Le 8 novembre, nous avons participé à l’after party du Dark Horse festival qui s’est déroulé du 1er au 3 novembre à l'Espace B à Paris. Ce dernier jour de festival était aussi la release party du groupe Coilguns qui venait nous dévoiler quelques morceaux en live de son dernier album Watchwinders, après un petit passage à Dijon la veille pour un concert de chauffe.
Intro : Louis Jucker
Il faut toujours s’attendre à l’imprévu avec le quatuor suisse. Les quelques chanceux arrivés très en avance pour cette soirée de concerts, riche en agressions auditives et contacts physiques brutaux mais chaleureux, auront eu le plaisir d’entendre quelques douces notes jouées par Louis Jucker en solo, installé sur une des banquettes du restaurant avec sa guitare un petit ampli qu’il trimballe toujours avec lui pour pouvoir jouer n’importe où, quand le cœur lui en dit.
C’est dans une ambiance très intimiste que Louis entonne ses chansons, éclairé par une petite lampe posée sur son ampli et la lumière du couloir qui sépare l’espace bar et restauration de la salle de concert. D’ailleurs, on entend de temps à autres les balances de Valve qui se prépare à monter sur scène. Mais les blasts de la batterie en arrière-plan ne semblent pas vraiment perturber ce moment de communion entre l’artiste et la petite dizaine de personnes pendue à ses lèvres.
Louis Jucker ne recherche pas la justesse, mais l’émotion, et il sait très bien la transmettre avec son brin de voix chaleureux, et sa communication toujours pleine d’humour avec les gens présents autour de lui, tout en sirotant son thé.
Il clôture ce petit interlude par une chanson intitulée ‘’A l’Origine’’ qui parle des gens qui ont fait de nous ce que nous sommes et dont il faut profiter tant qu’ils sont encore là.
C'est une petite parenthèse chaleureuse, un moment de calme avant la tempête des quatre performances suivantes.
Valve
Les hostilités commencent avec Valve. Les Parisiens recouvrent la scène d’un énorme nuage de fumée. L’éclairage bleu et la brume donnent un aspect fantomatique aux musiciens. C’est un peu comme s’ils voulaient cacher leurs corps et n’être que musique.
Dès les premières notes, les membres de Valve envoient du lourd. Les riffs sont violents à souhait, la voix déchirante, et même si on s’attendait à une soirée placée sous le signe de la grosse baffe musicale, le contraste avec le petit set tout en douceur de Louis Jucker est tel que le retour à la réalité de cette soirée de clôture du Dark Horse Festival fait l’effet d’un énorme coup de poing.
D’ailleurs, nous ne serons pas que brutalisés auditivement parlant. La population est encore un peu clairsemée en ce début de soirée, mais cela n’empêche pas le chanteur de Valve de se jeter dans le public, tombant sur certains, en agrippant d’autres pour des câlins musclés. Bref, il occupe vraiment tout l’espace de la salle de concert pour le plus grand plaisir des spectateurs qui se font de plus en plus nombreux. Il ira même prendre place au fond de la salle près du bar, pour prendre le temps d’observer les réactions du public face aux musiciens vers la fin du concert, avant de revenir se coucher sur le devant de la scène.
Bref, Valve nous a offert une belle entrée en matière.
Neige Morte
C’est au tour de Neige Morte de nous écraser avec sa déferlante de noirceur. Sa musique est à la fois oppressante et fascinante, entre post-black et noise avec des passages atmosphériques qui vous glacent et des blasts qui vous malmènent.
On se sent très vite totalement submergé par sa musique qui vous arrive dessus comme une avalanche meurtrière. Les riffs sont tantôt d’une rapidité extrême et d’une technicité de haut vol, tantôt lents et lourds. La guitare a parfois des sonorités dissonantes et angoissantes qui vous font frissonner. On reste scotché devant ce trio dans une sorte de fascination malsaine. Et on se demande bien comment un tel son peut être produit par seulement trois personnes.
Les musiciens sont dans leurs bulles et totalement imprégnés de leur musique. Seul le sourire du batteur marque un contraste avec l’atmosphère créée par leur performance. Quoi que… ce sourire pourrait éventuellement cacher les pensées sadiques du mec heureux d’en mettre plein la gueule au public.
Neige Morte nous aura offert une belle performance et aura su nous faire tressaillir avec sa musique. Une belle découverte pour nous.
Yautja
C’est ensuite au tour de Yautja d’enflammer la petite scène de l’Espace B. Le trio américain partagera l’affiche avec Coilguns tout au long de sa tournée. Ce show est pour les trois musiciens le premier d’un long périple à travers l’Europe avec une seule soirée off sur tout le mois. Autant vous dire qu’ils étaient à bloc pour ce premier concert.
Yautja nous offre un show énergique et sans faille. Ses membres sont imperturbables, même quand la grosse caisse de Tyler Coburn décide de se promener sur scène sous la force de frappe du batteur. Mais tout problème à une solution, et Shibby Poole la trouve en calant la grosse caisse avec un des retours en l’espace de quelque seconde, comme si rien ne pouvait les arrêter.
Les Américains sont peu communicatifs avec le public qui s’est bien étoffé. Mais les paroles sont inutiles. Leur musique parle d’elle-même à en juger par le déchainement qu’elle procure dans la foule.
Coilguns
Ce soir, Coilguns entame ce qui devait être la première date de sa tournée dans un lieu qui lui est cher, après un petit détour par Dijon pour un petit concert last minute qui lui aura fait office de répétition devant un public.
La salle est comble, le public s’est déplacé en nombre et les musiciens sont heureux de voir des têtes connues dans la salle.
Les Suisses entament leur tournée pour présenter leur dernier album Watchwinders avec la chanson éponyme. Louis se jette dans le public dès les premières notes et pique le portable d’un jeune homme qui le filmait, lui rend après l’avoir léché (le téléphone, pas le jeune homme, même si cette action aurait été totalement possible connaissant l’énergumène) en lui faisant un câlin et un bisou sur le front.
Comme à son habitude, Louis est en pleine forme. Il occupe toute la scène ainsi que le reste de la salle. Rien ne l’arrête dans ses frasques et ses discours entre les chansons, sauf peut-être les notes des différents morceaux qui viennent lui rappeler qu’il faudrait peut-être se remettre à chanter et à jouer.
On peine un peu à voir Jona et Donatien avec le peu d’éclairage rouge qui n’illumine pas vraiment la scène mais tous débordent d’énergie. Luc se lève de derrière sa batterie pour nous faire des cœurs avec les doigts, geste qui lui sera amplement rendu par le public.
Le groupe jouera quelques chansons de son avant-dernier album dont ‘’Millennials’’ et ‘’Self Employment Schemes’’ et beaucoup de chansons du dernier album avec entre autres ‘’Manicheans’’ violente chanson d’amour mêlée de haine, ou encore ‘’Prioress’’ pour laquelle Donatien viendra partager le devant de la scène avec Louis à genoux comme en une sorte de prière à la divinité du sommeil qui ne vient pas. Il finira par retourner danser lascivement derrière ses synthés, vêtu d’un soutien-gorge qui a fait son apparition sur scène on ne sait pas trop comment.
Comme toujours, Coilguns nous aura offert un grand moment de partage, entre sourires, extravagances, et musique épidermique.
Le retour au calme est un peu difficile, mais la soirée est loin d’être finie. Les groupes restent encore un long moment à discuter avec les gens venus les voir.
Cette After Party du Dark Horse Festival est une belle réussite. Il faut dire que Kowa Booking nous avait promis une très belle programmation. Notre seule déception… Ne pas avoir pu assister au reste du festival.
Article : Eloïse Morisse
Photos : Tiphaine Zanutto
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