Valcata est un projet un peu particulier qui réunit huit chanteurs et chanteuses venus de plusieurs pays, sous la direction de Oha Cade, chanteur, guitariste et producteur de talent. Ce concept album, au titre éponyme, s’étend sur dix chansons pour nous raconter l’histoire d’une civilisation extraterrestre dont la planète est au bord de l’extinction. Afin de survivre, ils décident d’envoyer des équipes spéciales pour trouver une nouvelle terre, dont la notre. L’album est sorti le 18 octobre 2019 et est disponible ici. Découvrons donc ce nouveau groupe ensemble.
La première chose qui frappe lorsqu’on regarde la description de Valcata, c’est sa filiation avec Ayreon : concept album, multitude de musiciens, univers de space opera, histoire proche de The Source… La grosse différence est que Valcata va globalement lorgner du côté du metal symphonique et lyrique avec voix allant du baryton au mezzo soprano. Disons-le clairement : la voix est l’élément principal de cet album et va dominer clairement le mix au détriment parfois des guitares et des claviers plus en retrait. Autre grand gagnant du mix : le violon qui apporte un côté très folk dès le premier morceau "Stars", sorte d’introduction typique d’un concept album prog qui va annoncer certains thèmes musicaux par la suite.
C’est dans ce domaine que Valcata va devenir intéressant : le côté prog. Non content de conter un voyage interstellaire, Oha Cade nous offre une découverte musicale variée. On peut avoir un morceau avec un style proche de Nightwish, nous ramenant au temps d’Oceanborn, quelques secondes après avoir assisté à un déluge de blast beats, comme sur "Life and a Million". Cette batterie apportera aussi de la diversité notamment en proposant des parties très indus comme dans "321", coup de cœur instantané, ou alors en offrant des rythmes évoquant le speed metal comme dans "Escalade". Les morceaux, d’une durée moyenne, sont assez variés pour ne pas évier l’ennui et s’éloignent très souvent du schéma classique couplet/refrain/couplet/refrain…Pas facile donc de s’y retrouver lors de la première écoute surtout lorsqu’on arrive à la fin de l’album et que surgit "The Termination" : véritable mastodon de onze minutes où tous les personnages interviennent et qui nous cueille à un moment où notre cerveau est déjà en pleine ébulition.
Ce qui fait que la première écoute laisse un sentiment mitigé : trop d’informations à intégrer, trop de chanteurs, trop de styles, le tout servi par une auto-production un peu limite (qu’on pardonnera, scène émergente oblige) qui a tendance à mettre en avant la batterie et le chant, au détriment du reste des instruments. Il va falloir réellement revenir plusieurs fois sur cet album pour en saisir toutes les subtilités et commencer à en apprécier réellement la saveur. Car Valcata est dense, très dense et se dévoile au fur et à mesure. L’auditeur sera surpris de découvrir un petit riff caché par ci par là, un thème développé auparavant, des paroles déjà prononcées et commencera à prendre un réel plaisir en écoutant cet album.
Au niveau narration, les textes sont relativement simples et donc permettent une bonne compréhension de l’histoire mais parfois peuvent tomber dans le côté kitsch et terre à terre. Cela est également accentué par des lignes de chant parfois un peu simples ou trop clichées et un manque de cohérence global. On sent que le projet a été fait à distance avec trop d’intervenants et il manque clairement cette cohésion au sein de l’album.
Néanmoins, Oha Cade nous offre un album intéressant à écouter et à découvrir. Ce n’est certes pas une œuvre qui fait preuve d’originalité mais pour un premier essai, en auto-production, on peut dire que le pari est réussi. Espérons que le projet revienne avec plus de moyens, un producteur extérieur et un vrai groupe soudé.
