2020 semble être une année de changement pour Slave One. Nouveau logo, nouveau line-up, nouvel album, le combo mené par les frères Salin (Nicolas, guitare et Sébastien, batterie) semble déterminé à évoluer. Omega Disciples, le deuxième opus du groupe, s'apprête à sortir chez Dolorem Records et si l'on reconnaît la patte Slave One, il comporte également son lot de nouveautés.
Rappelez-vous de An Abstract and Metaphysical Approach to Deceit, le précédent EP du combo montargois. Ce dernier présentait en guise de bonus track une reprise de Dimmu Borgir. Deux ans plus tard, Slave One n'a pas modifié son style pour jouer du black metal symphonique, mais régulièrement, de petites touches black bienvenues émanent des compositions de ce nouvel album ("Debris" à 1:26) et apportent une dimension malsaine à la musique du groupe ("Ce que dit la bouche de l'Ombre", le refrain de "Suffocating the Stars").
De même, l'accent est moins mis sur la technique et plus sur les ambiances, rappelant parfois la vague death jouant sur la dissonance avec des groupes tels que Gorguts, Ulcerate ou Karmacipher (l'instrumental "Ce que Dit la Bouche de l'Ombre", par ailleurs inspiré d'un poème de Victor Hugo, le refrain de "Lightness Perspective").
Les influences originelles de Slave One (à savoir Cynic, Obscura ou encore Pestilence) lorgnant vers le death progressif sont distillées avec parcimonie dans tout l'album (l'introduction de"Dissident Flesh" et sa basse ronflante, ou encore les plans en tapping de "Carbon Mantra"). Ainsi, en se démarquant peu à peu de ces influences, Slave One trouve sa propre identité musicale. Ces passages techniques apportent toutefois un peu de légèreté et de dynamisme aux titres, évitant ainsi à l'auditeur de se retrouver face à une oeuvre monolithique difficile à digérer. Les soli mélodiques ("Shapers of the Inconsistent Horizon" et "Dissident Flesh") mettent également en avant le talent d'écriture des frères Salin. Malgré ces nombreux passages mélodiques, Slave One n'oublie pas les amateurs d'une musique plus brutale, notamment à travers "Lightness Perspective", le direct "Les disciples de l'Omega" ou les couplets blastés de "Suffocating the Stars".
Pour son dernier album avec Slave One, (il a depuis quitté la formation) Nicolas Petre réalise un très beau travail au chant, variant régulièrement son growl ("Shapers of the Inconsistent Horizon") ou proposant des spoken words sur "Debris", lorsqu'il n'est pas accompagné par deux vocalistes renommés dans la scène death underground française. En effet, Laurent Chambe (ex-Nephren-Ka) et Warchangel (Ritualization) interviennent respectivement sur "Suffocating the Star" et "Dissident Flesh" pour un résultat convaincant. Sur le premier, les timbres des deux chanteurs se complètent et apportent beaucoup de profondeur à ce titre qui est l'un des plus agressifs de l'album.
Profitons en également pour saluer le travail réalisé sur l'artwork, notamment ces écorchés et leur esthétique léchée. Tous ces détails font de ce Omega Disciples une oeuvre particulièrement aboutie, et la plus solide de Slave One. Alors qu'il est parfois difficile de passer le cap du second album, le groupe prouve son aisance et sa volonté d'évoluer avec des compositions plus diversifiées que sur Disclosed Dioptric Principles, sans pour autant renier son univers. Une belle façon de démarrer l'année !
Tracklist :
Lightness Perspectives
Debris
Dissident Flesh
Carbon Mantra
Shapers of the Inconsistent Horizon
Ce que dit la Bouche de l'Ombre
Les Disciples de l'Omega
Suffocating the Stars
Disponible le 24 janvier 2020 chez Dolorem Records
Photographies : © Droit Réservé Slave One