Les légendes du black metal norvégien étaient de retour sur le sol français pour le Deamon tour. A peine deux semaines après la sortie de leur dernier album, Deamon, Attila et sa bande sont venus fouler les terres du sud-ouest de la France, accompagnés de Gaahls Wyrd et GosT. A Toulouse, c'est donc un Metronum annoncé complet qui les a accueillis pour une soirée black metal comme on les aime.
GosT
C'était avec grande surprise que les fans de Mayhem avaient pu voir que l'artiste qui ouvrirait le bal serait un artiste proposant de la synthwave. Après tout, pourquoi pas, il est quand même orienté black metal. GosT entre donc sur scène sur une intro plutôt calme dans le noir complet, accompagné de son bassiste. Des spots puissants s'allument derrière les musiciens, aveuglant le public, alors que le chanteur sort un cri au son très black. Ils resteront la seule source de lumière pendant la majorité du concert, si ce n'est quelques lasers de temps en temps. Les deux compères sont maquillés avec un rendu de corpse paint, ce qui rend l'ensemble totalement hors du commun.
Le public, peu nombreux encore à cette heure, n'est soit pas très réceptif, soit vraiment dubitatif, hormis quelques personnes qui ferment les yeux et bougent la tête en rythme. Le chant de GosT est bel et bien black, avec du chant clair entre deux hurlements. Il n'y a pas de temps d'arrêt, le chanteur se déchaîne sur sa table de mixage, il est comme en transe. Les beats sont tantôt lents, tantôt rapides et le type de chant est en accord avec la vitesse. Les basses sont vraiment très, voire trop, présentes.
Il n'y aura pas beaucoup d'interaction avec le public, si ce n'est "Thank you Toulouse" à la fin des 30 minutes de set. La salle s'est peu à peu remplie durant le concert, mais les metalheads sont restés pour la plupart stoïques. Ce n'était probablement pas le bon public pour de la synthwave.
Gaahls Wyrd
La salle est désormais bien remplie, une lumière bleue crée une ambiance mystérieuse pendant que l'introduction laisse comprendre aux spectateurs qu'on a affaire à un groupe qui sait ce qu'il fait. Les musiciens entrent sur scène, acclamés par le public. Gaahl arrive plus discrètement quelques secondes plus tard, très sereinement. Il est en voix ce soir ; elle est puissante, semblable à des incantations, ou alors hurlante malgré des basses peut-être un peu trop fortes.
Le public est déjà beaucoup plus réceptif, même si l'attitude de Gaahl laisserait plutôt penser qu'il s'ennuie sur scène ; il déambule, toujours calmement, de manière presque hypnotisante, mais il maîtrise parfaitement la situation, il sait ce qu'il fait, et le public aussi. Les musiciens sont un peu plus actifs. Spektre notamment, qui fait tout petit devant la batterie imposante préparée pour Mayhem, tape sur ses fûts énergiquement. Les guitaristes et le bassiste headbanguent de manière synchronisée. Cela crée un contraste étrange avec Gaahl, mais très plaisant. Les jeux de lumières sont très bien travaillés, avec des ambiances qui changent à chaque morceau : lumières rouges, bleues, vertes, jaunes...
Côté setlist, il y a de tout : du Gorgoroth, du God Seed, du Trelldom, des titres tirés de l'album GastiR - Ghosts Invited. Gaahl maîtrise le chant en montant aisément dans les aigüs, et en tenant les notes, de plus en plus à la fin, par exemple sur "Through and Past and Past", sous les encouragements de ses spectateurs. La foule est en délire et presque déçue lorsque le dernier morceau, "Exit - Through Carved Stones", est entamé ; en effet, le set de 55 minutes est passé vraiment vite. Le groupe remercie son public à l'image du concert : sincèrement et solennellement.
On peut dire que Gaahl et ses musiciens ont fait le job.
Mayhem
On sent que le concert est complet, on est maintenant compactés dans la fosse. Les lumières sont éteintes et tout le monde attend impatiemment les pionniers du black metal norvégien. Finalement, une lumière rouge s'allume, une épaisse fumée se répand sur la scène, et les musiciens viennent occuper leurs places respectives. Il faut quelques secondes avant que la fumée se dissipe un peu, on remarque alors que, Attila Csihar mis à part, les membres sont très sobres, sans maquillage, habillés simplement en noir. Le chanteur, lui, a revêtu un accoutrement pour le moins très représentatif du satanisme, avec un maquillage "corpse paint", un filet en guise de voile et des cornes sur la tête. Hellhammer est caché derrière sa gigantesque batterie, digne des équipements de Slipknot.
Le concert est séparé en deux parties distinctes. La première fait principalement la promotion du dernier album, Daemon. Le public est attentif, sans être très énergique. Le show est par contre entièrement bien orchestré par Attila, qui réalise de grands mouvements avec son crucifix fait d'os (humains ?). Sa capacité en chant n'est pas en reste, il jongle entre voix tenor et voix black avec une aisance particulière. Ses acolytes font du très bon travail également : Necrobutcher enchaîne les riffs de basse en lançant des regards presque angoissants pendant que Teloch et Ghul maîtrisent leurs guitares. Des morceaux comme "To Daimonion" et "A Bloodsword and a Colder Sun, Part II" fonctionnent très bien.
Mais jusqu'ici le public se sent comme attaché, en attente de quelque chose, prêt à bondir, tels des suppots de Satan qui attendent l'ordre de leur maître pour pouvoir n'en faire qu'à leurs têtes. Ca tombe bien, le groupe lâche un puissant "Freezing Moon". Le premier accord de guitare, suivi de sa mélodie, et des sons plus lourds de la basse et des fûts, suffisent à mettre le feu aux poudres dans la foule. La deuxième partie est officiellement lancée, et après une brève disparition de la scène, les artistes reviennent encapuchonnés pour continuer sur leurs vieux morceaux, rendant leur public de plus en plus fou.
L'ambiance a changé, le décor aussi. Le backdrop, les panneaux latéraux, Attila jouant avec son crucifix, ainsi qu'un nœud coulant dans lequel il fait passer un crâne, les premiers pogos dans la foule sur "Deathcrush"... cette deuxième partie est une véritable réussite et le public apprécie. On est quasiment sur une ambiance thrash-punk de la fin des années 80. "Carnage" relate bien ce qu'il se passe ce soir dans la salle et parmi les 600 personnes présentes. Sans transition, le monstrueux "Pure Fucking Armageddon" conclut cette soirée haute en intensité, Necrobutcher dit quelques mots incompréhensibles pendant qu'Attila remercie le public bien à sa façon : en le fixant de manière malsaine.
Setlist :
Falsified and Hate
To Daimonion
My Death
Malum
Bad Blood
Symbols of Bloodswords
A Bloodsword and a Colder Sun, Part II
Invoke the Oath
Freezing Moon
Pagan Fears
Life Eternal
Buried by Time and Dust
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Deathcrush
Chainsaw Gutsfuck
Ancient Skin
Carnage
Pure Fucking Armageddon
Photos : Vincent Bennes
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