Les Allemands de Kadavar, formation emblématique d’une musique stoner façon old school saupoudrée de 70’s, sont de retour avec un nouvel album. Intitulé For The Dead Travel Fast, cet opus est sorti le 11 Octobre dernier via Nuclear Blast. Kadavar était resté sur ses acquis depuis son changement de direction musicale il y a quelques années, en abandonnant notamment son doom metal pour un gros stoner ancré dans les années 70’s. Le groupe va-t-il sortir de sa zone de confort avec ce cinquième album ?
A l’écoute du premier morceau, le ton est donné : riffs psychédéliques, voix nasillarde de Christoph Lindemann alias "Lupus", ambiance planante, bref rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, au fur et à mesure, on se laisse emporter par une atmosphère un peu plus angoissante. Le rythme s’accélère légèrement, les sonorités deviennent plus puissantes et saccadées, la voix plus lancinante. Dès la deuxième piste on a saisi l'idée : Kadavar se lance sur un chemin plus occulte et obscur qu’à son habitude.
Il n’y a qu’à regarder les titres des chansons de l’album pour en être définitivement convaincu : "The Devil's Master", "Evil Forces", "Children Of The Night" ou encore "Demons In My Mind" ne font aucun doute sur le choix des Allemands. On reste dans un registre old school, mais ce sera dans un contexte plus malfaisant, voire même pandémoniaque. Maintenant que le décor est planté, entrons davantage dans le vif du sujet.
On sent que le chant est plus lourd, plus pesant. L’ambiance est toujours autant psychédélique et fantasmatique. Cependant le climat a changé. Comparé au précédent album Rough Times (2017), le voyage n’est plus empreint de gaieté et de couleurs façon flower power. On avance dans une dimension astrale beaucoup plus sombre avec des riffs plus lourds et un chant plus agité que d’ordinaire. Sur certains titres, on entendra des cris en fond venant accentuer cette anxiété naissante comme dans "Evil Forces". Malgré la voix de Lupus plus en profondeur et oppressante, le chant n’en demeure pas moins hypnotisant.
On sort de cette funèbre torpeur naissante avec "Children Of The Night", plus dynamique que les titres qui le précèdent. Avec des passages ressemblant presque à des litanies sataniques, on continue malgré tout notre chemin vers l’occulte. Par ailleurs, ce morceau plaira aux fans du groupe car, bien qu’étant l’un des plus vifs, il comporte une partie instrumentale posée avec des sonorités atmosphériques très vintages avoisinant le doom.
Maintenant que l’on est rassuré de constater que l’empreinte et les particularités de la musique des Berlinois sont bien présentes, attardons-nous sur leurs nouvelles prises de position. Notamment avec un titre qui se détachera indéniablement du reste, à savoir "Dancing With The Dead". Sur un rythme plus régulier, plus rapide et avec un chant plus léger, on dirait presque qu’une chansonnette pour tout petits nous est contée. Toutefois, ne vous y trompez pas, on reste dans ce décor cabalistique planté par le groupe ; c’est peut-être une histoire que les Allemands nous racontent, mais ce sera un conte à nous glacer le sang... Pour ne pas citer le célèbre titre "Dance Of Death" d’Iron Maiden, on dirait presque qu'il s'agit d'une histoire à propos de quelque chose d’entre-aperçu lors d'une nuit au clair de lune… Les ingrédients sont là : climat de confiance mais teinté d’angoisse, on est captivé par le récit tout en l’appréhendant, on ne sait pas dans quoi on s’engage et pourtant on y va les yeux fermés.
"Demons In My Mind" et "Long Forgotten Song" ne sont pas en reste. Le côté histoire au coin du feu se fera moins sentir, notamment avec les riffs primaires joués sur un rythme plus groovy. Cependant la voix lointaine et l’atmosphère aérienne qui s’en dégage permettent de conserver cette ambiance ésotérique. La ballade "Saturnales" offre une petite pause dans ce voyage alambiqué mais on restera incontestablement dans les contrées macabres des seventies.
Avec ce cinquième opus, Kadavar s’éloigne de la touche pop très présente dans son précédent album, en optant notamment pour une dimension plus lugubre. Le groupe alterne entre passages énergiques et parties plus calmes, entre morceaux nerveux et titres tourmentés, le tout baignant dans une atmosphère psychédélique. Le genre qui vous fait bouger la tête et le corps instinctivement.
Si le style n’est pas révolutionné, force est de constater que les Berlinois ont fait de beaux efforts pour nous emmener vers un cadre différent et plus noir que de coutume. Une belle performance qui offre à nos oreilles d’agréables moments.
Kadavar - For The Dead Travel Fast, sorti le 11 Octobre via Nuclear Blast - Tracklist :
1. The End
2. The Devil's Master
3. Evil Forces
4. Children Of The Night
5. Dancing With The Dead
6. Poison
7. Demons In My Mind
8. Saturnales
9. Long Forgotten Song