C’est vers sa neuvième édition que le Samaïn Fest se dirige. Fondé en 2011, cet événement ayant pour but de financer des écoles associatives, se déroulera du 25 au 26 octobre prochain à La Mézière en Bretagne. Outre différents concerts, ce festival propose toute une thématique autour des croyances Celtes et plus particulièrement la fête de la Samaïn, passage de la saison claire à la saison sombre. Quelques questions à poser à Charles Castrec, programmateur du festival.
Bonjour Charles, à moins d’un mois de la neuvième édition, peux-tu nous présenter le pourquoi de ton festival?
Le Samaïn Festival est né en 2011 avec pour objectif de soutenir les écoles Diwan de Guipel. Ce sont des écoles associatives, laïques, gratuites, ouvertes à toutes et à tous à partir de deux ans, et elles pratiquent leur pédagogie par immersion en breton. Ce qui nous a intéressé, c’était de pouvoir montrer une autre vision de la langue bretonne, la montrer dans la musique actuelle, par le biais du metal, du rock’n’roll, et qu’elle soit représentée par des groupes qui pratiquent en anglais ou en français ou quelque langue que ce soit.
Quelle a été l'évolution en presque 10 ans?
Nous avons commencé tout petits, tous les bénéfices engrangés sont directement réinvestis dans les besoins de l’école: loyers, salaires et charges. Chaque édition est un retour à zéro. Donc cela nous oblige à faire attention à notre évolution: Ne pas choisir n’importe quel groupe, mais pas trop cher non plus. Il faut faire attention. C’est pour ça que nous avons commencé “petit”. Les trois premières éditions étaient sur une journée. En 2014 nous sommes passés sur deux jours. Quitte à s’embêter à mettre autant de choses en place, autant le faire sur un week-end. Nous avons eu Loudblast en 2014 notamment, et nous avons continué comme ça jusqu’à l’année dernière où nous avons rajouté une soirée d’ouverture acoustique. Des warms up? Nous en avons fait deux, nous nous sommes dit que cela serait plus intéressant de changer la formule, cette soirée est gratuite.
En 2018 nous avons trouvé un certain équilibre, 1000€ de bénéfice environ. Mais il y a eu un don. Au niveau des places nous avons également eu de très bons bénéfices, comme en 2017. Mais l’année dernière nous n’avions pas vraiment de têtes d’affiche mais pas mal de “seconds couteaux” qui nous ont coûté un petit peu plus cher. Donc cette année, deux têtes-d’affiche sur la phase ascendante qui ne nous coûte pas trop, trop cher: Monkey3 et Saor.
Quels ont été les retours des groupes?
Variables. Certains comprennent le projet sans trop se sentir concernés, c’est normal. Mais nous avons quand même beaucoup de retour de groupes très contents du temps qu’ils ont passé au festival. En général les retours ont été très bons, nous on avons eu d’excellents du manager de Bölzer, qui nous a expliqué que les gars avaient été super contents de leur week-end.
Quels chiffres affichez-vous au niveau de l'affluence?
Entre 350 et 450 personnes, cela varie selon les jours et les années. L’année dernière il y a eu une petite baisse puisque Garmonbozia fêtait ses 20 ans à Rennes quelques jours avant, et à côté de ça, c’est tout con, mais il y avait le départ de la Route du Rhum à Saint-Malo. Dans nos festivaliers habitués, metalleux ou non, il y en a qui sont assez attachés à cet événement et qui sont restés à Saint-Malo. Cette année il n’y a pas de grosse concurrence, je croise les doigts. On fera les comptes à la fin. Nous avons une belle affiche.
Justement quels sont les retours des non metalleux, les élèves, les parents?
C’est ce que je trouve vraiment génial, pas mal d’enfants viennent, les miens y sont allés quand ils étaient dans cette école. Maintenant ils sont au collège et continuent à venir, et d’autres arrivent encore chaque année. D’ailleurs les gens pourront trouver des photos de gamins qui slament. C’est drôle à dire mais c’est la plus grosse fête de l’école. Comme elle est associative, nous devons trouver des fonds pour la financer, le festival est un des éléments qui la finance, c’est pour ça que c’est toujours vu comme la fête de l’école. Par rapport aux parents, je pense que les gens nous font confiance, ce ne sont pas des groupes choisis par hasard. En tant que programmateurs nous savons que ce sont des personnes très biens et très gentilles. On a pas mal de parents qui sont assez rock’n’roll ou habitués aux festivals, c’est une région riche en festivals metal. Et puis il y a pas mal de groupes locaux.
Peux-tu nous faire une visite guidée des infrastructures, et quelles sont les nouveautés pour 2019?
Nous essayons de mettre en avant un état d’esprit, en plus des concerts. Autour de la fête de la Samaïn, passage de la saison claire à la saison sombre pour les Celtes, c’est le nouvel an celtique qui est devenu la fête d’Halloween. Nous mettons en place toute une déco en intérieur et extérieur avec essentiellement du matériel recyclé. On suspend des corbeaux en carton, des toiles d'araignés, il y a aussi des exposants dans la salle qui peuvent assister aux concerts, ce qui est plutôt sympa pour eux plutôt que d’être mis dans une salle à part. C’est sûr que ça nous limite un peu niveau place, mais ils y trouvent leur compte. Il y a d’autres animations, à partir de 11h il y aura des concerts devant les bars de la commune, dans le centre-bourg. Vers 14h, il y aura une cérémonie druidique menée par le grand Druide de Bretagne, elle sera suivie par une conférence. Le thème cette année sera les animaux totems celtes. On agrémente à 18h avec une demi heure de causerie en breton, et c’est ouvert à tous.
Cet état d’esprit doit probablement attirer d’autres personnes que celles amatrices de musiques, je me trompe?
Tout à fait. Il y a des gens qui ne viennent pas au concert mais aussi à la cérémonie druidique et qui trouvent cela très intéressant.
Est-il trop tôt pour parler de ce que vous prévoyez pour la dixième édition l’année prochaine?
Nous avons des idées, mais de là à dire qu’elles se concrétiseront. La difficulté sera de faire venir des groupes avec qui on s’entend bien, car l’on fait revenir des groupes avec qui on s’est bien entendus. Il faudra trouver un équilibre entre ne pas en mettre trop et trouver des nouveautés. Nous avons des envies pour marquer la chose.
Combien de personnes vont oeuvrer sur le festival et quel système de paiement est proposé aux festivaliers ?
Nous sommes un noyaux dur de six personnes, plus quelques chefs d’équipe. Nous avons un système de jetons, mais pas de cashless. Les gens pourront payer par carte en direct leur place ou le nombre de jetons qu’ils voudront pour le bar et la restauration.
Je te laisse conclure...
Nous espérons bien sûr voir le plus de monde possible, accueillir les festivaliers au mieux. Ne pas oublier que leur venue servira à soutenir une école, lui permettre de s’en sortir financièrement, car ce n’est pas toujours facile.
