Le 13 décembre dernier, nous avons pu interviewer Parks, frontman charismatique d’All Them Witches lors de leur tournée Européenne aux côtés de Ghost, après l’avoir attendu plus de deux heures dans le froid Strasbourgeois. Le bus arrive enfin au Zénith de Strasbourg et c’est un Parks fatigué après 30h de route (non ce n’est pas une blague), mais souriant et détendu qui répondra à nos questions.
Frédéric : Pour commencer, comment se passe la tournée avec Ghost jusqu’à présent ?
Parks : Elle se passe bien, pour le moment, pour de multiples raisons. Mais ça devient dur. On n’a pas cessé de tourner depuis ces cinq dernières années. On tourne un mois, on fait deux semaines de pause avant de repartir pour un mois, et ça depuis cinq ans. J’adore partir en tournée mais là on commence vraiment à ressentir la fatigue. Mais les mecs de Ghost sont cools et tout se déroule plutôt bien.
Frédéric : Et comment vous-êtes vous retrouvé à faire leur première partie ? Votre musique est tellement différente de la leur.
Parks : Je me le demande moi-même. Mais ils nous l’ont proposé et on a dit oui. On accepte les bonnes offres et on refuse les mauvaises. Celle-ci était une bonne occasion pour nous. Enfin, jusqu’à ce qu’on soit sur la route. On maudit tous notre agent et l’agence de booking, parce que clairement, ils n’ont aucune idée de ce qu’ils font ! Non… Ce n’est pas vrai… C’est juste qu’apparemment ils se sont dit que nous faire rouler 30h entre deux concerts était tout à fait faisable ! [rires] Ca ne leur pose aucun problème !
Frédéric : Vous avez également tourné avec Mastodon, Primus et maintenant Ghost. Est-ce que vous aimez jouer dans de grandes salles comme ce soir, ou préférez-vous les salle plus petites et plus intimistes ?
Parks : Personnellement, je préfère les petites salles et les clubs. Particulièrement, en ce moment. Notre musique est vraiment différente de celle de Ghost et tous leurs fans se demandent : « Mais qu’est-ce que ces mecs foutent ici ?! ». Alors que lorsque nous jouons dans des clubs, nous sommes en tête d’affiche, donc c’est bien plus tranquille pour nous. Je préfère vraiment les petites salles. Elles sont toutes différentes et ont plus de charme.
Frédéric : Dans ce cas-là j’ai l’endroit parfait pour vous !
Parks : C’est quoi ? Une fête d’anniversaire ?
Frédéric : ça pourrait être sympa, mais non. Je fais partie d’une association à Metz, Divodorum, qui organise des concerts de stoner et autres musiques psychédélique et on collabore avec une salle de concert qui s’appelle Les Trinitaires. C’est un ancien couvent carmélite, et les concerts ont lieu soit dans le caveau, soit dans la chapelle. C’est plutôt original comme lieu.
Parks : Pourquoi pas. Nous jouons là où les gens veulent bien venir nous voir. Franchement, si on arrive à organiser ça, je le ferai avec plaisir.
Frédéric : Vous avez également sorti une nouvelle chanson intitulée "1x1" le 1er novembre. Est-ce que cela signifie que vous avez un album en préparation ?
Parks : Oui, en effet. Dans les mois qui suivent nous allons enregistrer. Mais je ne suis même pas sûr d’avoir le droit de te dire quand nous allons enregistrer. Mais oui, il y a un album en préparation. Du moins on essaye de pondre quelques chansons.
Frédéric : Et, est-ce que vous allez l’enregistrer dans un chalet comme pour les albums précédents, ou ce sera en studio cette fois-ci et si oui, lequel?
Parks : Je n’ai pas le droit d’en parler. C’est une peu un secret. C'est vraiment un des trucs merdiques du métier de musicien. Ne pas pouvoir dire tout ce qu’on aurait envie de dire à cause de contrats. En fait, cette fois-ci nous n’enregistrerons pas dans un chalet. Ce sera en studio, mais je ne peux pas te dire lequel. Mais, je dois dire que j’ai adoré enregistrer dans un chalet. C’est bien mieux qu’en studio. On l’a fait deux fois : une fois pour Dying Surfer Meets His Maker et une autre fois pour ATW. La première fois, le chalet était minuscule et il y avait un panneau à l’entrée qui disait : « Ne pas bouger les meubles. » Mais c’est la première chose qu’on ait faite. On a bazardé tous les meubles pour installer tout le matériel du studio d’enregistrement. Et la deuxième fois, le chalet était plus grand et il y avait des hectares et des hectares de terrain sur lesquels on pouvait se balader et un étang où on pouvait se baigner. J’aurais vraiment préféré qu’on enregistre encore une fois dans un chalet.
Frédéric : Et tu préfères jouer sur scène ou être en studio ?
Parks : Je déteste vraiment être en studio ! Je préfère largement être sur scène. Le studio est bien trop stérile. En concert, tu peux te permettre de foirer les choses sans qu’il n’y ait de conséquence, alors que ce n’est pas le cas en studio.
Frédéric : C’est bien plus stressant ?
Parks : Ouais. Je déteste être en studio !
Frédéric : Pour les albums précédents, vous jouiez avec un claviériste. Ce n’est plus le cas actuellement. Est-ce que cela a changé votre façon de composer ?
Parks : Oui. On a joué avec un claviériste. Puis, il nous a quitté pour réaliser ses propres projets. Ensuite, nous avons eu un remplaçant pour prendre sa place sur scène. Il a également composé et enregistré le dernier album avec nous. Il est aussi venu jouer avec nous sur la tournée avec Primus. Mais on a fini par se dire qu’il valait mieux que l’on continue notre route seulement tous les trois. C’est vraiment un bon ami et il a compris notre décision. Je crois qu’on ne pourra jamais remplacer notre premier claviériste. La façon dont il jouait avait quelque chose de spécial. Peut-être qu’on retrouvera quelqu’un pour jouer avec nous dans le futur, mais pour le moment, le fait d’être seulement tous les trois nous convient.
Frédéric : Et est-ce qu’il vous manque sur scène ?
Parks : Oui, totalement. Il y a des chansons que nous ne pouvons pas jouer sans lui. Sans lui, il manque une partie de notre atmosphère. Mais pour le moment on arrive tout de même à faire les choses à nous trois.
Frédéric : C’est vrai qu’en regardant certains de vos lives sans claviériste le son est un peu plus agressif sans être totalement metal.
Parks : Oui, sans clavier notre son est plus brut.
Frédéric : Et comment faites-vous pour palier le manque de clavier sur scène ? Vous ajoutez des samples ?
Parks : Non. On fait sans. Chacun y ajoute sa sauce. On traite les parties manquantes comme une autre partie, une nouvelle partie de la chanson pour combler le manque. Pas de sample, pas d’accompagnement.
Frédéric : Il me semblait avoir vu du matériel électronique sur scène, sur le live du Rock in Bourlon. De quoi faire du loop?
Parks : Oui, on utilise de quoi faire du loop, mais juste entre les chansons, pas sur nos morceaux.
Frédéric : Et comment choisissez-vous les chansons que vous jouez en live, en particulier pour cette tournée ?
Parks : Au hasard ! Enfin, non, pas vraiment.
Frédéric : Parce que sur cette tournée le public doit avoir un goût plus prononcé pour le metal que pour votre son plus rock.
Parks : Oui, on essaye de jouer nos morceaux qui font le plus remuer la tête. Mais ce n’est pas vraiment moi qui décide de la setlist. C’est Ben qui choisit. On est passé par plusieurs sets avant d’en trouver un qui fonctionnait plutôt bien. On joue les mêmes morceaux depuis plusieurs soirées maintenant, et ça a l’air pas mal. Mais il est possible qu’on change encore. Mais celui-ci marche bien pour le moment.
Frédéric : Et comment vous vous sentez face à ce public qui vient pratiquement que pour Ghost ?
Parks : Pas pratiquement… Ils ne viennent QUE pour Ghost ! [rires]
Frédéric : Nous c’est faux, ce soir je suis venu plus pour All Them Witches que pour Ghost !
Parks : Ah ah ! Au moins un ! Non, mais au début ça nous a fait bizarre, mais maintenant on s’y est fait. Les gens viennent maquillés, costumés, avec des masques … et pendant un moment, ils sont juste là à nous fixer avec des yeux ronds. Mais au fur et à mesure des concerts, on a vu des gens apprécier notre set et ça fait plaisir. Ça va de mieux en mieux. Ça a été dur au début de la tournée ; particulièrement au Royaume-Uni. Les gens n’étaient vraiment là que pour Ghost. Mais bon, on m’a souvent dit que dans une salle pleine de 60 000 voire 100 000 personnes, même si le public n’est pas là pour vous, on arrive toujours à en toucher certains avec notre musique.
Frédéric : Est-ce que tu seras à votre stand de merchandising ce soir après votre concert pour rencontrer ces nouveaux fans ?
Parks : Je n’y vais pas habituellement. Les autres non plus d’ailleurs. Et puis, sur cette tournée, jusqu’à présent ça a été un peu dur pour nous côté merch. Mais, il m’arrive parfois d’aller faire un tour sur notre stand pour rencontrer des gens quand on joue en tête d’affiche.
Frédéric : Et est-ce que vous avez déjà une autre tournée de prévue, juste pour vous après celle-ci ?
Parks : Oui, on une tournée sur la côte Est des USA, courant de l’année prochaine, après l’enregistrement de l’album. Et ensuite, il me semble que l’on va revenir en Europe. Mais c’est tout pour le moment. On a aussi quelques shows à la maison pour clôturer l’année, toute fin décembre 2019. On a trois concerts d’affilée dans le même club. Et c’est tout. Pis c’est déjà pas mal. Je suis tellement crevé.
Frédéric : Quand vous dites à la maison, c’est Nashville ?
Parks : Oui, Robby, notre batteur, et moi sommes voisins. On habite à environ une heure de Nashville.
Frédéric : Et il vit bien dans une ancienne église ?
Parks : Oui, absolument. C’est cool. C’est juste une énorme pièce.
Frédéric : J’imagine qu’elle doit être pleine de matos musical.
Parks : Oui ! Et il a une masse incroyable de choses chez lui ! Des commodes et des appareils photos, du matos musicales, les planches, bref, plein de trucs. Chez moi c’est tout l’inverse. Je n’ai que des livres et des disques. C’est tout. Quelques ustensiles de cuisine.
Frédéric : Et quel est le dernier disque que tu as acheté ?
Parks : Le dernier disque que j’ai acheté … C’est une très bonne question… En fait, j’ai un compte Instagram pour mes disques. C’est seulement un moyen pour moi de savoir ce que j’ai acheté. Je ne l’utilise pas vraiment comme un réseau social. Attends, je cherche mon compte. C’est quoi mon nom déjà ?! Pffff, je dépense vraiment trop d’argent en disques ! J’ai récemment acheté un album de Michael Hurley. Je l’aime beaucoup. C’est un compositeur américain plutôt étrange. Il écrit des chansons sur des voitures et d’autres trucs bizarres ! Oh ! Et j’ai aussi acheté un album de The Fire Theft. J’écoutais tout le temps ce groupe quand j’étais au lycée. Ils ont une chanson intitulé "Heaven" qu’on écoutait tout le temps en voiture un pote et moi.
Frédéric : Et vous avez un peu le temps de vous balader entre les concerts ?
Parks : Non … Enfin si… On pourrait. Mais pour moi, ce serait contre-productif. Je suis capable de me perdre. De me poser je ne sais où … Je préfère rester tranquillement dans les loges. Et des fois, on a juste le temps de descendre du bus, installer et jouer. Puis des fois les trajets sont super longs et on ne voit qu’une heure de lumière du jour. Du coup, c’est un peu compliqué pour moi d’aller me balader. Je ne dis pas que je ne suis pas intéressé par les différentes cultures, ou la nourriture. On est allé en Europe trois ou quatre fois cette année et en tournée, souvent ce que je veux avant tout c’est prendre une douche et une heure de silence et pas forcément sortir faire du tourisme.
Frédéric : Merci de nous avoir accordé un peu de temps pour cette interview après votre trajet interminable.
Parks : Merci à toi.
Interview et photos : Frédéric Macieri
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