Nouveau venu dans le paysage musical, le groupe suédois propose un premier album à l’ambiance gothique et cabaret. Intrigant.
Non, la Suède ne recèle pas que des groupes de black, de death, et les Hives. Mister Misery, qui débarque dans le monde du metal avec son premier album Unalive, présente un mélange étonnant. A un metal très mélodique s’ajoutent des éléments plus heavy, des rythmiques de guitares lourdes et du scream, ainsi qu’un fort aspect gothique apporté par des claviers omniprésents, et une ambiance qui flirte avec le cirque ou le cabaret macabre.
Cela se ressent dès le premier morceau « The Blood Waltz » : les screams du chanteur guitariste Harley Vendetta donnent une impression de folie, accentués par les effets sur la voix lors des pré-refrains, le clavier sonne presque comme une boite à musique anxiogène sur l’introduction, et les guitares assez lourdes de Vendetta et Alex Nine, renforcées par la basse d’Eddy Crow donnent une ambiance gothique.
L’univers façonné ici est assez particulier sans non plus sombrer dans le complètement loufoque, et s’il n’y a pas non plus d’explosions d’agressivité qui ne rendrait l’ensemble accessible qu’aux amateurs des musiques les plus extrêmes, la violence reste bien présente. Les riffs de guitare ultra saturés et agressifs de « You and I », les soli qui se font entendre sur plusieurs titres, comme « Legion » ou « Stronger », les blasts de batterie de Rizzy qu’on retrouve ça et là… Mais tous ces éléments, très classiques pour du metal, semblent ici avoir une réelle intention, et se mettre au service de l’histoire racontée par le groupe, car ils concourent tous à nous plonger dans une ambiance malsaine, angoissante et désespérée. Le groupe explique en effet que l’album traite de problématiques telles que la mort, l’abandon, l’emprisonnement, la drogue, la pauvreté, et la musique retranscrit bien cet état de malheur. La dépression, les problèmes mentaux et le suicide sont également des thèmes abordés par plusieurs chansons, comme « Blood Waltz » et « My Ghost », et ils font ressentir sans sombrer dans le misérabilisme les tourments moraux des protagonistes.
Là où le groupe est original, c’est évidemment dans l’apport d’éléments externes, notamment par les claviers et certains motifs mélodiques : boites à musiques horrifiques, passages cabaret ou inspirations circassiennes qui renvoient cependant plus au Joker qu’au cirque Pinder.
La plupart des titres méritent l’attention, mais certains se démarquent plus que d’autres. « Tell Me How » combine ainsi une mélodie très marquante dans une veine gothique romantique, une voix tourmentée qui alterne chant clair un peu éraillé et scream caverneux, une ambiance dépressive dans les paroles, et des guitares moins agressives que sur d’autres titres mais très présentes. « Alive » reprend la formule avec un tout petit peu moins de conviction mais reste troublante.
D’une manière générale, les passages les plus marquants sont ceux où Mister Misery lie en osmose éléments metal torturés et d’autres faussement joyeux et enfantins. Sur « My Ghost », la mélodie d’introduction évoque clairement le cirque, mais soutenue par des guitares très acérées, elle perd tout son aspect inoffensif. Sur « Dead Valentine », les chœurs chantent des « Nanananana » qui rappelle un peu le cabaret, mais là encore, les guitares et les cris gutturaux en font un passage perturbant et perturbé.
Unalive force donc le respect pour un premier album. Si le groupe manque d’une chose, c’est d’humilité, puisqu’il n’hésite pas à dire qu’il s’agit probablement d’un des premiers albums depuis très longtemps. Si l’affirmation parait tout de même exagérée, l’album marque indéniablement ses auditeurs longtemps après l’écoute et révèle un groupe à suivre de près, qui exorcise les tourments de l'âme humaine mais finit avec « Live While You Can » sur une note d'espoir.
Tracklist
1. The Blood Waltz 4:10
2. You And I 3:42
3. Tell Me How 4:39
4. My Ghost 3:57
5. Legion 4:15
6. Dead Valentine 3:27
7. Alive 3:53
8. Rebels Calling 3:31
9. Stronger 3:25
10. Live While You Can 5:04
Sortie chez Nuclear Blast le 4 octobre