Opeth – In Cauda Venenum


Voilà déjà huit ans qu'Opeth a opéré sa mue avec la sortie d'Heritage, délaissant peu à peu le death metal progressif qui le caractérisait pour un rock progressif et psychédélique ancré dans les années 70. Et il faut bien avouer qu'en dehors du très bon Pale Communion, le quintette suédois faisait parfois preuve de maladresse dans son nouveau style musical, avec des albums globalement bons mais pas exceptionnels pour autant. In Cauda Venenum vient réaffirmer Opeth dans cette orientation musicale et montre un Mikael Akerfeldt particulièrement inspiré.

En 2019, Opeth prend des risques. Non pas que le combo manquait d'audace jusqu'à présent, mais en proposant son nouvel opus en suédois, le quintette ose de nouvelles choses. Alors certes, la prise de risque n'est pas assumée jusqu'au bout puisqu'une version anglaise est également disponible, mais l'audace est à saluer. Brisons net le suspense, les deux versions se valent, bien que celle en suédois semble plus naturelle et récolte notre préférence.

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Après "Livets Trädgard", une introduction teintée de Pink Floyd (on songe tour à tour au pont de "Sheep" ou "On the Run" avec quelques éléments électroniques), Opeth entre dans le vif du sujet avec "Svekets Prins". Ce titre, choisi pour dévoiler l'album, est relativement classique pour le Opeth nouvelle ère et aurait pu avoir sa place sur Sorceress. Il faut attendre la voix douce de Mikael Akerfeldt à 2:22 pour entrevoir la direction artistique de ce treizième album. Sur In Cauda Venenum, Akerfeldt plonge dans un prog très teinté de folk ("Ingen sanning är allas", "Minnets yta", la fin de "Kontinuerlig drift" ou encore le sublime "Allting tar slut") à grand renfort de guitares acoustiques et de claviers vintages à la Anekdoten, où le chant suédois rappelle leurs compatriotes d'Anglagard (sur leur premier opus, Hybris). Les cordes discrètes et le jeu au ballet de Martin Axenrot sur "Banemannen" lorgnent quant à eux du côté du jazz pour un résultat plus que probant et bien assimilé au style habituel du groupe, après une joli introduction hispanisante.

Pourtant, le style plus mordant des Suédois et de leur leader transparait régulièrement pour ajouter beaucoup de dynamique à l'ensemble ("Charlatan" où la basse ronflante de Martin Mendez fait des merveilles ou encore "Hjärtat vet vad handen gör" qui aurait eu toute sa place sur Watershed). Mais le clou de l'album, c'est ce solo de guitare brillant qu'aurait pu écrire un Steve Rothery (Marillion) sur "Minnets yta".

Les deux grands gagnants de l'album sont le batteur de la formation, qui réalise un travail remarquable, magnifiquement mis en avant par une production organique que beaucoup peuvent envier, et le Maître de cérémonie, Mikael Akerfeldt, dont le chant est une fois de plus maîtrisé de bout en bout. Akerfeldt tente de nouvelles choses vocalement comme cette voix très aigüe sur "Svekets Prins" et des lignes de chant particulièrement travaillées (quitte à ne pas être immédiates). Son chant est certes mixé en retrait (ce qui explique pourquoi les versions suédoises et anglaises ne sont pas si différentes que l'on aurait pu le penser) mais sa voix chaude et envoutante reste un repère sur lequel l'auditeur peut compter dans ce labyrinthe d'émotions.

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Le final sur "Allting tar slut" reste dans la veine des très bonnes conclusions d'album auquel le groupe nous a habitué ces derniers temps (comme par exemple "Folklore" sur Heritage ou "Faith In Others" sur Pale Communion).

Ainsi, si l'on omet le premier titre, "Svekets prins" et le troisième, "Hjärtat vet vad handen gör", moins engageants car trop proches de Sorceress, l'album est une franche réussite. On retrouve un Opeth inspiré, qui semble avoir bien digéré ses nouvelles velléités musicales et qui propose son opus le plus cohérent et complet depuis le début de sa nouvelle ère artistique. De quoi rassurer tous les fans de la formation, ceux des débuts comme les amateurs du Opeth new era.

Tracklist :

Livets trädgård / Garden Of Earthly Delights
Svekets prins / Dignity
Hjärtat vet vad handen gör / Heart In Hand
De närmast sörjande / Next of Kin
Minnets yta / Lovelorn Crime
Charlatan / Charlatan
Ingen sanning är allas / Universal Truth
Banemannen / The Garroter
Kontinuerlig drift / Continuum
Allting tar slut / All Things will Pass

Déjà disponible chez Nuclear Blast
Photographies : © Droit Réservé Opeth / Nuclear Blast

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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