Entretien avec Ryan O’Keeffe et Harri Harrison d’Airbourne

Alors que certains groupes ont annulé leur promo ce jour-là pour cause de grève des transports, Airbourne est bien présent au Hard Rock Café, décontracté, des verres de mojito à la main. Ryan O’Keeffe (batterie) et Harri « The Riff Doctor » Harrison (guitare rythmique) sont donc là pour nous parler du nouvel album, Boneshaker.

La Grosse Radio : Harri fait partie du groupe depuis maintenant 2017. C'est la première fois que vous êtes tous les quatre en studio pour l'enregistrement de Boneshaker. Comment cela s'est-il passé ?

Harri : L'enregistrement a été génial. À partir du moment où j'ai rejoint le groupe en 2017, on a été sur la route pendant une année entière. Ce qu'on peut dire c'est que c'est la meilleure façon de rejoindre un groupe et en particulier Airbourne. C'est vrai que le groupe aime être sur la route nuit et jour pour faire des concerts à travers le monde et on en a fait beaucoup. Ensuite pouvoir rejoindre Airbourne en studio a été une expérience extraordinaire. D'autant qu'on sonne d'une façon sauvage lorsqu'on se retrouve ainsi. On jouait « live », tous dans la même salle. Si quelqu'un gâchait complètement une prise de son alors il n'y avait pas de polissage, c'était seulement "tout le monde ensemble". (rire de Ryan) C'était la meilleure manière de réagir en studio. Cela a été une expérience unique et extraordinaire de pouvoir jouer avec le groupe comme ça en studio, qui nous a permis de mieux nous connaître et d'être au top. La seule chose qu'on devait y faire c'était d'être nous-mêmes, de se "battre" pour sonner Airbourne. C'était ma première expérience en studio avec les gars et ça ne pouvait pas être plus génial.

Est-ce que tu connaissais les membres du groupe avant de les rejoindre ?

Harri : Oui bien sûr. On était déjà amis depuis plus de dix ans avant que je rejoigne le groupe. Je pense que ça a beaucoup aidé au développement  personnel, au développement de l’amitié afin de s’intégrer plus facilement dans le groupe. On a passé de nombreuses nuits ensemble (rire de Ryan) à s’amuser, à parler et à refaire le monde. On aimait bien traîner downtown, ... On a été dans toute ces merdes et on était comme un groupe dans un groupe... (ensuite ils partent tous les deux dans un délire de soirée, de drive-in de McDo, de bagarres...)

... en gros nous avions déjà traversé tellement de merde que la transition vers le groupe a vraiment été facile et logique. Tu sais après une semaine de répétition, je me sentais déjà dans le line-up. Comme si j'en faisais parti depuis 14 ans...

Ryan : Il est gentil, c'était naturel et très facile de l'accueillir...

 Êtes-vous encore en relation avec David Roads, votre ancien guitariste ?

Ryan : On ne l’a pas vu depuis un moment. C'est plus difficile de rester en contact avec lui qui vit dans l'Etat rural du Victoria. Il voulait retourner aux sources, à la nature. 

Harri : Il m'a appelé récemment pour me demander comment s'était passé l'enregistrement et tout ça ce n'est que du positif, il m'a envoyé des bonnes ondes. Il est content de faire ce qu’il fait actuellement. Il suis son chemin. Il suit son cœur.
 

Airbourne


Et concernant l'enregistrement il y avait aussi de bonnes vibrations ?

Ryan : Ah oui quand Harry nous a rejoint on a joué naturellement comme un vrai groupe. On a joué en studio comme en salle de répétition. Et je pense que ça a été important de faire de nombreux concerts avant de rentrer en studio afin de se connaître de sentir les bonnes vibrations. Mais bon, avant tout nous sommes un groupe "live"!

Harri : Aucun d'entre nous n'est un musicien extrêmement formé (rire de Ryan) connaissant sur le bout des doigts la théorie, le solfège... (rire général)...et surtout capable d'expliquer tout ce genre de merde qui est probablement totalement faux (rire). Mais nous nous comprenons tous et c'est tout ce qui compte pour nous.

Ryan : Tout ce qu’on avait à faire c’était de casser la baraque. Depuis l’arrivée de Harri nous sommes soudé et cela fonctionne bien. Et puis comme on avait fait de nombreux shows ensemble cela ne pouvait que bien fonctionner.

L’album est court, il dure 30 minutes. Vous n’aviez pas assez d’argent pour rester plus longtemps en studio? (Rire)

Ryan : Non en fait c'est assez drôle mais c’est l'album le plus cher que nous ayons fait à ce jour. (hésitant) Je veux dire que jusqu'à présent le courant fonctionnait avec Bob Marlette qui a produit Running Wild ou Johnny K qui a fait No Guts No Glory... Ce que je veux dire c'est que Dave Cobb est le meilleur producteur dans le monde en ce moment car c'est génial de travailler avec lui. C'est un grand professionnel, ce mec savait exactement de quoi le groupe avait besoin. On n'a pas besoin de faire d'assez longues chansons surproduites. C’était cool de travailler avec lui. Il n’était pas du genre à nous dire de faire de faire de longues intros, de longs refrains, il capturait exactement la façon dont le groupe voulait sonner. C’était une bonne entente mutuelle. On allait droit au but comme ce que les fans voulait entendre d'Airbourne, pas trop "produit" comme s'ils étaient avec nous dans une salle de répétition.

Il y a de l’urgence sur cet album. C’est un peu comme votre propre album « punk »...

Harri : Oui, de ce point de vue c’est vrai que c’est cool. Ce n’est pas punk parce que c’est court ou que ça sonne comme du Ramones, c’est parce que c’est sauvage, c’est rock!

La raison de l’urgence que les punks ont dégagée en enregistrant leur musique c’était en réaction à ces groupes planants et chiants qui faisaient des titres de plus de 15 minutes (gros rire de Ryan). L’énergie punk rock que l’on retrouve sur notre album vient en réaction à tous ces clips que l’on retrouve sur le web, tous plus parfaits les uns que les autres. Tout ce "bullshit" qui semble sorti d'ordinateurs... Beaucoup de producteurs dans le monde essayent de chopper des gens comme ça, et tu vois où ils aboutissent avec toute cette production bien léchée...

Ryan : J’en ai marre de tout ces artistes qui recherche une sorte de "perfection"! Nous on essaye d'expérimenter, tu vois, de bouger les micros autour de la batterie sans mettre des putain de batteries électroniques. Et quand tu écoutes toutes ces "merdes" à un moment tu as envie de sortir un album comme Boneshaker ! (rire général).

Harri : Nous aimons tous ces groupes qui bossent avec Dave et on sait qu'il mérite tous ces putain de crédits et qu'il pourra peut-être obtenir un putain de Grammy Awards qu'il mérite car il apporte beaucoup de chose en terme de réalisation d'album.

Airbourne


Comme il n’y a que dix titres sur Boneshaker, j’imagine que l’on va trouver des bonus sur la version japonaise?

Harri : Il y aura plusieurs format, je crois que pour la version allemande il y aura des choses en plus. Mais tout ça c'est du marketing.

Ryan : C'est vrai qu'on l'a déjà fait par le passé. Je crois même que pour la France et l'Allemagne il y aura quelque chose de spécial avec deux trois titres enregistrés chez vous en plus, mais je ne sais plus si c'est sur une version vinyle ou CD…

Harri : Je crois qu’il y aura des versions live de « Boneshaker » enregistrés au Wacken avec le clip sans overdub, du live quoi!

 Est ce que la tête de mort sur la pochette de l’album risque de devenir votre mascotte comme le Snaggletooth de Motörhead ?

Harri : Oui, on l’espère. c’est ce qu’on aimerait. C’est simple, iconique, on peut le mettre sur des flight cases, vous pouvez l’imprimer sur des préservatifs, partout… (rire général), avec le nom "Boneshaker" si tu vois ce que je veux dire (rire)...

Ryan : Pour la nouvelle gamme de produits à venir, on a vu que cela avait de la gueule, sur les T-shirts, les sweat-shirts, casquettes...

Sur votre futur jet privé!

Ryan : Oui bien sûr! (Rire)

 Comment faites vous pour être aussi ponctuels ? Tout les trois ans un album.

Ryan: On aime travailler vite, très vite. Je pense même que le prochain arrivera encore plus rapidement. Quand on travaille comme ça on déchire tout ! Surement juste après une tournée qui devrait durer dans les 20 mois.

Lionel : Cette année on célèbre les 40 ans de Highway to Hell, vous n’étiez pas encore né lors de sa sortie. Que représente cet album pour vous?

Harri: Lorsque j’étais plus jeune, dans mes premières années où j’ai commencé à jouer de la guitare, l'album Highway to Hell représentait pour moi mon putain de songbook. Tout ce que je voulais apprendre de la guitare était sur cet album. Ensuite en vieillissant j'ai voulu en apprendre encore plus sur le comment du pourquoi d'enregistrer un album. Comprendre la musicalité de ce qui se dégageait de la façon dont Malcom et Angus jouaient ensemble. Et ensuite voir comment le son avait totalement changé entre le dernier album enregistré avec Bon Scott qui était très sauvage et le premier avec Brian Johnson. L'album représente la fin d'un chapitre concernant le son. Les six premiers disques jusqu'à Highway to Hell représentent le son d'une période celui des Albert Studios à Sydney et pas seulement du fait qu'ils aient travaillé avec Robert "Mutt" Lange. La direction prise était une production plus propre avec plein d'autres choses...

Et lors de cette même année 1979, de nombreux albums sont sortis: Overkill et Bomber de Motörhead, UFO avec Strangers in the Night, Unleashed in the East de Judas Priest, Face to Face et No Exit de The Angels, State of Shock de Ted Nugent, Rory Gallagher et son Top Prioroty, le premier Saxon, Kiss et Dinasty, Thin Lizzy avec Black Rose, Van Halen II,… Pourriez vous me donner votre Top 5?

Ryan : Je dirais Judas Priest, Thin Lizzy, Motörhead bien sûr... et le live de UFO est magnifique aussi.

Harri : Bon Dinasty ce n’est pas le meilleur...

Lionel : Trop disco, (rire).

Ryan : The Angels aussi...

Lionel : On connait Airbourne pour l'énergie qu'il dégage sur scène. On se souvient encore de l'escalade des Mainstage au Hellfest de Joel en 2008 et 2010... Est ce que ton frère prend le temps de se reposer parfois ?

Ryan : Si parfois il pique du nez dans le tourbus... mais c'est rare.

 Deux dates rapidement « sold out » a Paris, cela doit faire plaisir?

Ryan : C’est cool, c’est excitant et puis on pense revenir courant 2020…

Harri : On était encore en studio quand on a annoncé la tournée, alors, oui, c'était excitant de savoir que le public répondait déjà présent! Je sais que certaines personnes n’ont pas eu de place mais sur cette tournée Boneshaker on va revenir en France courant 2020…

Photos : © 2019 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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