Dimanche 23 juin, Mainstage 2, 17h50
Stone Temple Pilots
Bien fichu, sans artifices, carré
Stone Temple Pilots, c’est un groupe à l’histoire particulière. Formé en 1990, il s’est séparé en 2002 pour mieux se retrouver en 2008. Marqué par les problèmes de drogue de son chanteur Scott Weiland, le groupe s’en sépare en 2013 et le remplace par Chester Bennington, alors chanteur de Linkin Park, jusqu’en 2015. Après les décès de Weiland en 2015 puis de Bennington 2017, la formation américaine recrute en 2017 Jeff Gutt, qui doit alors prendre la relève et faire face à cet héritage tragique. Pour son premier passage au Hellfest le groupe est attendu pour voir ce que donne cette nouvelle mouture.
Il y a pas mal de monde devant la Mainstage 1 quand le quatuor entre en piste. Le chanteur Jeff Gutt impressionne d’abord par une chemise léopard du plus mauvais effet. Décoloration blonde peroxydée, lunettes de soleil arrogantes, si l’on se fiait à son accoutrement, on n’aurait pas vraiment confiance en l’ex candidat d’X Factor pour réveiller le Hellfest. Fort heureusement, nous savons que l’habit ne fait pas la (Val-de-)Moine.
Dès le premier titre, « Wicked Garden », issu du tout premier album du groupe Core, Gutt révèle en effet une voix puissante, avec un son très heavy rock qui fait le job sans l’ombre d’une hésitation et une très bonne maîtrise technique. Le son de l’ensemble est très correct, et on entend très bien la basse de Robert DeLeo et la guitare de son frère Dean, très mises en avant. Cette dernière multiplie les intro, les soli, les arpèges dispersés çà et là, clairement, Stone Temple Pilots entend bien rappeler que, quelle que soit la période, c’est un groupe à guitares. La batterie efficace d’Eric Kretz a aussi droit à quelques moments de gloire, histoire de faire bonne(s) mesure(s).
On sent en tous cas une homogénéité et une cohésion dans le groupe, et non pas un ensemble d’egos qui essaieraient de se voler la vedette, ce qui participe à la fluidité de l’ensemble. Un seul morceau issu du dernier album éponyme est joué, « Roll Me Under », le groupe préférant se consacrer à ses classiques des années 90 Core, Purple et Tiny Music... Songs from the Vatican Gift Shop.
Le hard rock de la formation californienne, à tendance grunge pour les titres les plus anciens – cinq morceaux rien que pour le tout premier album – est bien fichu, sans artifice, carré, très (trop ?) propre. On décèle même quelques influences de blues dans certains soli de guitare. Le chanteur communique de façon laconique mais régulière avec le public. Il essaye de le faire participer sur un titre, demandant en gros à ceux qui connaissent les paroles de les chanter, et aux autres de chanter ce qui leur passe par la tête, mais le résultat est mitigé.
Les applaudissements sont réguliers durant tout le concert mais sans non plus sombrer dans le délire total. Il faut dire qu’il manque quelque chose pour faire de ce tout à fait bon concert un moment purement inoubliable. Est-ce dû à un son un peu trop lisse, un chanteur hélas pas aussi charismatique que ses prédécesseurs, une setlist qui alterne les très bons titres et les morceaux plus dispensables, parfois un peu trop lents ?
Le concert n’en reste pas moins agréable, Jeff Gutt remercie encore le public, affirmant qu’il se souviendra toujours de sa première fois en France. Il se retrouve aux barrières pour serrer quelques mains, avant de conclure avec deux morceaux bien énervés encore issus du premier album et séparés par un intermède jazzy, « Dead and Bloated » et « Sex Type Thing ». S’il manquait quelque chose pour la rendre parfaitement mémorable, la performance des Californiens s’est tout de même avérée très plaisante.
Setlist
Wicked Garden
Crackerman
Vasoline
Big Bang Baby
Big Empty
Plush
Interstate Love Song
Roll Me Under
Dead & Bloated
Sex Type Thing
Photo : Lukas Guidet. Toute reproduction interdite sans l'autorisation du photographe