Entretien avec Zaher de Myrath

Alors que Shehili, nouvel album de Myrath, s'apprête à sortir en ce vendredi 3 mai 2019, nous avons pu nous entretenir avec son chanteur Zaher.

LGR : Bonjour Zaher et bienvenue à Paris! On va directement aborder le sujet de votre prochain album, plus particulièrement de votre intro "Asl" qui est d'une part magnifique et d'autre part beaucoup plus orientale que ce que Myrath a pu faire auparavant, avec l'intro "Jasmin" sur Legacy par exemple.

Zaher : Oui, c'est d'influence soufi [conception mystique et ésotérique de l'islam, ndr] mais maghrébin, ce n'est pas du soufi égyptien, mais plutôt du tunisien.

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LGR : Et ça se ressent ! Du coup on voulait te demander qui sont les chanteurs que vous avez invité sur "Asl" et sur "Mersal" ?

Alors sur "Asl", il s'agit d'un chanteur du spectacle Al ziyara qui signifie "la visite" en français mais la visite des esprits. C'est tout un show en Tunisie qui est très connu et puis sur "Mersal" nous avons collaboré avec Lotfi Bouchnak.

LGR : Mais c'est un très grand chanteur ce monsieur, c'est plutôt incroyable que vous ayez pu collaborer avec lui.

Oui c'est un peu le Frank Sinatra des Arabes en fait. On l'a contacté à travers son fils et Lotfi a écouté les lignes de notre chanson, a apprécié puis a accepté de travailler avec nous.

LGR : Vous avez aussi pu travailler avec l'orchestre symphonique de Tunisie, c'était comment ?

C'était pas facile mais pas difficile non plus. Ils sont très professionnels, c'est-à-dire qu'ils peuvent vous jouer du Bach comme du Beethoven ou alors du charbi et du berbère. Donc c'est des gens très professionnels et on a la chance d'avoir l'un des meilleurs orchestres du monde arabe, ils sont incroyables!

LGR : On a le sentiment que grâce à l'orchestre, Shehili est beaucoup plus oriental que Legacy, à travers les instruments utilisés notamment et on se demande si c'était voulu de la part de Myrath ?

C'est votre impression ?

LGR : Oui !

Et bien tant mieux ! On ne calcule pas ce que l'on veut créér à vrai dire, on ne s'est pas dit qu'on allait faire un album beaucoup plus oriental, en fait c'est sur le feeling. Tous les albums de Myrath sont faits sur le feeling. On se rassemble et on réunit nos idées avec Kévin [producteur depuis Hope en 2007, ndr] qui est le "thermomètre" ou plutôt le juge qui va trancher entre ce qui est bon ou pas bon dans ce que l'on a composé. Et en fin de compte Shehili a été fait avec amour et c'est ce qui compte.

LGR : Néanmoins, il y a moins de chant arabe sur ce nouvel album.

J'en ai marre...

(Rire général)

Évidemment je rigole. S'il y a moins de chant arabe c'est que c'est venu comme ça. Comme j'ai pu le dire auparavant, rien n'est calculé.

Il y a "Mersal" en arabe, c'était d'ailleurs l'un de mes rêves de pouvoir faire un duo avec Lotfi Bouchnak, "Asl" l'intro de l'album et "Lili Twil" qui est une reprise d'une chanson algérienne et berbère des années 80. "Lili Twil" est reprise de manière très américaine et c'est d'ailleurs le coup de cœur de Kévin et Morgan, ce n'est pas ma favorite mais elle a du punch et elle déchire.

LGR : Et alors quelle est ta chanson favorite de Shehili ?

Je dirais "Monster In My Closet". Celle que j'aime le moins par contre c'est "Dance" car elle ressemble énormément à "Believer" (l'un des titres de Legacy), elle est bien mais trop ressemblante à ce dernier titre. Par contre on a eu de très bons retours de la part de nos fans et ça fait plaisir.

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LGR : Qu'est-ce que vous avez voulu transmettre à travers ce nouvel album ?

De l'amour pour la musique et de l'amour pour la vie. Il s'agit avant tout d'un message de paix. Shehili n'est pas un album concept mais l'album est bourré de messages positifs. On parle du tout et n'importe quoi. On peut tout simplement comparer ça à une bande de mecs qui vont dans un bar et parlent de tout et n'importe quoi, de politique, de l'amour, de la vie et de nos problèmes tout en étant discrets.

LGR : Mais d'ailleurs comment s'est passé l'enregistrement de votre album ? Car il était supposé sortir en 2018, pour ceux qui était présents à votre dernière tournée, c'est ce que vous aviez annoncé aux fans mais au final il sort...

... Presque en 2020 (gros rire). C'est dur car quand tu signes avec un major, ce sont des pros, ils savent quoi faire et donc on a écouté leur conseil et on a travaillé avec amour sans rien calculer. Un journaliste allemand m'a même dit : "vous avez fait un truc tellement frais, tellement nouveau qu'on sent que vous avez calculé le truc". Je lui ai répondu que si nous avions calculé le truc on aurait pu être les "babymetal" de Tunisie. Myrath mine de rien c'est quinze ans d'histoire. On est avant tout des potes issus d'un garage pourri de Tunisie, on a vraiment galéré et souffert pour être ici. Franchement il y a du travail, du sacrifice et de tout.

Lorsque le père de Malek nous a quittés on s'est dit qu'on était mort, que chacun allait vivre sa vie et Kévin a appelé. Il a appelé pour nous dire qu'il était avec nous, qu'il allait nous enregistrer sans argent car il croyait en nous.

LGR : Il a l'air d'être un vrai pilier pour Myrath.

Ce "connard" nous colle depuis X temps et c'est grâce à lui et au père de Malek qu'on est toujours là. C'est un frère, il a tenu bon sans argent, sans rien du tout et a continué de croire en nous. Il a toujours cru en nous, mais quand même, de là à traverser certaines épreuves avec nous ce sont des choses inoubliables qui ont pu nous mettre les larmes aux yeux.

LGR : C'est beau tout ça, merci Kévin alors !

Ah c'est un frère mais qu'est-ce qu'il nous fait chier ! Enfin c'est son travail au final (rires).

LGR : Le groupe a eu l'occasion de jouer au festival de Sousse en 2017 mais aussi à celui de Carthage, ça vous fait quoi de se dire que Myrath a plus d'impact en Tunisie ?

D'impact en Tunisie, j'ai pas trop l'impression... Mais c'est quand même quelques chose d'important. Lors des festivals, ce qui m'a le plus marqué et fait plaisir c'est de voir des  femmes voilées et des enfants. De voir que l'on peut toucher un public plus vaste et plus divers.

LGR : C'est ce que l'on a pu ressentir lors de votre concert au Trabendo en 2018. Il y avait autant de fans de metal que de fans tunisiens. Ça montre que vous attirez plus de public tunisien même en France. On se souviendra notamment de ton état durant le concert...

(Gros rire)

C'est vrai que j'avais beaucoup bu... Mais j'espère que le concert était tout de même bien?

LGR : Oui, aucune fausse note de ta part.

Ça devait être beaucoup plus drôle également !

Pour ce nouvel album vous vous êtes donnés des surnoms, pourquoi ?

C'est pas vraiment des surnoms, c'est plutôt des phrases comme Morgan qui maîtrise l'eau. C'est plutôt un choix de notre maison de disque et de Kévin. Selon moi c'est une idée originale qui sort de l'ordinaire et qui est beaucoup moins monotone. Myrath a ramené un truc nouveau et frais. Il y a de très bons et gros groupes qui continuent de faire la même chose encore et encore et ce n'est pas ce qu'on l'on a souhaité pour Myrath. Certaines personnes aiment découvrir un nouveau monde et c'est ce que l'on souhaite partager avec le groupe notamment à travers notre nouveau genre par lequel on se décrit. On l'a nommé le "blazing desert metal" et l'on ne retrouve ce style chez personne d'autre que nous et on en est très fiers, car c'est un nouveau style.

LGR : Vous avez des concerts prévus prochainement ?

Pas spécialement. A vrai dire on a le Sweden Rock Festival en juin, le Wacken Opein Air Fest en août puis on compte jouer en septembre à un festival japonais avec une tournée nippone pour quelques dates.

Photos : Sana.Bsh
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