Samedi 22 juin 2019 - 21:50 - Valley
Envy
Un shot de mal-être en intraveineuse
Il est 21h50 en ce samedi 22 juin 2019. Ok, à cette heure-ci, la plupart des festivaliers attend le dernier concert au Hellfest des ZZ Top. Il n'empêche, la Valley est remplie. Pour quelle raison? Le retour des Japonais d'envy, quatre ans après leur dernier passage en France au même endroit. Les jambes lourdes après une moitié de festival, les esprits fatigués se retrouvent pour ouvrir leur coeur devant un concert d'une triste beauté.
envy prend donc place sans un mot sur la scène, dans une lumière et une brume jaunâtre du plus bel effet, quand commence à résonner une douce introduction... Qui laisse place à une tempête de tremolo et de delay quand se déchaîne "Chain Wandering Deeply" sous la Valley. Les hurlements de Tetsuya Fukagawa se brisent sur les nombreuses âmes présentes et l'ambiance sous la Valley est emplie de tristesse. Le public est pris dans cette musique jouée avec les tripes et subit une explosion d'émotions.
Les Japonais peuvent se targuer de livrer une musique cathartique et unique. Un torrent de tristesse, de haine et d'exultation de ces colères qui transpercent continuellement l'être humain. Il faut voir Tetsuya se déchainer, gesticuler en état de transe et aller à la rencontre du public, hurler aux oreilles de celui-ci depuis la barrière de sécurité. envy est la quintessence du mouvement screamo : un hardcore violent, déchirant, mais sublimant les émotions les plus noires de l'âme.
Le passage à trois guitares rend les compositions encore plus puissantes. Les montées en tension où Tetsuya déclame ses paroles en spoken words le regard tourné vers le plafond deviennent encore plus immersives et provoquent de véritables explosions quand les guitares se déchaînent. Les delay qui accompagnent les tremolos font tourner la tête que ce soit sur les anciennes chansons telles que "Left Hand" ou encore sur les plus récentes tirées d'Alnair in August. La tentation est grande de fermer les yeux et de se laisser porter par le courant de ces notes mélancoliques.
Le groupe, et surtout Tetsuya, semble ainsi avoir retrouvé cette rage qui l'a porté aux cimes du mouvement screamo et dans laquelle il se livre à coeur ouvert. envy est une expérience sur scène. Le groupe déboule dans le seul but de faire remonter et amplifier ces sentiments négatifs qui sommeillent en nous. Pris dans les cordes, tiraillé de chagrin et de neurasthénie, on ne peut tout de même qu'être heureux quand déboule un final éblouissant enchaînant "A Warm Room" et "Farewell to Words". Tetsuya finit le concert en larmes et prend alors le temps de descendre dans le public pour saluer tous les fans présents aux premiers rangs.
On pourrait citer Johnny et dire que l'on est content que le Hellfest nous ait donné l'envy, mais plus sérieusement, le concert d'envy fût certainement le set le plus intense émotionnellement durant ce Hellfest. Sans surjeu, sans en rajouter des caisses, les Japonais prouvent encore une fois qu'ils sont les alchimistes dans cette musique tendue sur un fil émotif qui pourrait briser à tout moment. Il n'en est rien et le groupe est bel et bien de retour pour envoyer ses salves d'atrabile sur ses auditeurs.
Setlist :
Chain Wandering Deeply
Marginalized Thread
Footsteps in the Distance
Two Isolated Souls
Scene
Left Hand
Worn Heels and the Hands We Hold
Go Mad and Mark
Dawn and Gaze
A Warm Room
Farewell to Words