The Raven Age (+ Disconnected) – La Boule Noire (Paris) – 01.04.19


La salle légendaire de la Boule Noire accueille ce soir un combo de metal moderne franco-britannique avec deux jeunes groupes qui montent. The Raven Age et Disconnected, même s'ils proposent des sons assez différents, ont en commun d'avoir fait leurs armes et acquis leur réputation en ouvrant pour de très grands noms... Il faudra lire ce report pour découvrir lesquels ! Retour sur le concert (non humoristique) du 1er avril pour une report autant metal que people.

Disconnected


Il faut bien reconnaître la qualité du set des français de Disconnected, le talent et le charisme des musiciens et la présence d'Ivan, le chanteur. Celui-ci part dans des screams puissants dans les couplets alternant très judicieusement avec du chant clair dans les refrains. Solide vocalement, Ivan fait preuve tout au long du set d'un charisme et d'une énergie à toute épreuve. Les compositions du guitariste Adrian Martinot sont superbes, avec des sonorités rappelant Architects, Gojira ou encore Alter Bridge.

disconnected, the raven age, la boule noire, 2019

Un mot d'ordre : puissance. Jelly Cardarelli derrière les fûts, métronome percutant, tape très fort. Certains morceaux sont extrêment heavy avec un djent redoutable. On retiendra notamment le superbe "For All Our Sakes" avec son intro orientale. Disconnected présente ce soir de belles compositions et joue un metal moderne, groovy grâce à la ligne de basse énorme de Romain sur des titres comme "White Colossus" qui vient clore le set. Les guitares ne sont pas en reste et ce sont des riffs impressionnants, des soli d'école et un djent lancinant que maîtrisent Adrian et Florian. Petit bémol, le mix est assez déséquilibré, et sur les côtés du parterre du moins, on entend trop fort les bandes enregistrées et pas assez les guitares par moments.

disconnected, la boule noire, 2019

Disconnected, c'est aussi de la simplicité et beaucoup d'humilité. Ivan évoque leurs concerts et leur dernier album, White Colossus sorti il y a un an, remercie abondamment le public, exhorte tout le monde à  sauter, lever les mains, et les accompagner dans les headbangs (« ça va suer sous les bras ce soir à la Boule Noire ! », lance-t-il ). Il faut dire que les musiciens se donnent à fond sur scène, en headbangant de concert et en interagissant avec le public. Le public réagit en agitant les têtes et en applaudissant chaleureusement, mais les réactions semblent un peu timides. Il faut dire qu'il est encore tôt et que la salle n'est pas encore pleine.

disconnected, adrian martinot, la boule noire, 2019

C'est un set très efficace et sans faille que vient d'offrir Disconnected au public de la Boule Noire. On a toutefois l'impression que les musiciens sont plus taillés pour de grosses scènes, tellement leur énergie, leur son et leur charisme envoie du très très lourd. Ils ont d'ailleurs fait leurs armes récemment dans des salles bien plus grandes : en suivant Tremonti en tournée fin 2018 (c'est là qu'ils ont sympathisé avec The Raven Age d'ailleurs) , en ouvrant pour Judas Priest en janvier dernier, au Zénith de Paris, et, récemment, en assurant la première partie de Mass Hysteria à Reims quelques jours auparavant (le 21 mars 2019). Un groupe à suivre et à soutenir, que l'on espère revoir rapidement sur scène car de toute évidence il est taillé pour cela. 

disconnected, the raven age, la boule noire, 2019

Setlist Disconnected :

Living Incomplete
Blind Faith
Losing Yourself Again
For All Our Sakes
Wish
White Colossus 

 

The Raven Age


Les draps qui étaient sur scène pendant la première partie sont retirés sur le thème de Game Of Thrones. Après tout il n'y a plus que quelques jours avant la date, tant attendue par les fans du monde entier, du début de la diffusion de la huitième saison de la série à succès. Le décor dévoilé est simple, vu la petite taille de la scène de la Boule Noire, mais esthétique, avec des panneaux rappelant la pochette du nouvel album de The Raven Age, Conspiracy, représentant une mystérieuse forêt plongée dans l'obscurité.

À l'entrée des musiciens, point de mystère pourtant, c'est un metal efficace et mélodique qui est immédiatement proposé par The Raven Age, mais c'est également une déception au niveau de la qualité du son : la batterie est beaucoup trop forte, la voix de Matt James, le chanteur, peu audible au début, et les choeurs plus agressifs de Joe, le guitariste, et de Matt Cox le bassiste, sont complètement sous-mixés, au point de se demander si leurs micros sont allumés. Ces problèmes de réglages du son vont malheureusement perdurer tout au long du set, malgré les efforts et le talent certain du groupe qui bénéficie tout de même d'un excellent accueil du public de la Boule Noire venu les applaudir. 

the raven age, la boule noire, 2019

The Raven Age offre un set solide, construit surtout autour des guitares de Tony Maue et George Harris. Les soli sont bien exécutés, les riffs heavy et l'ensemble suffisamment mélodique pour entraîner les têtes dans le public dès les premiers titres. La construction des morceaux est plutôt classique mais c'est très bien exécuté au niveau instrumental.

the raven age, la boule noire, 2019

The Raven Age vient ce soir présenter son second album, Conspiracy sorti le 8 mars 2019 via Corvid Records. La part belle est donnée à cet album puisque neuf de ses titres composent la setlist de ce soir. On pourrait donc s'attendre à une relative froideur du public dévouvrant des titres inconnus, mais il n'en est rien : nombreux sont ceux dans l'auditoire qui connaissent les paroles et reprennent en chœur les refrains efficaces de The Raven Age, comme sur "The Day The World Stood Still", percutant et énergique. Le vocaliste Matt James entonne ces refrains en faisant signe au public de l'accompagner ; les titres accrocheurs et efficaces, comme le single "Fleur De Lis", emportent l'adhésion. Et le public de chanter, hurler, voire chanter les soli de guitare, à défaut de pogoter puisque la musique ne s'y prête pas vraiment... 

the raven age, la boule noire, 2019

La voix douce de Matt James, sur les refrains très mélodiques, manque toutefois de mordant et on constate dès le premier titre des problèmes de son. On aurait voulu un peu plus d'agressivité à la fois dans le chant et dans l'attitude : il bouge, sourit, s'adresse au public, mais globalement est bien moins punchy et bondissant que ses musiciens.

the raven age, la boule noire, 2019

Finalement c'est le bassiste Matt Cox qui impose son énergie sur scène en courant partout et en interagissant en permanence avec le public. Problème : si la basse est audible, ses parties de choeurs ne le sont pas, créant assez souvent un effet flop. Deux titres sont joués en acoustique avec Matt James à la guitare sèche, et là encore l'effet tombe à l'eau en raison des gros problèmes de réglages qui gênent l'harmonie de l'ensemble. Saturation des guitares et grésillements créent un malaise auditif assez malvenu sur des morceaux censés provoquer de l'émotion.  

De façon générale, les problèmes de son auront eu raison de la qualité du set de The Raven Age : la touche mélodique est apportée par des pistes enregistrées qui sont bien trop fortes, au détriment parfois des instruments, ce qui est dommage. Visiblement pas en forme, le chanteur ne laissera pas un souvenir impérissable à La Boule Noire, mais au niveau instrumental, ce qui est proposé est intéressant, avec une ligne rythmique très entraînante (grosse prestation de Jai Patel à la batterie) et des titres entêtants. Là où l'originalité manque un peu, The Raven Age compense par une exécution propre et une omniprésence des guitares, magistrales, et de la basse. Sur certains titres on pourrait même regretter la ligne vocale assez pop. 

the raven age, la boule noire, 2019

Dans les premiers rangs, les fans du groupe, assez jeunes, s'époumonnent, peu soucieux des problèmes techniques et ravis de partager ce moment avec le groupe. Il est temps pour nous de nous déplacer pour vérifier l'acoustique à différents endroits. Il faut avouer qu'au fond de la salle, le son semble meilleur malgré un problème notable sur la voix de Matt.

Ce qu'on voit également au fond de la salle, c'est que dans le public la moyenne d'âge s'élève, les t-shirts The Raven Age se font plus rares, on distingue plus une population de vieux briscards du metal arborant fièrement, pour la plupart, des t-shirts à l'effigie d'un certain Eddie... rien d'étonnant, puisque le quintette British a bénéficié de parrainages prestigieux par le passé, en ouvrant pour Iron Maiden sur la tournée européenne Legacy Of The Beast, passée notamment par Paris en juin 2018. Vous a-t-on précisé que le père de George Harris n'est autre que Steve Harris, le bassiste de Maiden ? 

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La soirée s'achève avec un rappel et des remerciements du groupe au public parisien, dans la bonne humeur généralisée et sous les applaudissements.

À la Boule Noire ce soir, tout le monde a peut-être trouvé ce qu'il état venu chercher : un set sympatique de The Raven Age pour les amateurs du groupe, une bonne découverte avec une première partie énergique, percutante et un set mémorable de Disconnected. Enfin, pour les plus attentifs de la soirée, le cadeau ultime aura été d'apercevoir un papa très fier dans le fond de la petite salle, venu écouter son fiston en toute discrétion. Les happy few qui ont eu ce privilège d'écouter un concert à la Boule Noire à deux pas de Steve Harris, lui-même, garderont longtemps ce souvenir en tête ! The Raven Age assurera d'ailleurs la première partie d'Iron Maiden de juillet à octobre 2019 aux Etats Unis, au Canada et en Amérique du Sud.

Setlist The Raven Age :
Betrayal Of The Mind
Promised Land
Forgotten World
Surrogate
The Merciful One
Salem's Fate
Fleur De Lis
The Day The World Stood Still
The Face That Launched A Thousand Ships
Tomb Of The Unknown Soldier
Stigmata
Grave Of The Fireflies
Seventh Heaven
Angel In Disgrace 

Photograhies : Florentine Pautet 2019. Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe. 



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