Chaque tournée de Kadavar est un événement à ne pas manquer. Que ça soit pour le trio allemand ou les excellents choix de leurs premières parties, il y a toujours de quoi être heureux avec leurs concerts. Et c’est donc confiant que nous plongeons au sein du CCO de Villeurbanne en ce 12 novembre 2019 pour une date qui affiche sold-out.
Hällas
À peine le temps de s’installer que les Suédois de Hällas montent sur scène. Avec leur excellent album, Excerpts From A Future Past, le groupe s’est fait connaître des initiés et pas mal de spectateurs attendent avec impatience leur show. Et en seulement trente minutes, ce sont des dizaines de convertis que se mettront dans la poche les musiciens.
Dès les premières notes de "The Astral Seer", nous voici plongés dans un monde tant psychédélique qu’évocateur de voyages lointains. Les compositions du groupe, entre heavy metal et rock progressif, transpirent les seventies, prenant le temps de construire une véritable ambiance dans les morceaux. Les riffs de guitares sont mémorables, tout comme les harmonies. Et quand celles-ci s’entremêlent aux claviers divins de Nicklas Malmqvist qui fusionnent trouvailles futuristes et orgue Hammond, on est transporté. Encore plus en live, tant la base rythmique créée, avec le reste des instruments, une symbiose impressionnante pour un groupe aussi jeune.
Le titre du premier album se ressent parfaitement à grands coups de poils hérissés par la beauté des chansons, faisant vivre un futur fantasmé. La voix de Tommy Alexandersson donne à Hällas un cachet unique et captivant. À la fois chaude, profonde, légèrement éraillée celle-ci n’est pas formatée aux diktats habituels dans le genre, et s’écoute religieusement dans le public. Ainsi quand les Suédois entonnent leur tube "Star Rider", les chanceux présents hurlent les paroles en communion, chose rare pour une première partie.
Trente minutes à peine, trente minutes trop courtes sera-t-on tenté de dire. Et c’est après leur titre éponyme que Hällas quitte la scène sous les acclamations d’un public bouche bée. Et il n’y aura qu’à voir le nombre de personnes se presser à leur stand après le concert pour penser que ce n’est que le début pour les Suédois. Suite au prochain épisode donc, avec leur nouvel album, Conundrum, à paraître le 31 janvier 2020.
Setlist Hällas:
The Astral Seer
The Golden City of Semyra
Tear of a Traitor
Star Rider
Hällas
Mars Red Sky
À peine le temps de nous remettre les idées en place que c’est au tour de Mars Red Sky de monter les planches du CCO. On ne présente plus les Français de l’étape, tant leur réputation n’est plus à faire. Leur stoner rock psychédélique est une transition parfaite au sein de cette soirée.
Venu muni de son nouvel album The Task Eternal, le trio bordelais va distiller en près de quarante minutes une ambiance d’une aérienne lourdeur dans la salle. Et quand bien même l’oxymore peut paraître particulier, celle-ci sied à merveille au groupe. Que ce soit par la voix claire éthérée de Julien Pras, ou le jeu de cymbales de Mathieu Gazeau, Mars Red Sky sait poser sur sa musique un écrin magnétique et enchanteur. Heureusement, le tout se confond avec des riffs de basse et de guitare ultra-lourds et une batterie pachydermique.
Les nouveaux morceaux du groupe, notamment l’excellent "Crazy Heart", passent avec brio l’épreuve du live. L'atmosphère est prenante, on est plongé dans ce tourbillon de répétition avec envie et le public en redemande. Mars Red Sky a cette grande qualité, qui transparaît encore plus avec The Task Eternal, de prendre le temps de poser une ambiance. Ainsi, même si cela ne plaira pas à tout le monde, le coté progressif plus présent sur ces morceaux fait tomber les spectateurs sous l’emprise du trio.
On ne voit décidément pas passer les différentes chansons, et les quelques interludes parlés ne servent qu’à reprendre notre souffle. La qualité des rythmiques, les riffs hypnotiques, ce travail sur les voix intense, toutes ces composantes font qu’on ne peut que rester béat devant le groupe qui nous livre ce soir-là un intense concert.
Setlist Mars Red Sky:
Apex III
Collector
Crazy Hearth
The Proving Grounds
Strong Reflection
Marble Sky
Kadavar
Après deux premières parties de (très) haute volée, Kadavar se devait de placer la barre haut. Imaginez donc un peu voir le groupe en tête d’affiche se vautrer après avoir fait jouer deux groupes de qualité. Heureusement, le trio allemand connaît ses gammes et va jouer devant un public conquis d’avance.
Et pour ne pas oublier que la bande vient de sortir son nouvel album For Dead Travel Fast, ce sont les trois premières chansons de celui-ci qui débutent, dans l’ordre, le concert. Cela permet directement de mettre le doigt sur l’une des plus grandes forces de Kadavar. Même au sein d’un style, le stoner rock, les Allemands (et le français, n’oublions pas Simon « Dragon » Bouteloup à la basse) ont un spectre d’écriture très large.
Ainsi, leur musique voit se fusionner heavy metal, blues, moments lourds et intenses avec des accélérations que n’auraient pas renié un Tony Iommi. On passe ainsi immédiatement de "The Devil’s Master", au début lent et d'une puissance pachydermique à "Evil Forces" et son groove heavy diabolique. Et les anciens morceaux sont parfaitement disséminés au sein de la setlist. Même si on peut penser qu’il y a trop de morceaux du dernier opus, et que forcément d’autres classiques (un seul morceau d’Abra Kadavar, vraiment ?) finissent à la trappe, les quatorze morceaux joués ce soir passent trop vite.
La musique de Kadavar est immédiate et clairement taillée pour le live. Le charisme du trio joue aussi en la faveur du groupe. Il faut voir Tiger habité, avec son regard de serial killer, marteler avec force et vivacité les futs, Dragon s'agiter sur sa basse tel un démon tandis que Lupus envoie par palettes ses riffs accrocheurs suintants de gras.
La voix de celui-ci est véritablement imposante en live, tant Christoph Lindemann a fait des progrès. Les montées dans les aigües passent parfaitement l’épreuve du live et semblent sortir du disque, tout comme l’intégralité de son chant. C’est d’ailleurs peut-être le seul reproche que l’on peut faire au trio sur scène. Celui-ci sonne comme en CD. Que cela soit musicalement ou vocalement, il manque cette étincelle sur les planches qui permettrait à la bande d’exploser. Cela n’empêche tout de même pas Kadavar d’être excellent en live, et le rappel qui se finit par "Come Back Life" est là pour nous l'asséner une dernière fois : le trio est parmi les groupes qui comptent dans ce style aujourd’hui !
C’est une soirée de qualité que nous a proposée ce soir le CCO de Villeurbanne. Que ce soit au niveau du son, impeccable, que de celle des groupes présents, la venue de Kadavar, Mars Red Sky et Hällas aura ravi les spectateurs présents.
Setlist Kadavar :
The End
The Devil's Master
Evil Forces
Into the Wormhole
Living in Your Head
Black Sun
Demons in My Mind
The Old Man
Into the Night
Die Baby Die
Long Forgotten Song
Rappel :
Children of the Night
All Our Thoughts
Come Back Life
Photos: Lukas Guidet 2019
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