Les Tambours du Bronx (+ Dead Bones Bunny) au Trabendo (23.11.19)

Groupe intrigant au possible, Les Tambours du Bronx s’est construit un son très particulier, dénommé « percussions urbaines » - comprenez : les membres tapent en rythme sur des bidons et c’est beau. Polymorphe, la formation a joué aussi bien avec Johnny Halliday qu’avec Sepultura – admirez le grand écart. Pour son dernier album en date, elle a mis les pieds en plein dans le metal, avec des invités prestigieux. Et la tournée qui suit déroule un metal indus plus qu’efficace. La preuve lors du passage parisien au Trabendo.

Dead Bones Bunny

La fosse se remplit doucement quand la scène s’anime. Plusieurs musiciens de Dead Bones Bunny arrivent l’air de rien sur scène, l’air de ne pas trop savoir que faire, toutes les lumières encore allumées. Moment de flottement, le chanteur lance « on va y aller », il tourne dix fois sur lui-même, et le set attaque.

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On a vu plus percutant comme entrée en matière, mais une fois lancé, le groupe retrouve ses esprits et devient plus convaincant. Il est au départ composé de quatre musiciens : le chanteur Tim Vds, le batteur Savi Bunny Nours, le guitariste Mik Larsen, et le contrebassiste Gab Schwifty en lieu et place de l’habituel bassiste. Il faut dire que Dead Bones Bunny se targue de faire du rockabilly metal, soit un mélange entre metal classique et ce genre musical des années 50 inspiré par le blues, la country ou encore le rythm and blues, qui intégrait bien souvent une contrebasse.

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Le quatuor est rapidement rejoint par deux chanteuses,  Charlotte Detroyat et Cherry Lesly qui assurent les chœurs sur la plupart des morceaux et le chant lead sur quelques-unes. Et quelques chansons plus tard, le groupe se retrouvera même à huit avec l’ajout de deux cuivres.

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L’ensemble est très agréable. L’auto-classification du groupe est un peu exagéré, sa musique ressemble en fait plus à un croisement entre du rockabilly et du rock un peu heavy. Cela reste en tous cas très soft pour du metal, mais l’ensemble est vraiment énergique, très dansant, et parfait pour démarrer un concert un samedi soir. L’ensemble groove beaucoup, en partie grâce à la contrebasse. Le contrebassiste n’hésite d’ailleurs pas à jouer en tenant son instrument en l’air à bout de bras, une façon spectaculaire de se faire les muscles.

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Le groupe n’a pour l’instant qu’un album à son actif, qu’il joue donc en grande partie, mais il va aussi offrir deux medleys de reprise à la sauce rockabilly – et plus agressif que ses propres compos. « Help », « Lithium », « Ace of Spade », « Johnny I hardly Knew Ya », « I Love Rock’n’roll », plusieurs grands classiques y passent. C’est clairement fédérateur pour un groupe pas extrêmement bien connu par la majorité de la salle, mais cela a un côté frustrant, et on aurait préféré que le groupe se concentre sur deux ou trois chansons qu’il aurait repris en entier ; « Help » et « Johnny, I Hardly Knew Ya » en particulier s’annonçaient très prometteuses et détonantes par rapport aux originales. Carotte sur le gâteau, le groupe est parfois rejoint par un neuvième membre déguisée en lapine, Bunny Bones (d’où le nom du groupe), et celle-ci interprète en solo le premier couplet de « Fear of the Dark ». Même les fans les plus hardcore d’Iron Maiden ont rarement dû entendre ce morceau chanté par un rongeur…

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Le groupe est globalement bien accueilli par le public. Quelques personnes arborent des oreilles de lapin, la majeure partie semble découvrir mais montre son enthousiasme face à l’abattage du groupe. Pour mieux communier avec l’assemblée, le bassiste et le chanteur descendent dans la fosse encore clairsemée pour y jouer un morceau d’une chanson, et un circle pit s’organise autour d’eux. Tout le monde ne peut pas se targuer d’avoir couru en cercle autour d’une contrebasse. Le duo recommence en fin de concert avec le guitariste, le public se contentant cette fois de danser autour d’eux.

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Dead Bones Bunny termine sa prestation énergique sous les applaudissements. Le groupe semble être une formation prometteuse de la scène française, et on attend de voir ce qu’il pourra proposer d’ici quelques mois.

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Les Tambours Du Bronx

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Le concert n’est toujours pas complet mais la salle s’est considérablement remplie. La scène du Trabendo étant relativement étroite, il est légitime de se demander comment tout ce beau monde va tenir là-dessus, car les Tambours du Bronx, ce sont une dizaine de percussionnistes, et sur cette tournée, ils ont un certain nombre d’invités.

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Finalement, les dix percussionnistes s’installent à l’avant-scène, avec cinq musiciens sur les côtés et sur l’arrière-scène surélevée : le bassiste et les deux guitaristes habituels du groupe, le batteur Franky Costanza (ex Dagoba, entre autres, qui a participé au dernier album) et le claviériste Arco Trauma (Chrysalide, Sonic Area). L’introduction est particulièrement saisissante : les dix percussionnistes, en arc de cercle (arc d’ovale plutôt, vu la configuration de la scène) assènent un son puissant, brutal, qui tient de sonorités industrielles aussi bien que tribales.

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Mais ce soir, le groupe n’est pas là pour rejouer tous ses titres issus de ces trente dernières années, il va essentiellement se concentrer sur les titres de son dernier album, Weapons Of Mass Percussion, sorti l’an dernier, et sur ses sonorités très metal industriel.

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Il est donc très rapidement rejoint sur scène par Stéphane Buriez (Loudblast, Sinsaenum, qui a participé à l’enregistrement du dernier album) et Renato Di Falco (Flayed), chargés de donner une voix aux compositions, mais sans Reuno Wangermez, qui a aussi collaboré à l’album mais en tournée avec Lofofora à ce moment-là. Et comme s’il n’y avait pas assez de monde, le groupe accueille sur plusieurs titres Poun, le vocaliste de Black Bomb A. Il est vrai que face au déferlement de puissance de dix percussionnistes, trois chanteurs, ce n’est pas de trop !

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La section principale des Tambours du Bronx pourrait tout écraser par sa puissance. Le son si caractéristique de ces percussions a toujours quelque chose de vaguement intimidant, et la batterie, si elle n’est au final pas indispensable aux tambours, apporte une dimension un peu différente de ce que le groupe a l’habitude de faire.

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La plupart des instrumentistes autour du cœur du groupe se mettent peu en avant : les guitaristes ne se lancent pas dans des soli enflammés, les samples ne prennent pas le pouvoir. Mais ils apportent une dimension supplémentaire au son du groupe, que les moins amateurs de percussions pourraient finir par trouver lassant.  Les riffs puissants et saturés de guitare et de basse confèrent véritablement une dimension metal à l’ensemble, quant aux samples, ils renforcent le côté urbain, industriel de la musique.

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Et pour passer d’une musique instrumentale à une musique chantée, les Nivernais se sont là aussi plus que bien entourés, tant le timbre des trois chanteurs colle à merveille avec les sonorités des Tambours. Tantôt en voix claire éraillée, tantôt en chant guttural, chacun des trois chanteurs, avec sa propre signature vocale, réussit à s’adapter parfaitement aux Tambours du Bronx et à envoyer la puissance nécessaire.

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L’ensemble est très prenant et confine à la transe – une transe un peu violente, certes. Le son a un aspect hypnotique renforcé par la vision de ces dix hommes tapant en rythme sur leurs futs. Tournée spéciale oblige, Les Tambours du Bronx ne jouent quasiment que des titres de Weapons Of Mass Percussion, mais il offre aussi des reprises, notamment de Sepultura, avec qui ils ont joué, et de The Prodigy, dont l’electro furieuse correspond très bien à l’univers des Français.

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Les Tambours en eux-mêmes ne jouent qu’un titre seuls, et c’est l’un des quelques points que l’on peut regretter : si l’alliance avec des musiciens de metal est une franche réussite, les Tambours en solo (enfin, à dix) semblent dégager une puissance encore plus phénoménale et plus assourdissante, et l’on aurait aimé quelques titres de plus rien qu’avec eux.

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Hormis cette réserve, il y a peu à redire sur la prestation, la foule est d’ailleurs très réceptive. Le groupe fait partir un circle pit puis un wall of death qui enchaînent directement sur des pogos assez violents, en écho à la musique.

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Et s’il en était besoin, le rappel vient en seulement deux titres achever la fosse. Deux titres qui s’avèrent être des reprises, ô combien jouissives. La première est « Not Requiem », une version réarrangée du « Requiem pour un con » de Gainsbourg dans une version metal prenante au possible. La seconde, « Dragula », de Rob Zombie, pour laquelle les trois chanteurs reviennent chanter en chœur, deux d’entre eux perchés sur les enceintes, dans un ultime moment de communion rageuse.

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C’est peu dire que la prestation était marquante. Le groupe a parfaitement mêlé ses propres codes à ceux du metal et sa musique est toujours dévastatrice sur scène. Suite à cette tournée, et alors que Sepultura vient d’être annoncé comme tête d’affiche de la scène Altar au prochain Hellfest, on ne peut qu’espérer que les Tambours du Bronx, qui ont joué avec les Brésiliens par le passé, se retrouvent à leurs côtés en juin à Clisson.

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Photos : Tiphaine Zanutto. Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe.



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