Ah l'été, cette saison magnifique faite de canicule, de coups de soleil, de kékés sur les plages qui mettent à fond du Aya Nakamura sur les enceintes bluetooth ... Ca vous énerve, hein ? Alors pourquoi ne pas partir dans le Nord, se refroidir un peu, prendre le temps de se poser et profiter de cette Pale Season que nous offre Thenighttimeproject, projet de Fredrik "North" Norrman, ex-guitariste de Katatonia.
Il est clair qu'avec un tel nom de groupe et d'album, on se positionne plus du côté du metal contemplatif et dépressif, background Katatonia oblige. Par ailleurs, aux côté de Fredrik officie depuis quelques temps, son frère Matthias Norrman (ex Katatonia également). Depuis 2018 Jonas Sköld et Alexander Backlund venus de Letters from the Colony sont venus grossir les rangs. Donc pour la fête à Noeunoeud et la chenille, on repassera : le line-up vient du death, du prog et du doom. Malheureusement ces nouvelles recrues n'auront pas d'effet sur la ligne directrice car le groupe évolue toujours dans le même type de metal que pour leur premier album intitulé simplement The Nighttimeproject.
Pour ceux qui connaissaient déjà le groupe, une chose frappe : l'absence de prise de risque et de diversité par rapport à l'album éponyme. En effet, Thenighttimeproject avait frappé fort avec un premier effort qui lorgnait du côté de l'electro et qui avait le mérite de se démarquer. Le début de l'album est certes relativement varié à l'image de "Binary" qui rappellera les débuts du groupe, qui existe depuis 2010, avec des synthés lourds en arrière plan, quelques arpégiateurs et une flûte ethnique. "Rotting Eden", le deuxième morceau, est le seul vraiment heavy avec un riff de début assez pesant mais rapidement on retombe dans la marque de fabrique du groupe : des arpèges en guitare claire et des lignes de chant répétitives. Et c'est là où se trouve le paradoxe : Thenightimeproject est labélisé groupe de metal prog avec des membres venant de ce style, avec des compos de plus de six minutes mais elles ne décollent pas et utilisent très souvent la même structure. Point de variation à part quelques ponts intéressants comme dans "Final Light"
Les rares éléments de diversification comme le chant féminin de Heike Langhans sur "Signals in the Sky" ou les influences plus jazzy du titre éponyme ne suffisent pas car ils ne sont pas assez mis en avant. De plus, la relative brièveté de l'album n'aide pas l'auditeur à s'évader. Alors certes, l'album fait une petite cinquantaine de minutes, ce qui est classique dans ce genre de metal prog/atmosphérique/doom/planant mais on peut facilement enlever "Meridiam", le dernier titre qui sert plus d'outro. Et pourtant ce dernier morceau possède toutes les caractéristiques qui auraient du être développées par le groupe : de l'électro, de l'atmosphérique relativement varié et cette flûte magnifique saupoudrée avec parcimonie sur l'album.
C'est vraiment dommage car l'album possède une belle qualité sonore : la production est efficace et froide, ce que l'on attend d'un CD de metal atmosphérique. Les parties de batterie sont légères avec des cymbales très jazz. Cela apporte une certaine douceur très agréable qui aurait été merveilleuse si la basse n'avait pas été un poil en retrait et cantonnée à son rôle de soutien rythmique. Les grands perdants sont les claviers qui perdent leur côté électro au profit d'un rôle plus classique dans le prog, assez proche de ce que peut faire Opeth. Autre petite déception : les riffs de guitare assez redondants. Alors certes dans ce type de metal, il faut faire du lent, du contemplatif, du répétitif mais passé quelques morceaux, on voit rapidement les tics de compositions. Terminons quand même par le grand gagnant de cet album : le chant d'Alexander Backlund, varié, avec un chant hurlé de qualité mais trop rare.
Thenightimeproject n'arrive donc pas à passer la barre du deuxième album et c'est dommage. Avec un pedigree aussi impressionnant et une expérience du metal prog atmosphérique, on aurait pu penser qu'ils auraient réitéré l'exploit du premier album. L'ensemble est bien produit mais le côté répétitif ennuiera l'auditeur non spécialiste du genre. Pour les fans de Fredrik, il sera sûrement un album de plus dans la discographie de l'ex-Katatonia.
L'album est disponible chez Debemur Morti Productions