Arrivé au crépuscule de sa carrière, sur scène du moins, Slayer “offre” à ses fans un ultime album live en cette fin d’année 2019. Chroniquer un live est toujours un exercice difficile car chacun a des attentes différentes en termes de contenu. Certains souhaitent avant tout profiter des classiques avec toute l’énergie et le plaisir provoqués par la scène. D’autres espèrent être surpris par le contenu et fantasme à l’idée de découvrir quelques pépites rarement interprétées. Enfin, les ayatollahs de la production, ceux qui ne jurent que par un son impeccable traduisant une vraie différence entre un album live et un album studio. Et pourtant après une heure trente d’écoute, c’est bien une seule de ces catégorie qui est comblée. Chronique d’un baroude d’honneur finalement pas si honorable.
Toutes les bonnes choses ont une fin. Soulagement pour les uns, tristesse pour les autres, secret pour personne, Slayer vient de mettre un terme à une carrière longue de plus de 35 ans, marquée par des hauts, des bas, des départs, un décès… Bref, Slayer est un groupe qui a vécu et, surtout, marqué l’histoire du thrash metal. À jamais.
Un album live n’est donc pas de trop pour fêter en grande pompe la sortie de ces quatre musiciens qui depuis cinq ans ont quand même pas mal régalé leur public et, dans une autre mesure, leur fans. Car si Repentless était un album pas franchement marquant bien que plus que correct, les Américains ont au moins eu le mérite d’enchaîner les prestations de qualité, notamment grâce à un Gary Holt monstrueusement investi qui, niveau prestance, explose Jeff Hannemann.
M’enfin, inutile d’épiloguer. Slayer s’en est allé et il faut bien voir ce que ce The Repentless Killogy a dans le bide. Plutôt copieux, ce ne sont pas moins de 20 chansons, piochées dans neuf des douze albums studios produits qui sont proposées ici. Une statistique plutôt honorable, même si les aficionados aimeraient surement en voir plus.
Parmi les éventuelles “raretés”, peu de choses à se mettre sous la dent. Peut toutefois être soulignée la présence de quelques pistes relativement peu jouées sur ces dernières années comme “Born of Fire” (Season in the Abyss) et “Bloodline” (God Hates Us All). Mais pour le reste, c’est vraiment du très grand classique vu et entendu. Tant mieux diront certains. Et il est vrai que l’énorme enchaînement “Seasons in the Abyss”/”Hell Awaits”/”South Of Heaven”/”Raining Blood”/”Chemical Warfare”/”Angel of Death” s’avère particulièrement jouissif.
Si les titres sont franchement bien interprétés et Tom Araya particulièrement investi (plus que par le passé, du moins), c’est aussi et surtout sur la forme que ce The Repentless Killogy pêche le plus. En effet, le mix s’avère franchement bancal, voire même médiocre. La batterie de Paul Bostaph est excessivement présente, les guitares trop en retraits et la basse carrément inaudible à certains moments. Reste, heureusement, un chant bien palpable qui vient sauver les meubles. Mais il faut être réaliste, d’un point de vue purement technique, la qualité de ce live est très décevante.
Pas besoin de tourner autour du pot pendant des plombes: Repentless Killogy est une déception et seul les fans purs et durs et les collectionneurs y trouveront leur compte. Reste tout de même à voir ce que cela donne sur grand écran avec le DVD/Blu-Ray, non visionné par nos soins. Quant à ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion d’investir dans un album live de Slayer, ils sont cordialement invités à s’offrir Decade of Agression.