Trois ans après The Serenity Of Suffering, les vétérans de Bakersfield reviennent avec leur nouvel album. Après un dernier album empli de nostalgie et un retour aux sources de ce qui a fait leur réputation, on attendra peut être que le groupe sorte un peu de sa zone de confort, sans trop en dévier, cela dit. KoRn semble très fier de nous présenter The Nothing, un bébé de 13 chansons, pour lequel ils ont mis beaucoup de sentiments et de sincérité.
Dès la première écoute, on sait que l'album plaira aux fans de la première heure. Les riffs et breaks caractéristiques d'Head et Munky, la batterie percutante de Ray, la basse lourde de Fieldy les petits parties électro et surtout la voix torturée et puissante de Jon.
On est mis dans le bain avec une intro à la cornemuse, non sans rappeler "Shoots & Ladders", et terminée par les pleurs et cris lancinants de Jon Davis, toujours aussi poignants, rappelant ceux de la fin de "Daddy". Le ton est annoncé, l'album sera sans doute le plus sombre et personnel que le chanteur n'ait jamais eu à écrire. La pochette de l'album traduit une ambiance torturée, représentant une personne emmélée dans les fils de ses émotions, impossible de s'en défaire et de se mouvoir facilement. Un visuel simple et compliqué à la fois qui fait écho avec le titre de l'album.
Le titre The Nothing est d'ailleurs représentatif de cette ambiance. Jon Davis explique que c'est le nom qu'il donne à la sensation qu'il ressent lorsqu'il se sent envahi par ses démons. Il explique également que c'est la première fois qu'il prend vraiment le temps de se concentrer sur ses émotions pour écrire un album. On connait tous le passif de Jonathan Davis, coincé entre dépression, perte de sa femme souffrant d'une maladie mentale, l'éducation de son fils souffrant de diabète, ainsi que la pression du groupe. Il explique qu'il se sentait prêt à poser toutes ses émotions, brutes, sur un album. Déjà perceptible dans son album solo The Labyrinth, ici les émotions sont décuplées, Jon Davis s'est enfermé plusieurs mois afin de donner naissance à ces paroles et cet album.
Rien qu'en jettant un oeil sur le titre des morceaux, on sent la mélancolie, la tristesse et le désespoir. L'album est teinté de phrases isolées telles que "Why?", "I'm not doing fine", "God is making fun of me" ainsi que de parties criées, pleurées, emprunte de perte de contrôle, et termine sur un simple "I fail" murmuré. Poignant. De plus, beaucoup des morceaux sont lancinants et plus ambiants qu'à l'habitude, notamment avec "Finally Free" ou "This Loss", qui révèle toutes les capacités vocales du chanteur ou l'interlude "The Seduction of Indulgence", assez déroutante.
Que les fans se rassurent, malgré le côté noir et mélancolique de l'album, KoRn sait faire du KoRn et conenter ses fans avec des morceaux emblématiques. "Cold", "Idosyncrasy", et "H@rder" en sont des exemples parfaits. une intro puissante, des couplets et refrains entrainants, et des breaks hyper lourds, couplé au growl de Jon Davis. Inutile de s'étaler sur ce que les Américains savent faire, ils ont quasiment inventé le genre, c'est efficace et précis à chaque fois. Certains morceaux sortent un peu de la zone de confort du groupe comme "The Darkness Is Revealing","Can You Hear Me" ou "You'll Never Find Me" qui sont plus catchy, et plus mélodieux, réhaussés de petits passages electro ou instrumentaux originaux, qui permettent à l'album de se révéler intéressant.
Niveau production, on est toujours sur un son très précis et lourd, propre au groupe, avec la voix et la batterie mises en avant. La basse et les guitares ne sont pas forcément prépondérantes dans l'album, ce qui peut étonner, mais qui parait logique quand on connait le processus de création de cet album, inspiré majoritairement par Jonathan Davis. L'album dans son ensemble saura dans tous les cas ravir les fans de KoRn. KoRn a réussi sur cet opus à confirmer sa place de leader du genre mais a su également se renouveler sur certains aspects de leur musique, ce qui annonce une nouvelle dynamique pour le groupe. Un album sincère et efficace à ne pas manquer.