Un an et demi que les Punish Yourself ont démarré leur Pig data Tour, en référence à leur dernier opus en date, Spin The Pig. Dernière date parisienne avant un passage au Hellfest, une très bonne raison de ne pas rater cette date au Gibus.Et pour tous ceux qui ont eu la chance d'y assister, la certitude d'avoir vécu un beau bordel.
Loki Lonestar
On ne peut pas se prendre un Punish Yourself de plein fouet, il faut y aller progressivement. Faire monter la sauce. C'est la mission de Loki Lonestar, performer techno électro zarb, short en bas, palmier en haut. Ou autre chose, les spécialistes capillaires décideront. Un morceau long, calme, voix d'outre-tombe, une guitare, une machine. Pour poser sa patte. Bien posée d'ailleurs, le titre traîne un peu, on piaffe en attendant la suite.
Et on a eu raison de piaffer : entre transe, techno, électro hardcore, Loki Lonestar pile électrique, chant ethnique ou voix saturée, impossible de définir le phénomène, un guitariste en support. Il faut voir. Le public en redemande, ça danse, ça chauffe l'atmosphère. Encore un peu plus chauffée avec l'arrivée à deux reprise d'une performeuse, Loki Lonestar tient la scène. Même pour les titres pour lesquels le guitariste le laisse seul, la présence scénique reste totale.
Une dizaine de titre plus tard, c'est mission accomplie, le Gibus est chaud. Très chaud d'ailleurs, on en reparlera plus tard.
Ze Gran Zeft
Changement de plateau, changement d'ambiance. Aux délires technoïdes extravertis de Loki Lonestar, vient succéder Ze Gran Zeft.
Ils sont trois, ils viennent de Toulon. Guitare, basse, batterie, machines. Ou basse et guitare, les rôles s'inversent parfois. Leur style? Cherche pas, c'est à eux. Alternative crunk rock. Marque déposée (si, si, c'est vrai!). Si tu écoutes, tu trouveras des influences 80s et 90s, Beastie Boys, Rage Against The Machine, Red Hot Chili Peppers du temps où c'était bien, ou même Nine Inch Nails, dont l'autocollant orne discrètement la guitare. Sans doute à cause de la voix, scandée rappée, et de la guitare au son hyper compressé.
Dans le public, la chaleur a perdu quelques degrés. Même si la prestation est de qualité, l'énergie déployée est un ton en dessous. Un demi-ton plutôt, n'exagérons pas, parce que ça pulse bien. Les titres s'enchainent, les trois Ze Gran Zeft défendent leur album Gorilla Death Club juste sorti, avec une belle conviction. Certes le style très clean détonne un peu avec l'univers de Punish Yourself, le public est plus en écoute qu'en gros bordel. Ce sera pour plus tard. Pour le moment, plaisir, bonne ambiance, rigolade, clins d'oeil... Ze Gran Zeft aura bien utilisé son heure, le Gibus a pris du plaisir.
Punish Yourself
Cette soirée sent la poudre. Le gros bordel et ça commence pendant le changement de plateau, par l'évacuation d'une photographe (?) un peu bourrée, un peu ingérable, un peu violente. Bon, ça arrive. Puis le technicien qui teste les micros n'a visiblement pas beaucoup d'expérience, et se fait gentiment chambrer par le public. C'est bon enfant, tout le monde rigole, c'est cool. Mais en attendant, les Punish se rongent les ongles. Et la température monte, au sens premier du terme: le concert n'a pas commencé qu'il fait déjà une chaleur étouffante. Bref, tout le monde attend la libération, le top départ du big bazar.
Alors lorsque résonnent les premières notes de "Backlash", le Gibus explose. Ca part dans tous les sens, dans une moiteur totale. Vx, littéralement au-dessus du public, dans une salle compacte et déchaînée, envoie tout ce qu'il a. Klodia, retrouvée après sa pause automnale, est également en pleine forme. Si elle ne peut pas utiliser tous ses outils (un peu risqué, les jeux de feu, avec un plafond de un mètre vingt...), sortira la disqueuse à plusieurs reprises, toujours aussi impressionnant surtout dans cette ambiance torride, glissante, humide.
Punish Yourself, c'est une folie scénique. Plus de 20 ans que le groupe maîtrise son art, punk metal indus, avec toujours la même rage. Les maquillages fluo sont toujours de mise, mais ce soir, petite innovation : Ils vont durer facilement 47 secondes, avant de finir par terre, ruinés par la température ambiante. Et épongés par le malheureux technicien de scène, comme sur un terrain de handball.
Parce que ce concert, tu l'as compris, il est chaud. très chaud même. Le Gibus en mode cocotte-minute. Un énorme pogo, bordel total. Vx réussira quand même à faire écarter tout le monde d'au moins un mètre pour un wall of death, exploit que de courir cette distance sur cette patinoire.
Quelques problèmes techniques se manifestent forcément, sinon la soirée ne serait pas totale : un micro farceur qui ne laisse passer que ce qu'il veut, un changement de câble qui prendra du temps, on sent l'agacement mais le côté pro reprend le dessus, le show goes on, toujours plus dingue, toujours plus fort.
Petit moment detendresse, "Sexy" verra la première participation sur scène de membres du public. Ce qui se répétera à la fin du set, mais on en reparlera. Attends, ne sois pas si pressé, je tease!
Au niveau setlist, les Punish Yourself auront mis un peu de tout. Le dernier album bien sûr, avec "Spin the Pig" en bonne place, ou encore un très réussi "Die-S-I-Ray". Mais aussi des titres plus anciens, comme le toujours efficace "See Ya Later Alligator". Et bien sûr le final, "Suck my TV". Des choix très sûrs, plébiscités par ma grand-mère.
A la guitare, Xav est déchaîné. Crises de rire, échanges d'instrument avec Michael, les Punish prennent leur pied. La clim' se remet à fonctionner, on perd quelques degrés, il en reste quand même pas mal. Petit clin d'oeil au Bal des Enragés lorsque vx lance un "les amis faites du bruit" au début du rappel, puis ça part en vrille. Plusieurs filles du public s'invitent sur scène, Klodia se fait piquer le micro et s'assoit au pied de la batterie, désemparée. Micro qu'elle reprendra lorsque la scène servira d'exhutoire ultime à cette soirée, mais là il fallait être présent.
En résumé, une soirée en mode folie, la guerre dans la fosse, du n'importe quoi un peu partout, mais surtout un furieux panard pour tout le monde. Concert déglingos on avait dit ?
Setlist
Backlash
Primitive
See Ya Later Alligator
Rock'n'Roll Machine
Companeros de la Santa Muerte
Lo-cust
Blacksunwhitebones
Nightclub
Sexy
Spin the Pig
Shiva
Die-S-I-Ray
Zmeya
This is my Body, This is my Gasoline
Enter Me Now
Re:
CNN War
Suck my TV
Merci à Sherep
Photos: Pierre Sopor