Deux ans après la parution de A Place Where There's No More Pain Life Of Agony revient là où on ne l’attendait pas. Le groupe non seulement propose une suite à son classique River Runs Red mais sort aussi son meilleur album depuis Ugly paru en 1995. Compos inspirées et accrocheuses, production irréprochable et musiciens impliqués sont autant d’éléments pour que ce The Sound of Scars soit l'un des disques de l’année.
C’est connu, et nous n’allons pas citer d’exemples, mais les suites d’albums concept ayant eu leur petit succès en leur temps sont souvent un exercice périlleux et synonyme d’échec pour les groupes. Life of Agony prenait donc vraiment des risques en s’attaquant à la séquelle de son premier cultissime premier effort River Runs Red. Rajoutons que les disques sortis depuis la reformation, sans être non plus complètement mauvais, n’avaient pas non plus laissé des souvenirs impérissables…
Le gang de Brooklyn ne partait vraiment pas gagnant d’avance en sortant ce sixième disque studio. Pourtant The Sound of Scars est une énorme surprise. Evoquons brièvement l’histoire relatée dans ce nouvel album déjà : les choses commencent là où tout s’achevait pour le « héros », le ruissellement de sang que l’on entend en introduction se veut donc être une continuité, le personnage a échappé à sa tentative de suicide et (sur)vit désormais en tant qu’adulte marié. Mais les démons sont toujours là. Adulte quelque part Life of Agony l’est devenu aussi, River Runs Red restait ancré dans les racines hardcore, proposant parfois des mosh parts et des chœurs de tough guys, à son metal lourd et mélancolique (et c’est ce qui en faisait l’originalité).
Plus de tout ça en 2019, enfin presque car finalement, toujours peut-être dans cette idée de continuité, nous pouvons entendre du chœur viril, parfaitement intégré, sur « One Below » et dans une moindre mesure sur « Black Heart », « Empty Hole » et « Eliminate ». Une continuité qui se traduit aussi par les quelques interludes disséminés tout au long de l’œuvre, nous rappelant que nous écoutons une histoire mise en musique.
Le Life of Agony cuvée 2019 cependant reste proche du style initié à partir de Ugly, à savoir un metal que nous pourrions qualifier d’« alternatif », entre neo et relents grunge. Mais si le style, à quelques exceptions près, reste sans surprise, il n’en est pas de même de la qualité des compositions de ce The Sound of Scars. A commencer par le single « Scars » construit sur un gros riff presque « kornien », un groove irrésistible qui met en avant notamment le talent de Veronica Bellino nouvelle venue derrière la batterie, et la voix unique de Mina Caputo. Un morceau qui a tous les atouts pour rester en tête.
Il en est de même pour « Black Heart » qui renvoie presque au premier album du groupe avec son chant plaintif et son refrain terriblement efficace et qui comporte un très bon solo de guitare aussi. Disons-le : ce qui fait la réussite de ce disque déjà est d’entendre le groupe parfaitement en harmonie. Le fait d’avoir composé ce nouvel opus en voulant revenir au feeling de ses débuts explique peut-être cette qualité. Tout cela donne un groove organique implacable que l’on retrouve tout au long des titres.
La grande gagnante reste la voix de Mina Caputo qui semble exprimer tous les sentiments éprouvés par l’âme humaine. Explosant dans un break en a cappella sur « Lay Down » qui donne des frissons, pleurant presque sur « Once Below » ou explosant de détresse sur « Weight of the World », la vocaliste transgenre démontre qu’elle reste une grande artiste.
Il est finalement difficile de retenir un ou plusieurs titres en particulier de The Sound of Scars tellement l’ensemble est bon, même si à la rigueur « My Way Out » (malgré un bon refrain) et « Stone » sont, sans être complètement mauvais pour autant, les petites baisses de régime de ce nouveau disque. Ces titres rappellent d’ailleurs l’ère Soul Searching Sun qui peut être considéré comme étant l'album le moins intéressant de Life Of Agony.
Mais pour le reste « Eliminate » avec son irrésistible tempo punk ou le sublime final en mid tempo « I Surrender » (sur lequel on entend quelques discrets arrangements de cordes bienvenus) par exemple ont tout de futurs classiques. Ajoutons à cette réussite la production à la fois claire et puissante de Joey Z (assisté de Sylvia Massy, connue pour son travail avec Tool et System Of A Down) qui fait brillamment ressortir les parties de chaque musicien.
Ce sixième album studio de Life of Agony est donc la preuve que parfois certaines cicatrices peuvent être source de bien des plaisirs d’écoute…
Liste des titres :
1. « Prelude »
2. « Scars »
3. « Black Heart »
4. « Lay Down »
5. « Then »
6. « Empty Hole »
7. « My Way Out »
8. « Eliminate »
9. « Now »
10. « Once Below »
11. « Stone »
12. « Weight of the World »
13. « When »
14. « I Surrender »
Sorti le 11 octobre 2019 chez Napalm Records
