Rock in Bourlon 2019 – Jour 1

Le ROCK IN BOURLON un festival à taille humaine destiné à un public éclectique mêlant Bourlonais, curieux de la région et passionnés de musique.
 

C’est sous un soleil radieux que le Rock in Bourlon ouvrait ses portes le vendredi 28 juin. Il est loin le temps où la scène de ce petit festival consistait en une remorque de camion posée sur la place du village. D’année en année, le Rock in Bourlon a pris de l’ampleur proposant une programmation toujours très riche avec de belles têtes d’affiche et de belles découvertes, tout en restant gratuit. Cette année encore, l’affiche du Rock in Bourlon nous promettait du lourd, du sombre, du psyché et du déjanté avec entre autres All Them Witches, Corrosion of Conformity, Coilguns, Whores et plein d’autres groupes surprenants venant des quatre coins de la planète pour ravir nos oreilles.

Même si la programmation allait nous mettre une grosse claque musicale, c’est dans une ambiance très détendue et familiale que le festival nous a accueilli. D’ailleurs, inutile d’attendre la fin de l’article pour passer aux remerciements. On entre au Rock in Bourlon en donnant quelques euros pour soutenir le festival et on en ressort en ayant envie d’y laisser toute sa fortune pour qu’il perdure. Je crois que je ne pourrai trouver aucun point négatif au déroulement de ces deux journées. Déjà, rien que le fait d’arriver dans un village aussi mignon que Bourlon après quelques heures de route nous fait esquisser un sourire. Ensuite, le site en lui-même est des plus agréables. On nous accueille chaleureusement, l’espace est ombragé par de grands arbres par-ci, par-là. On nous sert des bières d’une brasserie locale au bar. La nourriture n’est pas forcément diversifiée mais quoi de meilleur qu’un sandwich au camembert cuit au barbecue et des muffins maison ?!
 


L’espace expo nous fait découvrir des artistes talentueux et variés tels que Arrache-toi un Oeil, Ëmgalaï Grafik, ImmortalizR, Johan Jaccob Artwork, Mariexxme, MAXI CAT, Morganne Borowczyk, et By Tania. On aura même l’occasion d’admirer les dessins de Sylvain Cnudde croqués sur le vif lors des concerts.
 


L’espace VIP, propose un petit coin d’ombre avec des canapés où on peut se vautrer en toute tranquillité. Les bénévoles ont été au petit soin avec les festivaliers tout au long du festival. Le camping sur le stade du village donnant accès à des douches chaudes, avec son bar de nuit, ses bénévoles toujours souriants et les galettes bien remplies pour lutter contre les fringales nocturnes ont aussi fait que l’on puisse se sentir comme à la maison. Bref, un grand merci aux organisateurs du festival, aux bénévoles et à tous ceux qui gravitent autour du Rock in Bourlon pour en faire un festival de qualité accessible à tous.

Il est temps maintenant de passer au vif du sujet.
 

BIG BERNIE
 

Aucun point négatif à trouver à ce festival, mais tout de même une déception… Arriver trop tard pour assister au set complet de Big Bernie ! L’installation de notre campement ayant pris plus de temps que prévu, nous ne sommes arrivés qu’à l’annonce du dernier morceau du groupe.
 


Big Bernie allie savamment influences jazz et rock psychédélique, pour nous proposer des compositions instrumentales expérimentales qui nous font voyager mentalement aux rythmes de leurs mélodies tantôt sombres, tantôt pleine d’espoir. Leur musique nous laisse dans un état de transe contemplative. Le public est épars en ce début de festival. Mais les festivaliers présents semblent pris dans la spirale musicale des Dunkerquois.



Habituellement, le groupe collabore avec Marianne Le Junter, artiste vidéaste qui accompagne leurs concerts d’une trame visuelle rendant leur musique encore plus hypnotique. Nous n’aurons pas droit aux images pour ce set. Mais cela aiguise notre curiosité.
 


Si comme nous, vous n’avez pas eu l’occasion de profiter du set de Big Bernie, le Rock in Bourlon a capté tous les concerts de ces deux journées et les ont retransmis en direct sur leur page Facebook. Vous pouvez aller jeter un œil aux concerts que vous n’avez pas vu, ou revoir ceux qui vous auront marqué ici.
 

DUEL
 

Big Bernie quitte la scène pour laisser place à Duel, groupe venu tout droit d’Austin, Texas pour emplir nos oreilles de leurs sont lourd et old school. L’univers des Texans est totalement différent. On retrouve le côté rock psychédélique qui sera un peu le fil de cette première journée de festival. Duel reprend tous les codes du rock psychédélique des années 70, vestimentairement et musicalement parlant.
 


Tom Frank débutera son set à genoux avant d’entonner le premier morceau de sa voix chaude et rauque. L’univers de Duel est sombre et menaçant avec une bonne touche de groove qui nous donne envie de nous déhancher frénétiquement. Certains morceaux ont aussi un côté lourd et lancinant éveillant les bas instincts. Tout ce qu’on recherche dans un bon vieux hard rock sudiste.
 


Ça danse dans le public. L’osmose est présente. Il faut dire que les membres du groupe ont l’air heureux d’être là et de partager leur musique avec leur public. Jeff Henson, est déchaîné et s’agite comme en transe, le sourire aux lèvres, sur le côté gauche de la scène. Justin Collins tape sur ses fûts comme un forcené mais se laisse quand même le luxe de faire tournoyer ses baguettes de temps à autres. Il fera signe au public qu’il a envie d’une cigarette entre deux morceaux, et j’ai pu lire la déception dans son regard quand il m’a vu ouvrir mon sac pour reprendre mon carnet, et non la cigarette tant attendue, avant de partir dans un éclat de rire. Jeff, lui, finira le set, clopes au bec.
 


Duel quittera la scène sous les applaudissements du public, tout en le remerciant chaleureusement. Jeff, lève son vers à la foule tandis que Tom et Shaun lèvent leur guitare et leur basse tout sourire. Justin applaudira même le public avant de quitter la scène.

Je les rejoindrai quelques minutes plus tard, pour leur interview qu’ils décaleront après le set de Whores qu’ils voulaient absolument voir sur scène, se mêlant au public, bières à la main, yeux pétillants de malice et sourires aux lèvres.
 

WHORES
 

C’est donc accompagné des membres de Duel que nous assistons au set de Whores. Jeff Henson nous fera part de sa déception de ne pas voir les membres de Whores vêtus de tenues aguicheuses pour coller avec le nom du groupe. Cependant, Christian Lembach, leader du groupe, vêtu de sa chemise bleue à motifs plutôt classe, est en total décalage avec la noise agressive que nous sert le groupe.
 


Whores sera un peu l’O.V.N.I musical de cette première journée, étant le seul groupe n’ayant aucune influence psychédélique dans leurs sonorités. Ils seront la grosse claque nous remettant les pieds sur Terre avant de finir la soirée dans les cieux avec All Them Witches et Toner Low.

Dès les balances, le concert de Whores s’annonce percutant. Le groupe se met à jouer. Le public est déjà bloc. Puis la musique s’arrête d’un coup. Christian Lembach s’approche du micro pour nous dire : ‘’Merci, mais c’était juste un test !’’, provocant les rires de la foule.

Cette petite intervention n’est qu’un avant-goût du flot de sottises que Christian Lembach nous racontera tout le long du set de Whores. D’ailleurs il nous le dira lui-même pendant le concert : ‘’Guys, I talk shit for a living’’ (J’adore raconter de la merde)
 


Dès leur premier morceau, le public se met à s’agiter. Les riffs guitare brutaux appellent à la violence. A la basse, Casey Maxwell nous sert des riffs bien gras et bien lourds. Donnier Adkinson tape sur sa batterie comme un forcené. L’énergie débordante du groupe se propage rapidement dans la foule. Pogos et slams sont de mise. Puis, une fois encore, la musique s’arrête nette, et Christian prend la parole pour nous dire que leur set est fini et qu’ils se cassent. Peu de réaction dans le public, sûrement dû à la barrière de la langue. Il faut dire que Christian enchaîne les conneries aussi vite qu’il gratte sa guitare.

La musique reprend, le bal des slammeurs aussi. Il faudra tout de même un peu de temps entre chaque morceau pour que le groupe se réaccorde, et reprenne son souffle. Mais, ces temps de latence sont à chaque fois comblés par une anecdote, faisant passer le temps plus vite. On apprendra qu’il fait bien plus chaud à Atlanta et à Lyon, et que Bryan Giles de Red Fang a vomi sur scène la veille à cause de la chaleur dans le club.
 


La musique reprend, le public en redemande sous l’étonnement du groupe qui s’en amuse : ‘’Putain c’est dingue, ce mec nous prend en photo comme si on était des stars, c’est ridicule !’’, ‘’Une autre, qu’est-ce que ça veut dire ? Toi là-bas, le mec torse nu, ça veut dire que tu veux encore une chanson et qu’on remballe. Libre à toi de te casser. Nous on continue à s’amuser avec les autres !’’
Le set de Whores passera à une vitesse fulgurante, nous assommant avec leur riffs coups de poings et leurs vannes pourries, laissant le public dans une surexcitation extrême.

 


ALL THEM WITCHES
 

Retour à une ambiance plus psyché avec le set d’All Them Witches. Le trio de Nashville, prend place sur scène. A gauche des planches, Ben Mc Leod s’est installé avec ses guitares. On pourra apercevoir le petit mot sympathique laissé à la sécurité, de sa part dans le flycase, leur demandant de traiter ses instruments avec douceur : ‘’Chère sécurité, en dehors de ma femme et de ma famille, ces guitares sont les choses les plus importantes à mes yeux. Soyez précautionneux. Merci 😊’’
 


Le set commence alors que les dernières lueurs du jour s’évaporent doucement. La musique d’All Them Witches est lourde, grave, lancinante, ponctuée de soli qui nous prennent aux tripes et montre leur influence rock psyché sudiste. Des samples de Tempura indien viennent s’ajouter à certains morceaux, accentuant ce coté psychédélique et nous appelle au voyage astral.
 


Beaucoup de gens dans le public ferment les yeux et se laissent porter par la musique. D’autres sont plus touchés par l’aspect rock, s’agitent et slament. D’ailleurs, Charles Michael Parks commentera un des slams en nous faisant remarquer à quel point l’homme qui surfait à ce moment sur les mains de la foule avait l’air heureux.
 


Les membres du groupe sont très peu communicatifs entre les chansons, et sont plutôt statiques sur scène en début de set, mais dégagent un énorme charisme. La foule est pendue aux lèvres de Charles Michael Parks dès qu’il s’approche du micro. Sa voix grave, chaude et puissante oscille entre chant rock et paroles déclamées qui donnent au chanteur une aura de prédicateur. Chaque mot semble directement adressé à ses ouailles venues l’écouter religieusement. Derrière sa batterie, Robby Staebler, ne cessera de sourire, emporté par les notes qu’ils jouent.
 


Plus la nuit s’épaissit, et plus le set d’All Them Witches monte en puissance. Les riffs se font plus agressifs, la voix de Charles Michael Parks plus rauque. Les membres du groupe qui bougeaient peu en début de set, se mettent en mouvement. Ils sont transportés par leur musique et calent leur attitude sur celle du public qui prend son pied dans leur univers musical sombre et hallucinatoire.

Charles Michael Parks présentera les membres du groupe lors de leur dernier morceau qui se transformera en un buff musical qui mettra la foule dans un état de surexcitation jusqu’à ce que Toner Low prenne place sur scène pour le dernier concert de cette première journée.
 

TONER LOW
 

Toner Low s’installe sur la scène du Rock in Bourlon dans une ambiance très sombre. Les musiciens jouent presque dans le noir complet mise à part quelques lumière vertes et froides. Autres sources de lumière : des feuilles de cannabis vertes fluorescentes qui bougent lentement, projetées à l’arrière de la scène et la grosse caisse de Jack, illuminée de couleurs psychédéliques. Cette mise en scène représente l’enfer des photographes, mais crée un univers hypnotique qui colle parfaitement à la musique du groupe.
 


Le set commence dans un vrombissement plutôt malaisant avant que les Néerlandais ne débutent leur concert. La musique de Toner Low est un doom gras, ultra saturé qui nous scotche comme un gros buzz bien chargé. D’ailleurs le public est littéralement écrasé par leur musique. Et bientôt des nuages de fumée s’élèveront de-ci, de-là dans la foule ajoutant encore plus au côté anesthésiant et hypnotique du set.
 


Les membres du groupe évoluent dans leur propre monde. Miranda, est comme transportée par ses lignes de basses et agite ses longues dreadlocks dans la pénombre. Jack est totalement vouté sur sa batterie, comme supportant le poids de chaque note qu’il frappe. Daan est plus statique, et semble s’être créé sa bulle avec son casque anti-bruit sur les oreilles.
 


Toner Low jouera cinq morceaux et un rappel lors de ce concert, sans vraiment prendre le temps de souffler entre chaque chanson, nous donnant l’impression d’un morceau évolutif de près d’une heure et demie, ne laissant aucun répit à nos oreilles et nos cerveaux. Les Néerlandais ont su nous enfermer dans un univers parallèle que nous avons eu du mal à quitter à la fin du set, traînant sur le site, hagards mais satisfaits de cette première journée de festival.
 


Le Rock in Bourlon a tapé fort pour ce premier jour, avec des groupes plus qu’excellents sur scène et une ambiance à la fois psychédélique et décontractée. On est définitivement bien reçus et on en redemande. On a hâte que le jour se lève pour enchaîner avec une deuxième journée de festival qui sera plus agressive musicalement parlant, avec un plus grand nombre de groupes.

 

Article et photos: Eloïse Morisse



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