Il y a des moments charnières dans l'histoire de certains groupes. 2019 est à coup sûr l'un de ceux-là pour le combo poitevin Klone. Une signature avec le label prog réputé, Kscope un passage remarqué au Hellfest en juin, de nombreux concerts prévus pour la fin d'année, et surtout un nouvel album intense et singulier, Le Grand Voyage, qui sortira le 20 septembre prochain. La Grosse Radio a pu s'entretenir avec le guitariste et compositeur Guillaume Bernard pour en savoir plus sur ce tournant dans l'existence de Klone, groupe désormais incontournable.
La Grosse Radio : Bonjour Guillaume, et merci de répondre à nos questions. Klone sort très bientôt son nouvel album , Le Grand Voyage. Peux-tu nous en dire plus sur la thématique, la symbolique et ce que vous avez voulu raconter dans cet album ? La pochette semble bien énigmatique...
Guillaume : Alors déjà il y a un côté assez énigmatique, c'est vrai. Tout ça a été un peu construit autour de la pochette du disque, qui représente une sorte de soleil au beau fixe entouré de deux tourbillons nuageux. Il y a un peu ce message dans l'album, comme quoi il faut passer par ces nébuleuses pour accéder au soleil, avec un effet de conflit entre les deux. Par le conflit, on s'en tire toujours par le haut, peu importe les passages différents... Après, ce n'est pas moi qui ai écrit les textes de l'album, mais il y a pas mal de paroles qui sont aussi énigmatiques. Ce sont des paroles qui peuvent se faire approprier par chacun, qui peuvent faire penser à des histoires personnelles, ou non. Il n'y a pas quelque chose de trop fixe dans les textes, qui t'emmènerait dans une direction précise.
Il y a toujours le choix pour l'auditeur d'interpréter cela comme il le souhaite. Et finalement, Le Grand Voyage, c'est aussi ça, une sorte de trip musical. Quant tu écoutes, tu te laisses transporter. Il y a plein de choses différentes, mais comme il y a une dizaine de titres je ne vais pas pouvoir te faire un condensé de chaque morceau (Rires) , mais c'est plutôt aux gens de faire l'effort de s'immerger, de se faire des tableaux dans la tête en écoutant, d'imaginer. Les textes peuvent te diriger un petit peu, mais tu vois, même moi je ne suis pas dans la tête de Yann, le chanteur, et je ne sais pas ce qu'il avait en tête au moment où il a écrit ces textes, mais je sais qu'il sait rester suffisamment flou et évasif pour que l'auditeur ait à faire une partie du travail d'imagination.
LGR : C'est vrai que Le Grand Voyage a un côté immersif, voire planant.
Oui, un côté apaisant même. J'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit, en voyant la pochette du disque, que ça le faisait penser à un livre de développement personnel. Et voilà, peut-être que la musique provoque aussi ce genre d'effet, qui fait rêver et s'éloigner des choses concrètes. Il y a beaucoup d'émotions qui sont communiquées par les morceaux.
LGR : Le son de l'album est très travaillé. Pour l'enregistrement vous avez bossé au studio Sainte Marthe à Paris. Comme se sont passés la composition et l'enregistrement des morceaux ?
Il y a eu du travail en amont, pendant les compositions, pour la recherche du son. Cette fois-ci, c'est surtout moi qui ai travaillé les compositions musicales, et ensuite j'ai travaillé avec Yann et les autres membres du groupe pour certains arrangements. J'avais déjà la « couleur » du disque en tête, j'avais déjà maquetté pas mal de guitares, et j'avais déjà pris une orientation avec beaucoup de réverbération un peu partout, que ce soit sur les riffs ou sur les arrangements. Je voulais quelque chose d'assez évasif, justement, et la réverbération peut aider à aller plus loin. J'aime aussi l'idée que quand tu joues, la musique résonne. La résonance de la réverb', sur ce disque, ça peut te donner l'impression de te retrouver dans un endroit très ouvert, comme à la montagne, avec un horizon très grand, et non pas dans une cave avec un sentiment de claustrophobie. Mon but était de faire résonner les notes le plus longtemps possible : ça vient notamment de la façon dont les riffs sont composés, mais aussi de la réverbération qui est là derrière pour accentuer cet effet. C'est comme si on voulait que les notes traversent le cosmos et qu'elles résonnent le plus loin possible, en tout cas c'est ce que moi j'avais en tête au moment des premières compositions.
J'ai fait pas mal de morceaux et j'ai cherché à regrouper ceux qui tenaient le mieux ensemble, pour que ça puisse raconter une histoire du début à la fin, et qu'on reste dans une sorte de bulle. C'est un « grand voyage », mais à un endroit, et de rester dans cette couleur artistique très réverbérée c'est presque comme si on restait coincé là tant qu'un certain travail n'était pas fait.
Après, l'enregistrement du disque a effectivement été fait chez Francis Caste à Sainte-Marthe. Moi j'avais déjà fait pas mal de guitares-témoins, le batteur a enregistré sa batterie directement en studio, en prise live, et avec Francis on a surtout beaucoup travaillé le mix ensemble, et c'était vraiment cool car il a vite cerné la direction artistique qu'on voulait faire prendre au projet. Contrairement à certains ingés son qui peuvent broncher quand tu veux abuser de certains effets, Francis a bien capté qu'on voulait rester dans cette esthétique sonore et de ne pas faire quelque chose de « brut ». Il y a beaucoup de réverbération, comme je l'ai déjà dit, mais pas que sur les guitares : il y en a partout, beaucoup sur la batterie, les voix, les synthés. Ça peut même rendre l'ensemble étouffant, je dirais, que tout soit noyé comme ça, mais nous c'est ce qu'on a voulu faire. On a voulu aller au bout de ce qu'on avait commencé avant. C'était aussi lui qui avait fait l'album précédent. Mais il y a certaines choses qu'on n'avait pas pu se permettre de faire, d'une par manque de temps, et aussi parce que le batteur de l'époque n'était pas vraiment sur la même longueur d'onde au niveau de l'orientation de notre son. Là, sur Le Grand Voyage, tout le monde était d'accord et on a pu aller, très simplement, au bout de ce qu'on voulait faire.
LGR : Je trouve que l'on ressent bien la continuité avec l'album précédent, Here Comes the Sun.
C'est ce que beaucoup nous disent, que Le Grand Voyage est un peu la suite logique de ce qu'on avait fait avant. Quelque part, oui, je suis assez d'accord. Avec du recul, bien sûr, parce que c'est un disque qu'on a enregistré il y a plusieurs années.
LGR : Vous avez beaucoup tourné en concerts ces deux dernières années avec l'album acoustique, Unplugged, avec un gros travail sur les arrangements acoustiques. De même, après votre set au Hellfest, vous avez sorti une superbe version live de "Yonder". La performance live est-elle prépondérante pour vous ?
Oui, tout à fait, parce que la même chanson dans une version toute sèche, sans aucun travail sur le son, ne procurerait pas du tout les mêmes émotions. Le travail qu'on fait sur le traitement de chaque instrument est vraiment important. Selon ce que tu vas mettre dessus, ça peut brouiller ou non le message. Sur Le Grand Voyage, on a voulu que tout soit très clair, que chaque chose soit bien perceptible, et qu'il y ait quand même du détail dans la production et les arrangements, le but étant que tu écoutes le disque pas mal de fois et que tu y découvres à chaque fois des petits détails que tu n'avais pas forcément perçus, des petits éléments qui font que le disque peut s'écouter avec une longue durée de vie, si tu vois ce que je veux dire.
Pour le travail du live, là pour l'instant on n'a fait qu'un seul morceau du nouvel album en concert, le single "Yonder". Les autres morceaux, on ne les a jamais joués ensemble, jamais répétés, c'est vraiment de la création studio, alors je ne sais pas trop comment te répondre. Mais bon, on a déjà fait huit disques avec Klone, et quand je compose je sais déjà un peu comment ça va sonner en concert. Il faut faire attention, parce que quelquefois il y a des choses qui rendent bien en studio, et quand tu arrives en live, tu te rends compte que le message se perd, n'est pas clair. Il faut que tout soit à sa place pour être bien perceptible en live, et c'est pour ça que des fois, tu peuxx entendre des choses assez simples et répétitives dans les riffs de guitare, mais c'est pour laisser la place au reste, pour que chacun ait la place de s'exprimer. Notre but c'est que tout soit perceptible pour les auditeurs, y compris les non-musiciens. Pour les musiciens on a quelquefois l'impression, avec notre façon de percevoir la musique, que tout est clair, alors que pour certains, si tu mets trop d'informations dans ta musique, le message se perd.
Par rapport à ce que tu disais sur le disque Unplugged et la tournée, ça nous a permis de faire attention à ces choses-là : en acoustique, on s'est rendu compte qu'avec moins d'éléments que sur l'album, moins d'arrangements, on a pu rendre plus simplement les choses en mettant l'accent sur la voix et en gardant un certain travail d'harmonie dans les guitares, avec des percussions assez minimalistes aussi, et le message pour certains paraissait beaucoup plus clair, et l'émotion passait mieux.
LGR : Le premier single, "Yonder", est sorti avec un beau clip video, présenté comme un court métrage, dans une ambiance très western, qui fait echo aux sons « enio-morriconiens » des grattes dans le morceau. Parle-nous de ce titre et de l'histoire de cette vidéo, si particulière.
En fait, bien que l'on ait sorti huit albums, Klone n'a sorti que très peu de clips jusqu'ici. La vérité, c'est qu'on a fait des clips pour chaque disque depuis Black Days (2010) mais au final on a souvent refusé ces clips, parce qu'ils ne collaient pas au groupe, et n'allaient pas bien avec la musique. Là, on est vraiment super contents d'avoir pu faire un clip qui fonctionne bien. C'est Yann Ligier, le chanteur, qui a travaillé sur le scénario avec ce qu'il avait en tête, et on est vraiment très heureux de cette video. Déjà, parce que ça matche bien, la musique et le visuel fonctionnent très bien ensemble. Mais aussi parce que c'est notre premier titre pour le nouvel album, et le fait d'avoir déjà un clip, ça fait déjà des images dans la tête des gens. C'est comme quand tu lis un livre et que tu as déjà vu le film avant, ça te fait des images qui vont rester.
On est vraiment très contents, parce que le clip fonctionne bien avec le disque mais aussi le concept, la pochette, etc. On a pu se permettre des choses visuelles qui étaient vraiment chouettes, avec des drones qu'on a utilisés pour filmer, dans le désert des Bardenas en Espagne.
LGR : Le paysage désertique rappelle vraiment les western !
Oui, c'est fou ! Quand on est arrivés à l'endroit où on devait filmer, on a eu des petits soucis car on n'avait pas toutes les autorisations. On s'est donc fait virer du désert assez rapidement [Rires] , mais on a eu le temps de tourner les scènes principales du clip. Le reste des images a été tourné un peu plus loin, dans un lieu où on pouvait le faire. Cet endroit ressemblait un peu au premier décor. Ça n'a pas été très simple de tout mettre en place. Il y a eu trois jours de tournage, pour faire les choses bien.
Clip ou court métrage … ? Pour nous, c'est un clip. Le morceau est juste long, sept minutes, et on ne l'a pas édité ou raccourci pour faire le clip. Après, c'est le label qui a mis la dénomination « short film », et on a découvert ça à la sortie. On n'avait pas parlé de ça avec eux avant , mais bon, pourquoi pas ? Je ne sais pas trop à partir de quel moment on peut dire que c'est un court métrage...
LGR : Est-ce qu'on doit en conclure que vous êtes branchés cinéma ?
Alors, moi, pas du tout ! Je regarde très peu de films. Ça m'arrive d'en voir, mais par périodes, et on peut dire que je suis plutôt mauvais en noms d'acteurs et en références de cinéma. Je n'ai pas une grosse culture cinématographique. Il y a des choses qui me parlent, des metteurs en scène qui me plaisent, comme Lars von Trier ou Gaspar Noé, des trucs un peu space comme ça, ou des films qui me dérangent, tu vois. Donc on peut dire que je ne suis pas un gros consommateur de cinéma. Par contre, à côté je regarde beaucoup de documentaires, des conférences, je m'intéresse à plein de choses, et surtout j'écoute beaucoup de musique.
Yann, lui, regarde beaucoup plus de films que moi. Il a plus une culture cinéma. Je ne sais pas trop quelles sont ses références, mais c'est quand même lui qui a écit le scénario, alors que moi, autant je suis capable d'écrire de la musique, mais je ne me vois pas du tout écrire un scénario comme ça, à partir de la musique. Certes, j'ai des images en tête, mais je crée plutôt des paysages sonores, sans forcément de choses concrètes. C'est pour ça que j'aime bien parler de voyage. La musique permet de voyager. Moins il y a de choses concrètes, plus tu peux voyager. C'est ce qui me plaît dans l'approche de la musique.
LGR : Beaucoup parlent d'un changement de direction depuis l'album Here Comes The Sun, avec une ambiance plus aérienne et une identité prog plus marquée. Tu es d'accord avec ce mot, changement, ou tu parlerais plus d'évolution naturelle ?
Pour moi, c'est un peu une évolution naturelle. On part moins dans tous les sens qu'avant, et en effet avec le temps, on part sur des tempos assez lents, et de moins en moins de distorsion sur les guitares. Tu as raison, c'est depuis l'album Here Comes The Sun, et c'est un choix qu'on a fait. Je ne sais pas trop comment t'expliquer, mais il y a un son qui me déplaît dans la guitare électrique et sa distorsion, c'est que la disto crée des fréquences qui se mélangent un peu trop avec les voix et les bouffent parfois, parce que c'est un peu dans les mêmes ondes passantes. Le message peut être brouillé. Ça faisait longtemps que je voulais mettre de la réverbération dans le son, mais le problème c'est que réverb' et distorsion ne font pas bon mélange, ça part trop dans tous les sens. Et au moment de Here Comes The Sun, je me suis rendu compte que je pouvais arriver à un pseudo-effet de distorsion en grattant un peu plus fort les cordes de ma guitare, tout en ayant de la réverbération. Et j'ai aussi vu qu'en jouant en clean avec la guitare, le son était plus large. Voilà, c'est là-dessus que j'ai fait des recherches à l'époque.
Aujourd'hui, dans tous les groupes de metal qui sortent des disques, je trouve que tout le monde a un peu le même son de guitare, le même son de distorsion... et moi j'aime pas trop quand ça sonne un peu comme tout le monde ! Si j'avais une critique à adresser à beaucoup de groupes qui sortent des albums metal aujourd'hui, c'est qu'ils utilisent les mêmes sons, les mêmes recettes, et c'est dur comme ça d'avoir une identité sonore.
Pour notre son, j'ai voulu utiliser la réverbération sur le disque précédent, sur la guitare lead mais aussi sur la guitare rythmique, chose qui ne se fait pas trop habituellement. En fait, j'ai fait directement mes prises avec la réverb' pour être sûr de ne pas avoir à discuter de ça, avec l'ingé son par exemple. J'avais pas envie de me justifier, et du coup j'ai un peu imposé ça, car le son que je lui ai filé était déjà réverbéré. Et sur le dernier album, Le Grand Voyage, ça a été la même chose, sauf qu'on a un peu abusé... et on a aussi composé en fonction de l'effet causé par la réverbération. Ça donne des résonances en plus, ça ressemble parfois à un son de synthé qui résone en arrière, comme quand tu entends de la guitare ou du chant dans une église, tu vois : il y a ce qui sort de ta bouche, et ce qui résonne après. Quelquefois il y a des choses mystérieuses qui se passent. Il y a des notes qui arrivent, tu ne les as pas jouées, mais elles se créent toutes seules. J'aime bien avoir ce petit magma de fonds sonores. Et sur Le Grand Voyage, la base du disque est posée là-dessus, sur la production.
LGR : Tu disais il y a deux ans que c'était plus difficile de jouer les morceaux plus calmes que les trucs « bourrins ». Est-ce que ça va mieux ? (Rires) C'est un challenge, au niveau technique, de s'attaquer à un tel travail sur le son ?
Ah oui, c'est clairement plus difficile d'arriver à faire sonner des morceaux en acoustique qu'en distorsion. C'est plus difficile de jouer subtil que de jouer comme un cochon avec la même intensité du début à la fin ! Ce qui fait le relief dans la musique c'est aussi la subtilité, savoir doser la façon dont on veut faire sonner une note. Pour répondre à ta question, oui, ça va beaucoup mieux car on a quand même fait plus de cent dates en acoustiques, donc j'ai pu bien travailler ces détails. Et on a pu appliquer la recette à ce nouveau disque, même si sur Le Grand Voyage il y a encore des distorsions, attention ! Il y a des parties qui sont un peu plus metal que l'album unplugged qu'on avait fait avant. Pour nous, l'essentiel du travail est d'avoir un set cohérent en live, avec des morceaux de notre catalogue plus ancien et des morceaux récents.
LGR : Quels ont été les retours après votre set au Hellfest ?
Oh, c'était vraiment super, on a eu de très bons retours, on est très heureux d'avoir vécu ça. On est contents parce qu'on a déjà joué le nouveau titre « Yonder » deux ou trois fois en live, au Hellfest et ailleurs, et beaucoup de gens nous ont dit qu'il sonnait très bien, donc c'est un peu comme si l'objectif était atteint.
LGR : Concernant le line-up, on voit sur les affiches promo le « noyau dur » du groupe, avec le chanteur Yann et Aldrick et toi, les deux guitaristes. Au Hellfest, vous étiez six sur scène. Les autres membres qui ont joué avec vous font-ils partie de Klone ? On a pu y voir des musiciens avec des backgrounds très différents.
Oui, tout à fait. Après, les compos étaient déjà faites, alors Martin, le nouveau batteur et Jonathan, le bassiste, ont appris le set et ont travaillé le son un peu comme les membres précédents avaient travaillé. Le but était de chercher à reproduire ce qui avait été créé avec ces membres précédents. Bon, après, je t'avoue que le line-up, c'est un peu compliqué. C'est pour ça qu'on a mis ce noyau dur avec nous trois. Ça fait une dizaine d'années qu'on bosse ensemble tous les trois, Yann, Aldrick et moi.
C'est sur le poste de batteur que c'est compliqué : on en a eu plusieurs. Florent Marcadet, qui était dans le groupe, joue aussi avec Carpenter Brut et tourne beaucoup donc il n'a pas vraiment le temps de venir faire la batterie aussi avec nous. Il y a aussi Morgan Berthet qui a enregistré l'album avec nous, qui fait partie de Kadinja et de Myrath et a donc pas mal de dates à côté. On avait aussi envie d'avoir des gens près de chez nous, pour que ce soit simple de travailler ensemble. Je me souviens qu'en 2015 on a fait une tournée avec deux mecs de Poitiers, un mec qui venait de Lyon, un de Nancy et un de Toulouse, et c'était souvent très compliqué de mettre des choses en place. Donc là, on n'avait pas envie de se prendre la tête avec ça, on voulait pouvoir accepter plus de dates sans problème. Donc voilà, la situation est compliquée, mais on n'a pas le choix. On fait comme on peut, en essayant à chaque fois de trouver les personnes qui sont le plus aptes à jouer notre musique. Mine de rien, ça n'est pas évident du tout. Il y a les agendas à synchroniser mais aussi le côté humain à prendre en compte. Un groupe, c'est comme une relation de couple, mais à cinq ou six personnes, c'est vraiment pas facile de garder ça stable très longtemps.
LGR : Vous venez de signer avec le label prog Kscope, où l'on retrouve de grands noms comme TesseracT, Steven Wilson, Anathema ou encore Katatonia. Avoir un nouveau label, c'est une sorte de nouveau départ pour vous ? De nouvelles perspectives ?
D'abord, on sait que eux travailleront plus avec l'étranger que le label qu'on avait précédemment. Ensuite il y a cette « niche » de musique prog, et c'est clairement ce que l'on fait aujourd'hui. Il y a des opportunités qui s'ouvrent sur certains concerts. Pour l'instant à la rentrée de septembre, on ne tourne qu'en France, en tête d'affiche, mais je peux te dire que pour 2020 il y a pas mal de choses qui vont se mettre en place pour l'étranger. Ce nouveau label dépense beaucoup plus d'argent sur le groupe que le précédent. Des portes s'ouvrent, pour des festivals l'an prochain et aussi pour des tournées avec des groupes qui sont plus dans notre lignée musicale. Et ce qui est vraiment cool, c'est que chez Kscope ils sont très motivés, passionés par ce style de musique. Après, on pourra vraiment jauger tout ça d'ici un an ou deux. Pour l'avenir, je sais qu'on voudrait faire deux disques avec eux. On doit encore un album à Pelagic qui est notre précédent label pour l'étranger, et après on sera libres, au niveau des contrats, de faire ce qu'on veut. Voilà, on doit trois albums à deux labels différents.
LGR : Dans les mois qui viennent vous avez effectivement plusieurs dates prévues en France, avec quelques groupes variés (Alcest ou Betraying the Martyrs, dans des styles très différents) mais surtout en tête d'affiche. Que peux-tu nous dire de ces dates dans des salles petites ou moyennes, en Province ?
Alors pour beaucoup, ce sont des SMAC (salles de musiques actuelles) de 400 à 500 places, alors déjà c'est un bon challenge de remplir ce genre de salles. Sur le choix des groupes, nous on ne choisit pas trop. On a juste essayé de pousser sur un groupe de Poitiers, UnCuT, avec qui on va faire sept ou huit dates à la rentrée. Ça nous fait plaisir de pouvoir filer un coup de main à ce groupe, dont j'apprécie beaucoup la musique, ce sont aussi des amis et en plus ils sont de Poitiers. On aime bien aider notre scène locale qui est très riche.
LGR : Et pour 2020 ?
Eh bien il y a pas mal de discussions en ce moment. On fera des festivals en 2020 et aussi des dates à l'étranger, non pas en tête d'affiche, mais plutôt en deuxième position sur des affiches avec des groupes plus gros. On a des discussions pour l'Australie, la Chine, le Japon, l'Europe. On a un manager qui est en discussion pour des choses aux les Etats Unis. Autant on a pas mal tourné à l'étranger avec Klone en 2012-2013 (on a beaucoup tourné avec Gojira ou Orphaned Land), un peu avec Devin Townsend en 2015, et c'était vraiment chouette. Voilà, pour 2020 on vise ce coup d'accélérateur sur l'étranger pour Klone, parce que ça fait quelques années qu'on n'a pas pu aller en-dehors de nos frontières pour vraiment défendre un disque. En plus le disque s'appelle Le Grand Voyage, alors c'était écrit …
Entretien réalisé le 24 aôut 2019.