Cette saison de concerts à la Laiterie de Strasbourg ne pouvait mieux se conclure ! En effet, la dernière session live de l'année était assurée le 1er juillet 2019 par quelques gros noms de la scène metal internationale, à savoir Cane Hill, While She Sleeps, mais avant tout et surtout Trivium. Les trois formations ont donc posé leurs valises dans la capitale alsacienne pour y donner un concert haut en couleurs.
Cane Hill
Les Américains de Cane Hill étaient chargés d’ouvrir les hostilités et, clairement, il n’y sont pas allés de main morte. Armés d’un neo-metal / metalcore plutôt musclé, la bande menée par Elijah Witt a fait preuve d’une grande agressivité sur scène et a invité le public à faire de même à maintes reprises. Le groupe est ainsi parvenu à insuffler un certain engouement et à gommer la timidité de l’auditoire strasbourgeois plutôt rapidement.
Cane Hill nous a livré dans un beau packaging une musique hybride mais convenue. Les musiciens sont en effet talentueux et ont montrés une réelle motivation tout au long du set, et ce malgré la fébrilité de la foule. Le concert étant sold-out, de nombreux fans de While She Sleeps et Trivium étaient déjà présents lors de la montée sur scène du premier groupe, une aubaine pour Cane Hill qui ont pu dévoiler ses atouts. Et pendant près d’une demi-heure, le groupe n'a laissé aucun répit au public, Cane Hill a frappé fort, jusqu’à l’épuisement. C’est une qualité que l’on ne peut que saluer, car l’exercice du concert de première partie est des plus difficiles.
While She Sleeps
Le jour même du concert, le groupe annonçait sur les réseaux sociaux que Lawrence « Loz » Taylor rentrait d’urgence en Angleterre et n’assurerait donc pas le reste de la tournée. Beaucoup de questions se sont alors posées et les spéculations fusaient sur les réseaux sociaux à la même allure qu'un jour de krach boursier. Le groupe aurait-il un chanteur remplaçant sur les prochaines dates ? Donnerait-il un concert similaire à celui proposé sur l’édition spéciale de You Are We ? Ou ferait-il le choix risqué de jouer un set "instrumental" avec seulement les choeurs ? La dernière option a finalement été jugée comme la plus réalisable d’un point de vue logistique. Que ce soit pour les techniciens ou les membres du groupe, changer le set aurait induit une charge de travail trop importante pour une marge de manoeuvre aussi courte; et trouver un chanteur en quelques heures était mission impossible.
While She Sleeps est donc monté sur scène sans chanteur, en comptant sur la réponse de ses fans pour éviter l’émergence d’une situation de malaise. Et que dire si ce n’est que la réponse a été à la hauteur du courage du groupe ? Qui dit statut de première partie dit forcément setlist plutôt courte. La formation de Sheffield a donc eu la chance de ne piocher que dans son chapeau étiqueté « classiques » pour construire son set. L’auditoire était donc au minimum familier des refrains entêtants de While She Sleeps et a pu s’approprier les parties de Loz avec aisance. Certains fans au premier rang n’ont d’ailleurs pas manqué de se déchirer les cordes vocales pour exhorter le groupe, surtout lors du breakdown de « Silence Speaks ».
Malgré le manque incontestable d’une figure sur scène, les membres ont abordé le concert avec la même énergie que d’habitude. Mat Welsh (guitare/ choeurs) a dû de facto assurer un rôle de porte parole du groupe et s’est chargé d’en exprimer la gratitude. Aaran Mckenzie (basse) a quant à lui déployé un jeu de scène encore plus impétueux qu'à l'accoutumée et s’est autorisé quelques échanges assez intimes avec le public.
Avec une humilité remarquable et un courage inébranlable, While She Sleeps a su tenir sa scène sans frontman, tout en prenant le soin de faire fleurir cette situation délicate en un moment unique pour les fans. Bien que le sing-a-long soit chose commune dans la scène metalcore et hardcore, cette fois, le public s’est vu offrir une place éminente dans ce concert. Intimité, inébranlable soutien de la part des fans, sing-a-long et remerciements étaient donc les mots d’ordre de ce deuxième concert de la soirée, un concert qui restera sans aucun doute ancré dans les mémoires des fans les plus fidèles de While She Sleeps.
Setlist:
You Are We
Anti-Social
The Guilty Party
Haunt Me
Four Walls
Silence Speaks
Hurricane
Trivium
Pour sa part, Trivium était au complet ce soir là. Dans une Laiterie plus que bouillonnante, les Américains ont dévoilé un show placé sous le signe de l’assurance. C’est une bande en forme et adulée par son public qui est montée sur les planches de la salle strasbourgeoise.
Avant toute chose, force est de constater que Trivium est un groupe qui convient davantage à une salle qu’à un festival, le son en plein air étant souvent massacré, prestation au Hellfest comprise. Mais, ce soir là, à la Laiterie, la balance lui faisait enfin justice. Les nuances étaient aisément perceptibles et les guitares pesaient véritablement dans la balance, de quoi contenter les tympans des plus maniacs, nous y compris.
L’imposant lightshow était enfin mis à l’honneur et s’est avéré un des gros atout du groupe. Un travail aussi soigné et minutieux n’a que rarement sa place en festival, surtout de jour, il était donc très agréable de pouvoir découvrir cette composante du show. Aussi, Matthew K. Heafy s’est montré bien plus confiant et convainquant que devant le public de Clisson. C’est avec plaisir que nous avons accueilli une voix plus puissante et posée que quelques jours auparavant.
La taille de la salle a évidemment son incidence sur la pression du groupe; jouer devant 800 personnes n’est pas de la même paire de manches que de jouer devant 40 000 personnes; et comparée au reste de la tournée, la Laiterie était d’ailleurs d’une taille plutôt restreinte. Il n’aura fallu que quelques notes pour que Trivium emballe son public. Le combo d’entrée « The Sin and The Sentence » / « Beyond Oblivion », criblé de jets de fumée, a incontestablement eu un effet galvanisant sur l’auditoire.
La réponse du public strasbourgeois a ensuite été spectaculaire. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que le concert était complet des semaines auparavant et qu’il s’agissait de la seule date française de Trivium excepté son passage au Hellfest. À coup de « bougez fucking vous » et « open that fuckin pit », Matthew K. Heafy n’a clairement pas manqué de planter un champ de bataille dans la fosse.
Côté setlist, pas de grosse surprise. Cette dernière décennie, l'entité Trivium s’est installée comme une pierre angulaire de la scène metal moderne et le groupe arrive désormais à un point déterminant de sa carrière. Il peut en effet se permettre de proposer une anthologie composé d’un florilège de ses titres les plus éminents. Ainsi, des classiques issus de Shogun, Ascendency et In Waves sont venus épauler une fine sélection de titres du dernier album en date, The Sin and The Sentence qui, au passage, s’avère une merveille en live.
En somme, Trivium a comblé ses fans grâce à une belle maitrise de son environnement, une setlist soignée et une prestation aussi dynamique que puissante.
Setlist:
The Sin and the Sentence
Beyond Oblivion
Like Light to the Flies
Sever the Hand
Built to Fall
Shattering the Skies Above
Until the World Goes Cold
The Wretchedness Inside
Beauty in the Sorrow
Pillars of Serpents
Betrayer
Down From the Sky
The Heart From Your Hate
Strife
Pull Harder on the Strings of Your Martyr
Capsizing The Sea
In Waves
Crédit photo: © Valentin Laurent 2019
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