christ » ou « Substance of Purity » ne peuvent que séduire un public venu pour écouter du death old school.
Certes, le quatuor est relativement statique sur scène en raison de la rapidité des riffs et de leur technicité mais ponctuellement, Gauthier Merklen (guitare) et son frère Matthieu (basse) échangent leur place sur scène, tandis que Max concentre sur lui tous les regards.
Les quelques titres interprétés de Pathetic Divinity n’ont pas à rougir face aux morceaux tirés d’Abject Offerings ou de Unholy Black Splendor, l’album de la reformation, et l’on se rend rapidement compte qu’en dépit de ses trente-deux ans d’existence, Mercyless n’a rien perdu de sa hargne et ne s’est pas assagi une seconde.
Le chant écorché du leader, ainsi que les plans de batterie de Laurent Michalak suffisent à motiver quelques fans à enchaîner les stage diving, au point qu’en montant maladroitement sur scène, un spectateur provoque par deux fois un problème technique en coupant toute l’alimentation des amplis. Il en faut plus pour déstabiliser la formation, qui, fort de son expérience et de la solidité de ses compositions, délivre un set impeccable, puissant et jouissif. Seul léger point de regret, Coloured Funerals, pourtant récemment réédité chez Xenokorp, ne bénéficie d’aucune mise en avant, Mercyless préférant se concentrer sur les excellents Abject Offerings, Pathetic Divinity ou Unholy Black Splendor.
La fin du set sera tout simplement grandiose car, en guise de surprise, le groupe se lance dans deux reprises, et pas des moindres avec « Evil Dead » (classique de Death) et « Deathammer » (issu de l’avant-dernier opus d’Asphyx).
Avec près d’une heure de jeu, Mercyless a largement comblé ses fans et a su entonner une véritable ode au death metal old school. De quoi conclure à merveille la deuxième édition de ce festival local, à l'organisation très professionnelle et qui mérite d'être découvert. On lui souhaite de perdurer pour les années à venir.
Setlist Mercyless :
Christianist
God Is Dreaming
Substance of Purity
Infamy
Without Christ
Eucharistic Adoration
A Message for all those who died
Abject Offerings
I Vomit This World
Burned at the Stake
Pathetic Divinity
Evil Dead (Death cover)
Deathammer (Asphyx cover)
Un grand merci à Max Otero et James de l’organisation du Brutal Campaign
Photographies : © Watchmaker 2019
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