Tarja – In The Raw

Depuis qu’elle a quitté Nightwish il y a maintenant presque quatorze ans, Tarja Turunen s’est toujours montrée très productive, sortant tour à tour albums de metal, enregistrements classiques et chants de Noël. Un an après son dernier live et deux ans après un album de chants de Noël et un EP tiré d’une bande-originale, la Finlandaise revient avec un album studio axé metal, le précédent dans ce style ne remontant pas plus loin de trois ans. A enchainer les sorties, arrive-t-elle à ne pas perdre l’inspiration en chemin ?

Si Tarja Turunen a un potentiel indéniable et une voix à couper le souffle, la foissonance de sa production discographique alterne l’excellent et le sympathique mais lassant à long terme. Avec cet album, la chanteuse explique avoir voulu faire ressortir une certaine brutalité et un dépouillement, pour mettre en avant des paroles qu’elle a voulues brutes et personnelles.

Et clairement, sur l’ensemble de cet album, on sent que la vocaliste a délaissé les arrangements symphoniques pour des morceaux plus droits au but, du moins dans la première partie d’In The Raw. L’opus s’ouvre avec « Dead Promises » et une introduction à la guitare qui sera très en avant sur une bonne partie du disque, mettant en avant le côté rock / metal de sa musique. Le titre est un duo avec Björn Strid, de Soilwork, sa voix rauque qui sait aussi se faire suave et passe parfois en growl, s’accorde bien avec la voix de Tarja Turunen puissante, assez lyrique, qui monte dans les aigus aussi bien qu’elle descend dans les graves.

La suivante, « Goodbye Stranger », est, elle, en duo avec Cristina Scabbia, de Lacuna Coil, pour un morceau là aussi très efficace aux passages saccadés, où leurs deux voix s’accordent bien. Ces premiers titres sont comme promis assez bruts, accrocheurs, dans une veine totalement metal mélodique, où les guitares s’en donnent à cœur joie même si les riffs et les soli sont assez génériques. La voix de Tarja est toujours très belle, mais si elle est au centre des morceaux, on a parfois l’impression qu’elle joue la facilité. C’est maîtrisé, mais cela ne vaut pas ses envolées lyriques que l’on a pu entendre sur ses albums de classique, sur les premiers Nightwish ou même sur certaines de ses productions metal personnelles.

Cela se confirme sur « Tears in Rain », au refrain marquant, bien fichu mais pas extraordinaire, et la dynamique se poursuit sur « Raillroads », moins accrocheuse de prime abord, mais où la voix de Turunen se fait pourtant plus élaborée et les arrangements plus travaillés, se rapprochant d’un metal symphonique.

En revanche, ensuite, cela ressemble à un trou noir. Que retenir de « You and I » et « The Golden Chamber », sinon que ce sont des ballades mièvres et beaucoup trop longues ? Les arrangements ne sont plus dépouillés ou minimalistes, ils sont presque inexistants. Les mélodies sont quelconques, le piano pas inspiré, on cherche un instrument qui accroche l’oreille mais tout ce qu’on trouve, c’est un piano, un synthé, un vague orchestre de chordes pas vraiment bien employé. Et « The Golden Chamber » étire son manque flagrant d’idées sur huit minutes à renfort de vocalises pas franchement exceptionnelles. Tarja a voulu se mettre à nu avec cet album, mais le manque d’oripeaux dessert ici sa cause.

« Spirits of the Sea » souffre de la même impression qu’elle a voulu allonger artificiellement le titre à coups d’arrangements minimalistes et inutiles en son milieu, mais tout le début et la fin du titre accrochent plus, de par la voix vraiment très belle ici de la Finlandaise et les guitares qui reviennent nous faire du metal mélodique classique mais efficace.

« Silent Masquerade », en duo avec un Tommy Karevik (Kamelot) surpassé par Turunen, est un peu dans le même genre, et ce sont probablement les deux derniers titres qui retiennent le plus l’attention. « Serene » fait des propositions très intéressantes en matière de rythme, et l’alliance entre la voix puissante et les guitares énergiques, qui fonctionne remarquablement bien,
en fait un morceau vraiment prenant. « Shadow Play » mêle chœurs épiques, gros refrain accrocheur qui évoque vaguement « Envole-moi » à ceux qui aiment les associations foireuses, et arrangements plus symphoniques que sur le reste de l’album.

Dommage qu’In The Raw n’ait pas été de ce niveau sur toutes les chansons car on en retient au final un bon album avec d’excellents moments et de longs passages à vide, et donc en fin de compte plaisant mais inégal.

Tracklist
 1. Dead Promises (with Björn "Speed" Strid)
2. Goodbye Stranger (with Cristina Scabbia)
3. Tears In Rain
4. Railroads
5. You And I
6. The Golden Chamber (Awaken - Loputon Yö - Alchemy)
7. Spirits Of The Sea (with Tommy Karevik)
8. Silent Masquerade
9. Serene
10. Shadow Play

Sorti le 30 août chez Ear Music.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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