Après les festivals de l’été, voilà venue l’heure des fests en salle, bien à l’abri des éléments. Le Beermageddon, neuvième du nom, ouvre la saison à l’Estaminet Café Culture de Magny-les-Hameaux. Chaque année, l’association Battle’s Beer nous concocte une affiche savamment choisie, qui mixe allégrement le black et le pagan metal, avec des dignes représentants de la scène française, mais aussi des invités de qualité, souvent rares dans nos contrées. 2019 ne fait pas exception à la règle et les fins connaisseurs de cette belle scène se retrouvent en région parisienne, devant un excellent hypocras par exemple.
Tan Kozh
Suite à l’annulation d’Hanternoz, en raison d’un accident de moto qui a affecté un des membres du groupe, à qui nous souhaitons d’ailleurs un bon rétablissement, c’est à Tan Kozh que revient l’honneur d’ouvrir le bal à quatorze heures. Si tôt dans l’après-midi, le public est doucement en train d’arriver. Néanmoins, il aurait été dommage de rater cette formation si prometteuse. D’ailleurs, ceux qui voulaient les voir se sont déplacés en temps et en heure et la salle est convenablement remplie compte tenu des conditions horaires…
Le groupe est issu de la riche scène black et pagan bretonne et on reconnait Sven Vinat et Yohann Mahé, que l’on retrouve dans diverses formations de qualité, dont Belenos présent un peu plus tard dans la soirée. Tan Kozh propose un black pagan metal et on ne peut que se réjouir de la sortie prochaine du premier album « Lignages Oubliés » (prévu pour le 15 novembre chez Antiq Label).
Setlist :
- Troisième Fonction
- De Brest à Brest, Litovsk
- Ecce Homo
- Et la Haine nous sauvera Tous
- Equinoxe
- Imprécation
- A la gloire d'Indra
Deathcode Society
A l’autre bout de la France, on retrouve une autre région ayant une scène underground vivante et riche : la Savoie. Deathcode Society propose un black metal plus symphonique et théâtral, mais qui sait rester dans la haine et la froideur mécanique du genre. Les compositions d’Arnhwald Rattenfänger et de sa bande nous entraînent dans un univers sombre où les figures encapuchonnées dignes de Nazghuls trouvent parfaitement leur place.
Le public est assez contemplatif, mais bien présent.
Evohé
Après les avoir découvert en 2015 au Ragnard Rock festival, le groupe a évolué depuis ces dernières années. Si les mid tempos sont encore bien placés pour alourdir leur black metal, le groupe a clairement mis en avant leurs influences pagan. Toute la section à cordes sait également donner de la voix, avec cornes et tête de loup. Mais si l’imagerie n’est que le reflet des thématiques des paroles, le niveau est clairement là et le public ne s’y trompe pas. Même si les dégustations au bar ont certainement eu une influence, les premières bousculades ont lieu devant la scène. Un signe qui révèle la bonne ambiance qui s’est installé.
Setlist :
- The Tears of Forgotten Times
- Nemesis (Hall of The Slain)
- Eola Monumenta
- Through The Eyes Of The Sky, I See...
- Sleeping With Wolves
- A Thunder Of Misfortune
- ... Of Ancient Lores
Aktarum
Après une première moitié assez sérieuse et sombre, place au côté plus festif et folk, avec les Belges d’Aktarum qui profitent d’un public placé dans les conditions idéales pour se lâcher. Les premiers vrais pogos commencent sur un folk metal que le groupe qualifie lui-même de troll metal belge. Il faut dire que l’hommage inspiré aux précurseurs finnois se fait sentir, mais est également un certain gage de qualité.
Setlist:
- Troll Feast
- Troll in the Fog
- Troll Party
- Troll Conqueror
- Troll Bard (Ragnatroll)
- Troll's Woodland
- Rock'n Troll
- Troll's Legacy
- Black Eyed Troll
- Troll Flag
Belenos
On ne présente plus la formation de Loïc Cellier que l’on retrouve régulièrement aux affiches des bons festivals ! L’effet transe est immédiat et le chant de bataille résonne sur l’enfer froid ! Bon, d’accord, il fait plutôt agréablement chaud en ce début de soirée. Côté setlist, un échantillon de toutes les époques est présent, de Spicilège (« L’antre noir ») au dernier album Argoat fraîchement sorti et son titre éponyme. On voit bien que l’esprit général reste le même et que le concert est à l’image de l’œuvre du groupe : puissant et maîtrisé.
Jamais de déception avec Belenos !
Setlist:
- Nozweler
- Le déchirement
- Chant de Bataille
- L'Enfer Froid
- Argoat
- Armorika
- L'Antre Noir
- D'an Usved
Cirith Gorgor
Le groupe hollandais, qui plonge ses racines dans les tourmentes de la belle époque du black metal des années 90, est le genre de petit joyau que dénichent toujours les organisateurs du Beermageddon. Un groupe solide, qui ne tourne pas beaucoup, mais très efficace et avec de belles références. Le vocaliste historique, Satanael n’est plus là, remplacé cet été par Pestus, mais le retour sur scène de Lord Mystic à la basse, renvoyant le bassiste actuel Valtyr à son ancien poste à la guitare nous offre un petit retour en arrière.
Quelle que soit la position des chaises musicales actuelle, Satan reste à l’œuvre noire sur scène. Une tête de bouc en libre accès sur scène, à la disposition des membres les plus tentés du public qui n’hésitent pas à le promener dans la foule avant de le remettre à sa place originale. Le concert de ce soir semblait clairement mettre en avant les titres issus de Sovereign, leur dernier album sorti ce printemps. Mais quoiqu'il en soit, on reste dans du black metal à l’ancienne !
Rien de tel pour conclure la partie sombre de la journée.
Setlist:
- Hellbound
- Wille zur Macht
- Deathcult
- Total Annihilation
- Visions of Exhalted Lucifer
- Manifestation of Evil
- Legio Luporum
Celtachor
Après les ténèbres, l’arc-en-ciel celtique arrive avec Celtachor, un groupe Irlandais qui représente à lui seul tout l’esprit de ce folk metal saccadé aux relents obscurs qui nous vient du nord (ouest) !
Les guerriers sont furieux sur scène et lâchent leur colère, mais à l’irlandaise, à savoir dans la joie et l’excès.
Aucun doute, la tête d’affiche celtique est en forme. Stephen Roche et sa bande nous offrent là un beau concert avec par exemple les excellents « King of Tara » ou encore « The Arrival of the Tuatha ». On l’a bien compris, l’influence celtique authentique est bien là, jusqu’aux extrémités de leurs vêtements ou de leur torque. Tout est authentique chez Celtachor. Leur univers est directement inspiré de la mythologie irlandaise, qui a elle seule vaut le détour.
Notons en passage que la batteuse survitaminée habituelle, Anaïs Mulgrew, a été remplacée pour ce concert, car elle attend un heureux événenement !
Setlist:
- Dubh, Dun Agus Liath
- The Arrival of the Tuatha
- The Kingship of Bodh Dearg
- The Sons ofTuireann and the Blood Fine
- King Eochaid's Fall
- Sons Of Morna
- King Of Tara
- Uaithne, the Dagda's Harp
Flûte, violon, guitares, et Celtachor, que demander de plus pour conclure le Beermageddon IX ? Dehors, une petite pluie tombe. La soirée est finie, l’automne est bien là, mais c’est le cœur léger et le pas lourd de l’abus de bonnes choses que nous nous en retournons à la civilisation.
En attendant la dixième édition !
Thomas Orlanth
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