The Damned Things fait partie de ces supergroupes que nous pensions condamnés au one shot, au vu du silence discographique de la formation depuis son premier album, Ironiclast, sorti en 2010. Grosse surprise, donc, lorsque près d'une décennie plus tard, Scott Ian (Anthrax) et Joe Trohman (Fall Out Boy) annoncent que la bande travaille sur un nouvel opus intitulé High Crimes. Loin des styles pratiqués par ces derniers au sein de leurs formations respectives, The Damned Things se fait l'étendard d'un hard rock particulièrement barré, et qui – une fois n'est pas coutume pour le genre – demandera plusieurs écoutes afin d'être pleinement assimilé.
En fait, dès l'entrée très sèche de "Cells", on se demande à quelle drogue la formation a tourné pour enregistrer les onze morceaux qui composent High Crimes. Ce premier titre, dont l'esprit nous rappelle parfois Fair To Midland, donne le ton de ce que sera ce deuxième album, à savoir un recueil complètement barré mais dans lequel le groupe retombe toujours miraculeusement sur ses pieds, que ce soit par le biais d'un refrain hyper accrocheur, un lead de guitare posé au moment parfait, ou encore une rythmique imaginative, pour faire de chacune des chansons un instant à part.
Bourré de mélodies entêtantes - "Y-E-L-L, all of my friends are going to hell", nous vous prévenons, cette phrase va vous hanter toute la journée - qui permettent à l'opus de ne pas sombrer dans le grand n'importe quoi, High Crimes condense la puissance heavy, l'énergie punk et une folie qui semble unique à The Damned Things. A ce titre, la doublette "Carry A Brick" et "Storm Charmer" est particulièrement éloquente, et résume à merveille cet esprit qui anime l'opus. Le premier titre, à la section rythmique complètement lunaire et aux guitares qui partent dans tous les sens, contrebalance cette abondance d'informations contraires par un refrain plus accessible. La construction progressive du second en fait le morceau le plus difficile à appréhender du lot, mais il saura révéler toutes ses qualités au fil d'écoutes attentives.
Quelques titres plus classiques permettent à l'auditeur de respirer, avec des repères assez traditionnels. Dans cette partition, "Invincible" ressort naturellement comme un single évident, tout comme "Omen", composition purement hard rock que n'aurait peut-être pas reniée The Cult. Vous l'avez compris, nous pourrions citer l'intégralité des chansons tant chacune apporte une pierre essentielle à cet édifice qu'est High Crimes.
Ceci dit, avec dix titres pour 38 minutes de musique, la moindre faute de goût aurait donné un sentiment d'inachevé à l'ensemble, qui pourrait d'ailleurs paraître trop court aux oreilles de certains, surtout après neuf ans d'absence. Si nous n'aurions pas été mécontents d'obtenir quelques minutes supplémentaires, saluons toutefois les Américains pour avoir évité l'écueil encore bien trop présent chez certains de remplir leurs disques à outrance.
Une délicieuse mélancolie au parfum des Foo Fighters ressort de l'ensemble, la voix de Keith Buckley (Every Time I Die) n'étant pas étrangère à ce sentiment. La production de Jay Ruston ne laisse personne sur le banc, et est à l'image du disque : brute et équilibrée, permettant à chaque musicien d'exprimer toute l'étendue de son talent (la basse de Josh Newton fait régulièrement des merveilles).
High Crimes est une véritable bouffée d'air frais. L'étonnement des premières écoutes laisse vite place à l'enthousiasme puis à l'attachement définitif à un opus qui se hisse déjà parmi les sorties majeures de cette année 2019. Vous pensez que le hard rock a tout dit ? The Damned Things risque de semer le doute dans vos convictions. Un grand album !
Tracklist
01. Cells
02. Something Good
03. Invincible
04. Omen
05. Carry A Brick
06. Storm Catcher
07. Young Hearts
08. Keep Crawling
09. Let Me Be (Your Girl)
10. The Fire Is Cold