Un jour à peine après avoir vu sur ses planches Annihilator et Archer Nation pour une soirée qui affichait largement complet, c’est un Petit Bain très nettement moins rempli qui se prépare à accueillir quatre groupes pour une soirée bien dark. Nous ne sommes pas en week-end (même si c’est encore les vacances), ça va donc commencer tôt : le premier des quatre groupes est prévu pour 19 heures. Sans perdre trop de temps (à peine ce qu’il faut pour aller commander un godet au bar), voilà que les hostilités commencent !
Inconcessus Lux Lucis
En charge d’ouvrir ce soir, le power trio de Manchester Inconcessus Lux Lucis, que l’on découvre ce soir. On lève les guitares dans une grosse power chord avant de lancer le premier titre, déjà sombre et bien énervé. C’est catalogué comme du black, mais il y a indéniablement une nette influence thrash dans leur musique, et comme le son est super fort, les oreilles vont prendre cher.
Sur scène les membres sont assez statiques, notamment le batteur M.Hemlock, qui s’avère être un membre de tournée. Car en studio les parties de batterie sont assurées par W.Malphas, leader naturel de la formation au poste de guitariste chanteur. Mais ce jeu de scène limité n’empêche en rien le combo d’envoyer du lourd.
Car au fur et à mesure du court set auquel on a droit, les titres ressemblent de plus en plus à des brûlots incisifs à base de blast beat et de gros riff “thrashisant” (Slayer n’est souvent pas loin), englués dans le son crade et mal produit typique du black. Au final, c’est presque du black ’n roll, et c’est bien cool ! Quelques passages plus lents et appuyés viennent offrir quelques moments de répit, et même quelques développements style heavy mélodique, empruntant volontiers quelques idées chez Iron Maiden. On a vu pire comme références.
Une bonne demi heure de set plus tard, il est temps pour le groupe anglais de laisser la place. C’était fort agréable et on en redemanderait bien, mais avec trois groupes qui doivent enchaîner, il n’y a pas trop le choix.
Nocturnal Graves
Après le black (finalement plutôt black-thrash/black ’n roll) de Inconcessus Lux Lucis, on continue à priori avec le blackened thrash de la formation Nocturnal Graves. Il est presque 20h quand le groupe commence, pour un set une nouvelle fois assez court. Et rapidement, l’énorme pression dans les graves que développe le groupe et les gros growls puissant de J. nous font une nouvelle fois reconsidérer le genre mis en avant : Nocturnal Graves est clairement avant tout une formation de death metal.
L’ambiance change radicalement par rapport au groupe précédent. Exit les titres rapides et énervés tirant vers le punk, le metal de Nocturnal Graves est, comme son nom le définit plutôt bien, lourd, sombre et déprimant. Les riffs servis par le duo de guitaristes (Shrapnel et Decaylust) sont aussi implacables qu’un tank et assomment la foule comme un rouleau compresseur. Et oui, c’est le même Shrapnel qui était dans Deströyer 666 par le passé, groupe qu’on va voir plus tard dans la soirée.
Quelques titres semblent sortir du lot, on pense surtout à “Slave Annihilation”, mais alors que la formule du premier groupe révélait pas mal de passages intéressant et globalement ne manquait pas d’énergie, le set de Nocturnal Graves nous paraît vite trop lourd et pas spécialement original. Quarante minutes après le début du set, c’est terminé et il est temps de se préparer pour l’avant-dernier groupe, le premier gros nom de cette soirée.
Dead Congregation
Alors que jusqu’à présent la programmation avait du mal à définir précisément le style des groupes, on arrive avec le set de Dead Congregation en sachant qu’il n’y a aucune erreur dans le genre cette fois. C’est parti pour un bon set de death bien lourd et pesant, qui commence par “Martyrdoom”, un long titre d’introduction malsain, plein de riffs dissonants et de coups répétés de toms basse. Le groupe fait bien monter la pression.
Devant la scène, enfin la foule répond présente ; conséquence logique de l’horaire idéal et surtout de la réputation du groupe, seul représentant d’un pays non anglophone ce soir. Les Grecs balancent du lourd et leur death est implacable : le headbang est exécuté en continu sur scène mais aussi dans la foule, qui commence maintenant à se défouler (on assiste alors aux premiers mosh).
Le growl est également remarquable, bien lourd et profond, se mariant à merveille à la rythmique tout aussi lourde et appuyée, très typée death avec ses répétitions de riffs qui reviennent sans cesse à la charge façon machine de guerre, encore et encore. Pourtant, si le death du quatuor est bien exécuté, la formule ne se renouvelle jamais et le set nous semble rapidement longuet. Tant et si bien que c’est finalement sans regrets que l’on abandonne la formation d’Athènes, avec une dernière courte attente avant de retrouver le combo qu'une grande partie de la foule attend de pied ferme.
Deströyer 666
Changement d’ambiance pour une dernière fois ce soir, avec notamment l’installation de plusieurs éléments de scénographie qui mettent dans l’ambiance : trois crânes à cornes trônent ainsi, imposants, sur les pieds de micro, devant l’affiche du groupe rappelant gentiment Motörhead (le tréma joue aussi, évidemment). Quand les quatre membres arrivent sur scène (Kev Desecrator tenant encore le rôle de batteur live), le public exulte et se déchaîne dès le premier titre.
Sur scène, ça se défoule et clairement c’est le jour et la nuit par rapport à chacune des précédentes formations. Felipe Plaza à la basse assure pas mal de choeurs avec virulence et headbang le reste du temps, alors que R.C. et K.K. Warslut balancent du riff très punchy et efficace et prennent la pose régulièrement en se partageant l’ensemble des lignes vocales (avec une majorité pour K.K., naturellement). Tous, derrières leurs micros/cornes et leur crânes. Ça marche vraiment bien !
En tenue de “guerrier de metal”, c’est-à-dire torse nu avec une sangle de guitare cloutée, K.K. est en voix et assure au chant sur l’ensemble des titres interprétés ce soir, des récents - “Wildfire” qui ouvre le concert avec son refrain repris dans toute la fosse, “Traitor”, “Hounds At Ya Back”, et “Call Of The Wild” - aux plus anciens issus du premier album Unchain The Wolves, “Australian and Anti-Christ” et “Satan’s Hammer”. Dans le public, il y a du répondant au black-thrash du groupe et les départs en mosh sont maintenant constants et bien violents : résultat, à plusieurs reprises on sent le bateau bouger.
La setlist avance, et après une douzaine de titres on arrive au morceau final, le fameux cover de Motörhead “Iron Fist”, issu de l’album éponyme de 1982 et présent très régulièrement depuis le décès de Lemmy. L’occasion de se défouler une dernière fois avec ce groupe qui clairement tient la baraque en live.
Alors c’est sûr qu’il est difficile de passer outre les choix politiques et moraux questionnables (pour ne pas dire exécrables sur plusieurs sujets) de K.K., infiltrant d’ailleurs certains des textes du groupe, mais on doit reconnaître l’efficacité du combo en live, au moins à l'heure actuelle.
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